Perdus Pour Toujours. Nuno Morais

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Название Perdus Pour Toujours
Автор произведения Nuno Morais
Жанр Героическая фантастика
Серия
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9788835424628



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escargot ; même si c’est férié, cela n’a pas d’influence sur la fluidité du trafic. Je passe au secrétariat demander la paperasse et cours en direction de la salle où, bien sûr, je ne trouve une place qu’à l’autre bout de la salle, au dernier rang. L’homme est lancé, détaillant son discours avec des graphiques et des tableaux de comparaison de pourcentages – dans une conférence sur la législation ? Ce n’est pas habituel d’avoir autant de couleurs. Même si cela dure plus d’une heure, l’homme arrive à ne pas la rendre ennuyante.

      À onze heures ils font une pause-café et directement à la sortie je tombe sur Neil, comme d’habitude, il est très bien habillé dans un costume de Saville Row. Il est apparemment moins surpris de me voir que ce l’on pourrait imaginer. « Kalle ! Vad gör du här ? J’étais sûr que j’allais voir Gomez. » Commence-t-il en suédois avec un accent abominable mais très drôle, et change vite pour l’anglais, la seule langue qu’il sait réellement parler. Comme d’habitude, sa bonne humeur illumine son visage.

      « Oui, il était censé venir, mais il a eu un imprévu. » Il se met à rire. « Un imprévu ? Humm, j’aimerais bien voir ça. Une fête chez une célébrité quelconque, n’est-ce pas ? » Rien ne lui échappe. « Eh bien… Et toi, comment vas-tu ? Janet et les enfants ? » Il hoche la tête, « Tout va bien, tout va bien. Dis-moi, comment as-tu fait pour venir ? Où est Becca ?

      Je lui raconte que je l’ai emmenée avec moi et qu’elle est à l’hôtel avec une baby-sitter suédoise, ce qu’il trouve également très drôle. Neil a quinze ans de plus que moi et était ami avec mes parents, il était d’ailleurs plus proche de ma mère étant donné qu’ils se sont connus grâce à mon oncle Kjell, dans un camp de vacances. Quand ils étaient petits, Neil avait l’habitude d’aller passer ses vacances chez mes grands-parents près d’Uppsala. Puis a fini lui aussi par faire des études de droit et a travaillé dans le cabinet pendant quelques temps, avec Meirelles et Gomez en Droit Fiscal. Maintenant, nous sommes en collaborations avec son bureau à Londres. Il a été d’une grande aide à l’époque de l’accident, lui et Janet, qui est médecin, sont venus à la maison pour m’aider à remettre les choses en ordre et prendre de soin de Becca dans les premiers temps. Je leur en suis très reconnaissant.

      Nous discutons pendant quelques minutes tous les deux, lorsque nous rejoignent ensuite Georges Bachelet et Javier Roccaforte, je connais le premier d’une université d’été à Bruges, et le deuxième de chez mes grands-parents. Aucun des deux ne s’attendait à me voir, et moi non plus d’ailleurs. Comme cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, nous nous racontons les nouvelles et faisons des plans pour le déjeuner. Tout à coup il me semble voir quelqu’un que je connais passer entre deux groupes et disparaître derrière un troisième. Je fais le signe de pause, comme au basket, et je vais à la poursuite de cette personne, qui a déjà disparu à travers la foule de participants.

      Je la revois à nouveau à l’entrée de la salle et me dirige directement vers elle. « Allora, questo C. Antonelli sei tu ? » Lui dis-je à l’oreille. Elle se retourne lentement, puis me crie presque en s’accrochant à mon cou : « Kallimero ! Che bello vederti. Que fais-tu ici ? » Au début je reste muet, car, de près, elle est encore plus belle que la dernière fois que je l’ai vu. Je me reprends suffisamment vite pour lui répondre sans perdre mon sang froid. « Je suis venu te voir Cinzia, quoi de plus ? » En vérité je ne suis pas sûr que ce soit elle, la C. Antonelli du programme mais je ne perds rien à bluffer. Entre-temps notre conversation commence à attirer l’attention et elle me tire à l’intérieur de la salle.

