Perdus Pour Toujours. Nuno Morais

Читать онлайн.
Название Perdus Pour Toujours
Автор произведения Nuno Morais
Жанр Героическая фантастика
Серия
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9788835424628



Скачать книгу

ce qui provoque un bruit assourdissant et entraîne une bruyante salve d’applaudissements de la part des passagers habituels.

      En un peu moins de vingt minutes, nous récupérons les valises et nous retrouvons au début d’une énorme file de taxis jaune canari aux liserés bleus, au milieu d’une journée ensoleillée, avec un ciel bleu et une température assez agréable. Nous montons ainsi dans le premier taxi, une combi Renault Laguna, où le chauffeur commence immédiatement à nous parler en allemand, en disant que personne ne connait aussi bien l’île que lui et que prévoir une excursion dans son taxi est mieux que de prendre un autobus. Je l’interromps pour lui dire où nous voulons aller, évidement je lui parle en portugais, ce qui le laisse stupéfait.

      « Veuillez m’excuser, je ne pensais pas que vous étiez portugais. Vous ne ressemblez pas à un portugais. » Me dit-il avec un accent de Madère très prononcé. Ce n’est pas grave, lui dis-je sans le corriger. Cependant, je n’ai jamais pensé ressembler à un allemand non plus. « Alors, vous venez passer des vacances ? Vous allez jouer au golf ? Vous allez avoir beau temps. Si vous avez besoin de vous déplacer quelque part, téléphonez-moi, je m’appelle Marco, voici mon numéro de portable. »

      L’homme insiste, mais il est vrai qu’au vu de la file d’attente à l’aéroport, plus tu gardes des clients, plus tu gagnes de l’argent. Je garde sa carte et promets de lui téléphoner si je souhaite faire une excursion, mais que je n’aurai probablement pas le temps. « Ah, vous êtes ici pour le travail, pour le séminaire, c’est bien ça ? Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont arrivées, et je n’ai fait que ça, quatre transferts, deux au casino et deux au Reid’s. » Il continue à parler du grand nombre de participants au séminaire, mais comme je ne semble pas intéressé, et je ne le suis vraiment pas, il finit par se taire et me laisse apprécier le paysage. Becca est assise à côté de moi, toute silencieuse, avec la ceinture de sécurité bouclée et le regard perdu sur un point quelconque à droite de la voiture. « Qu’est-ce que tu regardes Becca ? » Je lui parle doucement en portugais, peut-être que ce malheureux parle suédois et va vouloir commencer une nouvelle conversation. « Rien, je regarde juste les maisons et les les a’b’es. Tu penses qu’elles pou’aient tomber en bas de la montagne ? » Je lui réponds que non, qu’elles sont en sécurité, mais je comprends sa crainte, il y a des maisons qui semblent véritablement pendues au versant.

      En vingt minutes nous arrivons à l’hôtel. Je paye l’homme, lui demande un reçu et lui laisse la monnaie. « Ne m’oubliez pas », me dit-il à nouveau en faisant un signe de la main au concierge de l’hôtel. Nous passons la porte tournante, deux fois, car Becca trouve cela très drôle et nous dirigeons à droite vers la réception. « Guten tag, hërtzlich wilkommen zum Pearl Bay Resort Hotel ! » nous adresse alors une jeune fille très sympathique derrière son comptoir en marbre. Je me suis réveillé avec une tête d’allemand ce matin ou quoi ? « Bonjour, j’ai une réservation au nom de Carl Nebuloni. » Elle rougit alors jusqu’aux oreilles. « Je vous demande pardon, monsieur Nebuloni, je ne savais que vous étiez portugais. Vous me paraissiez allemand. »

      L’un n’exclut pas obligatoirement l’autre, j’allais d’abord le lui dire, puis change d’idée et lui rétorque : « Je sais, on me l’a déjà dit aujourd’hui. » Je change de sujet. « Va-t-il faire beau temps aujourd’hui ? » Soulagée de ne pas m’avoir vexée avec son erreur, la jeune fille, dont l’étiquette sur la chemise indique qu’elle s’appelle Micaela, sourit et me dit qu’il va faire très beau, confirmant ainsi le rapport du chauffeur de taxi. Elle nous donne les cartes magnétiques qui servent de clé, nous souhaite un bon séjour et nous dirige vers le groom afin qu’il nous emmène à notre chambre qui se trouve au sixième étage.

