Название | Études sur l'histoire de l'art |
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Автор произведения | Eugene Guillaume |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066328429 |
En résumé, la bibliographie du Panthéon, livres et documents figurés, peut se partager en quelques catégories. On y rencontre d’abord les études qui intéressent la théorie de l’architecture, études où l’on s’est efforcé de consigner, au moyen de mensurations plus ou moins fidèles, les proportions de l’édifice. Mais en même temps on voit paraître chez différents auteurs une autre tendance. Le travail auquel ils se livraient ne pouvait manquer d’éveiller en eux le sens critique. Plus leur examen était approfondi, et plus ils devaient être frappés des anomalies et des désaccords qui existent dans la structure du monument. Rien que l’association d’un portique à plates-bandes avec un édifice rond soulevait une question et voulait une date. Mais à côté du fait général, il y avait des faits de détail dont il fallait chercher l’explication. Ainsi, après avoir observé que le vestibule est détaché du reste et que son entablement meurt entre les deux corniches du tambour sans lien avec elles, on se demanda si le portique et la rotonde étaient contemporains et s’ils avaient été conçus d’un seul jet. On en vint à s’étonner qu’il y eût deux frontons, l’un surmontant un avant-corps de briques appliqué à la rotonde et presque entièrement masqué, et l’autre appartenant au portique de marbre, et que ce second, par son toit, vînt couper le premier à sa base sur une notable longueur. C’étaient autant de disparates qui provoquaient les contradictions et appelaient les commentaires. A ces problèmes que l’on hésitait à résoudre par respect pour l’antiquité, mais qu’on ne pouvait cependant supprimer, s’en ajoutaient d’autres qui réclamaient les lumières des archéologues. Comment reconstituer le Panthéon tel que le texte de Pline nous le fait concevoir? Nul doute sur le portique où on lit encore le nom d’Agrippa. Mais qu’étaient les sculptures du fronton? où étaient les chapiteaux en bronze de Syracuse? à quel endroit et comment étaient placées les cariatides de Diogène? Autant de questions qui, posées depuis longtemps, ne sont pas encore résolues; et l’on verra pourquoi.
Mais un point sur lequel on n’a raisonné que plus tard, c’est sur la construction du Panthéon et particulièrement sur les conditions de stabilité de la coupole. Et c’est cependant un sujet important. En effet, cette voûte est immense, et elle est encore la plus vaste qui existe. Elle n’a pas moins de 43m, 42 d’ouverture à sa base, sur 43m 12 de hauteur. Comment une pareille masse de matériaux est-elle tenue en équilibre depuis tant de siècles? Il y avait là une question de construction qui méritait d’être approfondie, mais qui restait indécise.
Au Panthéon, on se trouve donc en présence d’un triple ordre de difficultés. L’édifice est-il le fait d’une conception unique ou est-il le résultat d’une juxtaposition, impliquant une date différente pour chacune des parties qui le composent? Quel était l’édifice primitif, et comment le reconstituer en complétant ce qui existe au moyen des textes? Enfin, par quels artifices si excellents la rotonde et la coupole ont-elles été bâties, qu’elles sont restées debout jusqu’ici?
Sur les premières questions on n’a pu se mettre d’accord. Beaucoup d’artistes et d’antiquaires, parmi lesquels Palladio, Charles Fontana, Piranesi, Hirt, Fea, Nibby et Canina ont discuté sur l’adjonction possible du portique à la rotonde. Tandis que, parmi eux, les uns pensaient que la rotonde était plus ancienne que le vestibule, et que quelques-uns restaient dans le doute, d’autres concluaient à l’unité du monument et l’attribuaient à Agrippa. Toutes les raisons que l’on peut apporter. à l’appui de cette conclusion ont été présentées par Fea dans un livre publié d’abord en 1807, puis en 1820 sous ce titre décisif: L’integrità del Panteon rivendicata a Marco Agrippa.