      « Si tu veux savoir, je suis un peu nerveuse. Je n’ai jamais parlé devant autant de personnes et encore moins en anglais. Je sais que je vais réussir, mais, tu sais, c’est bien le stress d’avant une représentation. »

      Cinzia est originaire de Bologne, là où habite mon arrière-grand-père, fille d’un grand ami de ce dernier qui est Commercialiste – un hybride entre gestionnaire et avocat spécialisé en Droit Commercial et des Entreprises – et travaille avec son père. Nous avons plus ou moins le même âge, et nous connaissons de l’époque où, avec Mia, nous passions beaucoup de temps chez mon arrière-grand-père Nebuloni, autour de mes quinze ou seize ans. Elle et ma sœur, qui a toujours paru plus grande que son âge, passaient leur vie en cours de danse et de gym, elles arrivaient même à participer à des spectacles et des compétitions. Mia a ensuite changé pour l’Aïkido mais Cinzia a continué et de ce que je sais elle participe toujours à des compétitions.

      Durant les années d’université, nous ne nous sommes pas beaucoup vus, mais avons tout de même continué à nous écrire. Je ne l’ai pas vu depuis plus de deux ans – les dernières fois que je suis allé à Bologne elle n’y était pas – mais, mis à part le fait d’être plus belle, elle n’a pas l’air d’avoir changé. Les mêmes cheveux longs et lisses qui lui arrivent presque au milieu du dos, d’un châtain si foncé qu’ils paraissent presque acajou, attachés en queue de cheval haute ; les mêmes yeux d’un marron chaud, les mêmes longs cils, les mêmes lunettes… Ah non les lunettes semblent différentes. Elle toujours le même sourire, avec sa bouche charnue et ses dents, très blanches sous son petit nez. Et le même visage ovale presque parfait qui fait penser à une poupée en porcelaine avec des lunettes.

      « Je suis sûr que tu vas être super. Comment est-ce que tu es arrivée ici ? Et comment cela se fait-il que tu présentes une conférence sur le thème de – je lis le programme – ‘comment les centres d’exonération fiscale peuvent-ils continuer à être au cœur du développement des régions dans le besoin malgré les restriction récemment imposées’ ? » Elle me regarde du haut de son mètre soixante et je ne peux m’arrêter de regarder la vue quand je tombe sur le décolleté de sa chemise. Je me bats contre l’attraction hypnotique qui s’emparent de mes yeux et essaye à tout prix de rester concentrer sur son visage, mais sans grand succès. Je ne sais donc même pas si elle ce c’est aperçu de mes efforts. Au vu de la conversation je ne peux pas savoir.

      « Le studio fait partie de l’association qui organise ce séminaire, le thème était libre et j’ai eu envie de venir le présenter. Le sujet m’intéresse et puis c’est toujours un bon moyen de gagner des clients, même si c’est de manière indirecte par les autres professionnels qui viennent ici. » Je ne l’avais jamais entendu parler du travail, on dirait une autre personne. « Allez, je dois aller me préparer, mais on peut se voir au déjeuner ? »

      Je lui dis que oui, peut-être sur un ton un tout petit peu plus anxieux que je n’aurais voulu le manifester, sous le coup de la température de mon corps qui est montée tout d’un coup quelques minutes auparavant. Toutefois je me souviens rapidement que j’ai déjà prévu de déjeuner avec les autres et me vois alors forcé de lui dire non, à moins qu’elle ne veuille venir avec nous.

      Elle me dit que non, que c’est mieux que les garçons s’amusent sans elle au milieu pour les gêner, et que de toute façon elle se rappelle qu’elle a déjà un rendez-vous de prévu pour le déjeuner avec un client à elle qui se trouve à Madère et l’un de ses collègues.

      Je lui propose alors de dîner ensemble, mais elle me dit qu’aujourd’hui elle ne peut pas car elle a un dîner avec l’organisation du séminaire. Nous convenons alors de demain, pour le déjeuner, afin de rattraper le temps perdu. Elle me fait un bisou sur la joue et me murmure « Ciao bello » d’une voix grave à mon oreille. Je reste à la regarder avancer vers l’escalier qui mène à la scène, encore embrumé des vapeurs de son parfum de toujours. Cette fille sait marcher, il est important de le dire. Elle ne fait peut-être qu’un mètre soixante mais on dirait que ses jambes sont interminables, il est vrai que sa jupe courte aide un petit peu. Depuis la scène, elle me fait encore une fois un signe de la tête que je lui renvoie sans encore bien comprendre ce que je viens de ressentir. Je relâche les épaules et retourne avec « les garçons ».

      « Et alors, est-ce que ce sont des manières ? Nous laisser en plan pour aller parler à une femme ? » Me lance Georges d’un air fâché. « Et en plus, ce n’est pas n’importe quelle femme. C’est la plus jolie qui a été donné de voir à ce groupe de pauvres malheureux