      Nous le suivons à droite de la réception, en passant à côté de deux passerelles, une basse et l’autre haute puis rentrons dans l’ascenseur pour nous rendre au dernier étage. Le groom nous mène ensuite tout au fond du couloir de droite et nous ouvre la porte de la chambre de gauche, tout cela sans dire un mot. Il pose la valise sur une petite table et nous souhaite un bon séjour, je lui donne un peu de monnaie et il sort en murmurant merci puis disparaît.

      La chambre est décorée dans des tons pastel de rose et de vert, du sol au plafond, et possède un mobilier en bois clair qui rehausse la luminosité rentrant par la fenêtre. J’ouvre les portes du balcon avec vue sur la baie de Funchal, comme je l’avais demandé et vais dehors alors que Becca a déjà enlevé ses chaussures, ses chaussettes et son pantalon et est en train de sauter sur le lit. Devant moi, à gauche, se trouve le rocher du Reid’s, l’hôtel le plus célèbre de Madère, avec une longue liste de célébrités y ayant résidées depuis son ouverture, il y a plus de cent ans. Au fond, encore à gauche, je peux admirer la baie de Funchal ainsi qu’une partie de la marina et en continuant au loin, le reste de l’île, jusqu’où elle se courbe vers l’intérieur.

      À ma droite, il n’y a que la mer. Telle que je m’en souvenais lorsque j’étais venu ici avec mes parents il y a quelques années. Je m’assieds sur l’un des fauteuils en osier, pose mes pieds sur la balustrade et reste à écouter la mer tandis que Becca s’amuse à lancer les coussins d’un lit à l’autre.

      Je reste ainsi pendant une demi-heure et appelle ensuite Gabriela pour lui dire qu’elle peut m’appeler sur mon numéro personnel si elle a besoin de quelque chose.

      « Ne t’inquiète pas Chef, tu vas voir, je n’aurai pas besoin de toi. Tout est sous contrôle. Profite bien du séminaire pour te reposer et ces choses-là sont parfois plus utiles que l’on y pense. » Comme d’habitude, elle voit juste, ce qui me fait penser à Gomez, tant qu’il aime bien se reposer, que peut-il bien faire pour ne pas vouloir venir ici. Curieux, je demande à Gabriela.

      « Tu as vu PIG aujourd’hui ? » La réponse me laisse abasourdi.

      « Non, à ce qu’il parait, il a pris un vol pour Bâle ce matin. Susana m’a dit qu’il a une réunion avec un client, tu ne le savais pas ? » Je lui réponds que non, mais que cela ne me surprend pas, après tout, il n’y a que Gomez qui connaît ses clients, même que, au final, ce soient quand même des clients du cabinet. Je lui dis au revoir et retourne dans la chambre où Becca a presque entièrement défait les deux lits à force de sauter. J’admire son énergie, mais fais semblant de ne pas être content.

      « Becca, regarde ce que tu as fait, et maintenant, où va-t-on dormir ? » Elle arrête immédiatement de sauter et me regarde d’un air triste. « Tu dois m’aider à remettre les lits en ordre pour que nous puissions dormir, sinon demain nous allons nous réveiller très fatigués, tu comprends ? » Elle me fait un signe de la tête pour me dire oui. Une fois que cela est dit, elle saute par terre et durant les dix minutes suivantes, m’aide à étendre les draps et à remettre correctement les couvertures sur les lits, jusqu’à qu’ils ressemblent plus ou moins à ce qu’ils étaient quand nous sommes arrivés.

      Avec tout ça, il est déjà quatre heures, l’heure du gouter. Je remets ses vêtements à Becca, et nous partons à la recherche d’un endroit pour manger.

      En passant à la réception, je demande à Micaela si l’hôtel possède un service de baby-sitter et elle me dit que oui. J’en réserve une à partir de demain et jusqu’à vendredi, afin de s’occuper de Becca lorsque je serai au séminaire. Nous sortons par la droite de l’hôtel, grimpons la pente raide jusqu’à la route et continuons à gauche par la promenade, le long de la route dite Monumentale.

      Nous passons devant un restaurant qui devait, auparavant, être la maison de quelqu’un, une autre vieille maison aujourd’hui adaptée en un pub irlandais, un énorme hôtel, encore un restaurant, une agence immobilière, tout cela jusqu’à un croisement de plusieurs rues où à droite il semble y avoir un amas de magasins parmi lesquelles une cafétéria. Nous nous rendons devant mais cela ne me paraît pas être le lieu adéquat, je regarde autour de moi et ne vois rien d’autre qui le soit. Nous retournons donc à l’hôtel pour aller au bar de la piscine, où j’ai vu qu’ils servaient des choses que Becca apprécie.

      Quand nous repassons devant la réception Micaela m’appelle pour