Perdus Pour Toujours. Nuno Morais

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Название Perdus Pour Toujours
Автор произведения Nuno Morais
Жанр Героическая фантастика
Серия
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9788835424628



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professionnel dans ma sacoche, mais je me dis qu’il est mieux de prendre mon téléphone personnel et de laisser celui du bureau à la maison.

      Il reste encore une heure avant l’arrivée du taxi, nous avons donc le temps de nous asseoir et de lire un livre de contes de fées. Parmi les nombreuses questions, la plupart n’ayant aucun rapport avec l’histoire, j’arrive presque à lire Cendrillon en entier avant que l’on ne frappe à la porte.

      La course en direction de l’aéroport est, comme je m’y attendais, une longue marche au milieu des flux de circulation de l’heure du déjeuner. Un accident entre trois voitures à côté de la station-service Repsol, avec des ambulances et une voiture de police également arrêtées au milieu de la Segunda Circular, n’aide en rien à ce que nous allions plus vite.

      Au bout de quarante minutes, nous pouvons enfin sortir la valise du coffre de la Mercedes pour la mettre sur un charriot qu’un autre voyageur me donne directement. Je paye le taxi en lui laissant un pourboire et lui demande un reçu, j’assieds Becca sur la valise et nous partons en direction du check-in.

      « Neboloni, vous me dites monsieur ? Il me semble ne voir aucune réservation à ce nom. Avez-vous le code ? » Je lui montre le post-it vert de Gabriela et j’attends qu’elle nous trouve sur son écran. Au bout de quelques minutes elle finit par nous trouver « Ah, Nebuloni... », s’exclame-t-elle finalement en accentuant sur le « u », malgré le fait de lui avoir épeler mon nom à deux reprises. Elle étiquette la valise et nous donne les deux cartes d’embarquement. « Porte sept à 12h40. Bon voyage. » Je donne la main à Becca et nous allons jusqu’à une boite aux lettres y déposer le courrier pour Beauchamp. Nous passons ensuite le contrôle de sécurité et nous promenons dans les boutiques jusqu’à l’horaire d’embarquement.

      Les bras pleins de jouets et de peluches, on m’a demandé ma carte d’identité trois fois et la carte d’embarquement presque autant. Comme si j’avais changé d’identité avec quelqu’un qui serait discrètement arrivé en parachute dans l’aéroport entre deux contrôles, nous nous asseyons au premier rang alors que l’avion était sur le point de partir sans nous. Becca a le sourire jusqu’aux oreilles. Je me demande pendant quelques minutes comment a-t-elle pu me convaincre de lui acheter autant de choses. Et avec tout cela j’ai oublié de m’acheter le journal ! Heureusement dans le vol il y a de nombreux étrangers et j’arrive à avoir en plus du Diário de Notícias et du International Herald Tribune, Le Monde et le Corriere della Sera, que je me prépare à lire après avoir mangé la moitié de mon déjeuner et avoir aidé Becca à manger le sien.

      Le Tribune et le DN d’aujourd’hui ont dédié une partie de leurs unes à la décision du gouvernement mozambicain d’ajouter l’anglais au portugais comme langue officiel du pays, prétextant des liens commerciaux et une participation à la communauté britannique. Je n’y trouve qu’un petit article de Reuters à propos de l’affaire du Brésil, semblable au bulletin d’Euronews, court et factuel.

      Le Monde écrit également sur le Mozambique, spécule sur une éventuelle indépendance des Açores et un futur rapprochement de l’archipel avec les États-Unis mais ne mentionne rien sur le Brésil.

      Il n’y a que le Corriere qui aborde cette affaire avec plus de détails. Avec un court paragraphe en une, qui renvoie à l’intérieur du journal, il lui est dédié une demi-page dans la rubrique internationale entre une analyse sur la situation en Irak et l’interview d’un avocat luso-américain, président du mouvement pour l’indépendance des Açores, dont le siège est situé à Washington.