Non moins nombreux sont ceux qui ont pris à cœur de restaurer le Panthéon conformément au témoignage de Pline. On avait bien pu concilier les textes, mais il était plus difficile de mettre les textes d’accord avec les faits. Si je ne craignais d’abuser, je citerais les architectes qui, comme Serlio, se sont joints aux savants pour s’occuper des chapiteaux de bronze; et ceux aussi qui ont travaillé sur les cariatides. Il suffira de dire sommairement quelles sont, sur l’un et l’autre sujet, les solutions qui ont été proposées. On ne sait pas bien ce qu’était le bronze syracusain, quelles étaient sa couleur et ses ressources; mais on a supposé que les chapiteaux de ce métal appartenaient aux tabernacles, et qu’après les incendies ils avaient été remplacés par des chapiteaux de marbre. Quant aux cariatides, il y en a, parmi nos auteurs, qui pensent qu’elles ont été enlevées par Boniface IV, mais alors on ne voit pas d’où elles auraient été extraites. Quelques autres s’en sont servis pour remplacer les colonnes des tabernacles, mettant ainsi la statue de l’autel entre deux figures de même grandeur, ce qui serait une faute. Certains d’entre eux les établissaient sous le vestibule soit sur les colonnes de la nef du milieu, soit dans les entre-colonnements. Enfin il en est qui les ont rangées sur l’attique, leur faisant ainsi porter l’entablement supérieur d’où part la coupole. Ce fut l’opinion de Winckelmann et c’est celle de M. Frédéric Adler. Suivant ce savant architecte, au-dessus des pieds-droits et des enfoncements formant chapelles, et, interrompu seulement par la niche du maître-autel et par la porte, aurait régné un entablement sans ressauts. Les cariatides y eussent été placées à l’aplomb des colonnes; et cette opinion est celle qui a généralement prévalu.
La construction était ce dont on s’était le moins occupé, soit qu’on crût la mieux connaître que le reste, soit qu’elle intéressât moins, ici, que l’esthétique et l’histoire. J’ai dit que l’édifice repose sur huit piliers; et l’on pensait que, conformément à ce que l’on observe dans plusieurs monuments romains, ces massifs de soutien étaient formés sur leurs deux faces de larges murs de brique, et que l’intervalle qui séparait ceux-ci était rempli d’un blocage de petits matériaux. On connaissait bien les arcs qui vont d’un pied-droit à l’autre; ces arcs ont toute l’épaisseur du tambour et se voient au dehors. Quant à la coupole, on imaginait qu’elle était soutenue par une suite de nervures allant de sa base à son sommet, et se reliant à différentes hauteurs par des couronnes de maçonnerie concentriques. Mais aussi on avait en grande considération le dessin de Piranesi qui figure, dans la voûte, des arcs curvilignes placés à une certaine hauteur, mais cependant sans points d’appui. Il y avait encore d’autres solutions qui, bien qu’elles fussent hypothétiques, ont été souvent répétées. D’ailleurs, on croyait la voûte construite en matériaux légers, par conséquent, moins forte qu’elle n’est et incapable de porter des ornements de métal. On savait bien qu’entre la voûte intérieure et sa paroi extérieure il existait un vide, et que des arcs-boutants maintenaient l’écartement des deux enveloppes; mais on ne savait point par quel artifice de construction la voûte intérieure se déchargeait sur ces contreforts.
Pour tout ce qui touche à la partie archéologique du sujet, personne ne connaît mieux et n’a plus parfaitement exposé l’état présent de la science que M. le commandeur Lanciani, le nouveau correspondant de l’Institut. En possession d’une érudition immense et plus versé que personne dans la connaissance des antiquités romaines, il a consigné dans des mémoires publiés soit dans les Notizie degli scavi di antichita, soit dans le Bollettino della Commissione areheologica comunale di Roma, le résultat de ses études sur le Panthéon. Ces travaux sont des modèles de méthode et de clarté. Pour lui, il n’hésite pas à penser que le portique et la rotonde, tels qu’ils existent aujourd’hui, ne sont pas entrés ensemble dans la conception du premier édifice, et cela par des raisons tirées des discordances architectoniques dont il a été parlé et qu’il fait ressortir avec évidence. Il y a là, selon lui, un problème à résoudre; et historiquement, il y a même un mystère qui vient de ce que les briques trouvées autour du monument et jusque dans l’avant-corps, qui est entre la rotonde et le portique, sont du temps d’Adrien. Une invitation à faire des recherches nouvelles, telle est, en somme, la conclusion de l’éminent archéologue.
Même invitation, même appel en ce qui concerne la construction. Quels moyens avaient été particulièrement employés pour élever la coupole? Un ingénieur qui est en même temps un esthéticien des plus délicats, M. Choisy, avait reconnu l’importance des questions qui se posaient