Название | Études sur l'histoire de l'art |
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Автор произведения | Eugene Guillaume |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066328429 |
Quant au Panthéon, ce ne sera pas la première fois que des faits de la nature de ceux que l’on y a constatés se seront produits à Rome. L’histoire s’y fait et s’y défait sous nos yeux. Il y a des imitations de la vérité, imitations logiques et sincères qui nous captivent. Mais quand la réalité qui leur manque apparaît, elles s’évanouissent en un instant. Parmi les découvertes de la seconde moitié de notre siècle, aucune ne nous a plus frappé que celles du Forum. Jusqu’au moment où il a été mis à nu, on en jugeait par quelques colonnes qui surgissaient du sol, par quelques traces de la Voie Sacrée, par des arcs de triomphe, témoignages imposants, mais sans lien. Sur cela, l’imagination se donnait carrière. Les conjectures se multipliaient, on faisait des restaurations idéales, on échangeait des polémiques. Puis, les fouilles sont venues et on a vu un ensemble du Forum qu’on n’avait pas soupçonné. C’était bien ainsi qu’il avait été à une époque donnée et cela n’était pas sans grandeur. Mais je crois qu’à partir de ces vastes déblais il s’est fait plus de silence autour de lui. On regarde cette paléontologie étalée sous les yeux, plus froidement qu’on ne faisait la ruine incertaine. On ne s’y aventure plus sans un guide et il se passera longtemps avant qu’on y vienne rêver.
Mais c’est affaire de sentiment et non pas de raison; car quel plus grand bonheur pour nous que de savoir et de comprendre! Si quelques vérités ne s’acceptent pas sans un instant de mélancolie, cependant nous ne sommes pas plus ingrats envers ceux qui les ont trouvées que nous ne nous montrons injustes pour les savants travailleurs qui s’en sont écartés. Et pour revenir à mon sujet et pour conclure, je m’arrête à un passage de l’ouvrage de M. Frédéric Adler dont j’ai déjà parlé, passage qui contient une excellente théorie et qui restera prophétique. L’éminent architecte a été empêché de visiter le Panthéon autant qu’il l’eût désiré. Il s’en plaint et il dit: «Aucun édifice ne peut résister à l’analyse méthodique de son organisme. Chaque monument raconte lui-même son histoire au savant praticien qui est compétent et qui cherche et fouille. C’est souvent un chagrin pour le monument; mais c’est une joie pour l’artiste.»
C’est bien là ce qui est arrivé au Panthéon. Je ne sais si le monument et ses admirateurs en seront attristés; mais en attendant d’avoir dit son dernier mot, M. Chedanne a lieu d’être satisfait.
Il y a bien plus encore. Ces découvertes, qui occupent le monde savant, rendent un bon témoignage des études des pensionnaires de l’Académie de France. Elles font à l’institution un honneur qui rejaillit sur notre pays. M. le ministre des beaux-arts l’a reconnu: il vient de donner à M. Chedanne une misison qui lui permettra d’achever sa restauration à Rome.
P. S. — Les résultats signalés dans la notice qu’on vient de lire ont été pleinement confirmés par le jugement des artistes et des savants. M. Chedanne y a beaucoup ajouté dans le détail par les beaux dessins au moyen desquels il a rendu compte de ses recherches. Ces dessins, qui ont figuré au Salon de Paris et qui ont fait le plus grand honneur au jeune architecte, seront revus à la prochaine Exposition universelle. Il serait désirable qu’à cette occasion l’auteur nous présentât une partie de ses découvertes qui ne le cèdent en rien à celles que je viens de faire connaître. Par une observation attentive du vestibule du Panthéon, M. Chedanne est arrivé à déterminer les dispositions de l’édifice primitif. La hauteur du fronton pour sa longueur et les entre-colonnements appartiennent à une autre ordonnance que celle que semblent indiquer les huit colonnes du frontispice. C’est d’une ordonnance decastyle, c.-à.-d. de dix colonnes, qu’il s’agirait. Des substructions trouvées à droite et à gauche de la façade et dans son alignement eussent porté une première et une dixième colonne. Dans ces conditions, les rampants du fronton étant redressés de manière à aboutir à ce point de départ et à ce point d’arrivée, le fronton lui-même se présenterait dans des rapports canoniques avec l’ensemble. Une dernière démonstration de cette vérité est fournie par les modillons sur lesquels la corniche du fronton repose. Dans l’état actuel ils sont inclinés et lorsque la corniche est relevée à la demande de l’ordonnance, ils deviennent verticaux, ce qui est conforme à la règle de Vitruve. Que faudrait-il en conclure? C’est que, sous le règne de Septime-Sévère, le vestibule de l’ancien Panthéon a été réduit aux dimensions dans lesquelles nous le voyons aujourd’hui, cela par un travail hâtif qui n’a laissé subsister de l’ancien édifice que des restes appliqués à la rotonde. Cela expliquerait et les anomalies dont nous avons parlé et l’inscription par laquelle Septime-Sévère et son fils disent avoir rétabli dans son premier état l’ancien Panthéon. Ils l’ont en effet repris en le mutilant, mais il en reste assez pour permettre de comprendre les dispositions premières, et c’est un travail que M. Chedanne fera quelque jour et qui sera encore tout à son honneur.
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