      Après une analyse biographique du Docteur Ferrara et du travail accompli par l’IEPE, le Corriere poursuit en disant qu’elle « s’était rendue au Brésil et plus précisément dans l’État de l’Amazonie pour enquêter conjointement avec l’Institut de Protection de l’Enfance du gouvernement fédéral brésilien sur des allégations d’adoptions illégales, d’enlèvements et de ventes d’enfants dans lesquelles seraient prétendument impliqués des citoyens de l’Union Européenne. N’ayant encore aucun indice sur l’implication effective de citoyens de l’UE, la présence du Docteur Ferrara au Brésil ainsi que sa participation à l’enquête ne se vérifient que dans le cadre de la collaboration existante entre les deux organisations de protection des mineurs et ne revêtent aucune fonction officielle. » Et un peu plus loin : « La nouvelle de ce trafic inhumain a été pour la première fois mentionnée par Konrad Lentz dans un journal suisse, ZüricherZeitung, qui couvrait également l’enquête à la demande du Docteur Ferrara, avec qui il avait déjà travaillé auparavant sur la tristement célèbre enquête des réseaux pédophiles, déjà rapporté dans ce journal il y a quelques années (...). Les corps horriblement mutilés des deux enquêteurs ainsi que celui du Docteur Marcelo Kabanishi, du Cabinet de la Protection de l’Enfance de l’État d’Amazonie, qui les accompagnait ont été retrouvés dans une décharge au nord-est de Manaus.

      L’examen des cadavres a constaté qu’ils ont été sauvagement attaqués par des chiens et ensuite déchiquetés à coup de machette, de manière bestiale et cruelle, rendant difficile leur identification. Aucun document n’a été retrouvé sur les cadavres ni aux alentours de l’endroit où ils gisaient. Les seuls indices servant à leur découverte étant la déclaration de disparition faite par la femme du Docteur Kabanishi, ainsi que la comparaison des dents avec les dossiers dentaires de ce dernier, qui a permis son identification et par extension celle des deux autres enquêteurs. (...) Cependant, la police ne pense pas que ce crime horrible soit en rapport avec l’enquête en cours sur les adoptions illégales, puisque que l’on a retrouvé des restes d’héroïne dans les vêtements des deux européens.

      Selon un porte-parole de la police, nous faisons face à un cas classique de « règlement de compte », ou peut-être à la découverte malheureuse de la part des enquêteurs d’une bande de trafiquants en pleine activité (la zone la plus au nord-est du Brésil est traversée par des routes de passages entre les diverses zones de cultures de drogues de la Colombie, du Pérou et de la Bolivie et est donc difficilement surveillée par l’armée), étant donné que dans tous les cas, le résultat aurait été le même. Aucune enquête spéciale n’est actuellement en cours, à part bien sûr l’enquête habituelle pour homicide. (...) »

      Drogues ? Trafiquants ? Je ne m’appelle par Sherlock, mais s’il y a une chose qui me paraît avoir été rajoutée, c’est l’héroïne qui a soi-disant été retrouvée sur les vêtements. Enfin, je ne remets pas en cause ce qu’il s’est passé, mais cela me paraîtrait très étrange que cela n’est pas été mis ici exprès. Les restes de drogue trouvés sont extrêmement pratiques pour détourner l’attention et dénigrer le travail réalisé par Ferrara, Lentz, et Kabanishi à Manaus. De plus en plus curieux.

      L’avertissement pour attacher les ceintures m’a totalement pris au dépourvu, je n’ai pas vu le temps passer. Becca dort à mes côtés avec la tête appuyé sur un coussin, fatiguée de regarder par le hublot à la recherche de canards et d’avions pour raconter à ses amis une fois de retour. Je vérifie qu’elle a encore sa ceinture attachée et la laisse dormir. L’avion descend de plus en plus en direction de Madère, après être passé au-dessus de Porto Santo qu’on peut observer à notre gauche, et survole l’extrême est de l’île, que le commandant appelle Ponta de São Lourenço.

      Il parcourt l’île le long de la côte, passe au-dessus de l’aéroport et fait demi-tour au-dessus de la mer pour venir atterrir dans le sens ouest-est, à nouveau le long de la côte. La vue est impressionnante, à droite de l’avion on voit ce qui semble être un versant continu de montagnes qui sortent pratiquement de la mer, il n’y a pas de plages dignes de ce nom, seulement des criques de galets, dont l’une d’elles est occupée par la petite ville de Santa Cruz, où l’on peut voir des maisons, un grand nombre de maisons, de toutes les tailles et de différents modèles et toutes très rapprochées les unes des autres, au milieu d’une mer de vert que n’en finit plus.

      Si l’on ne se trouvait pas dans un avion, on pourrait presque penser que l’on parcourt une autoroute élevée dans un pays montagneux, tellement