Ethan Frome / Sous la neige. Edith Wharton

Читать онлайн.
Название Ethan Frome / Sous la neige
Автор произведения Edith Wharton
Жанр Классическая проза
Серия
Издательство Классическая проза
Год выпуска 0
isbn 9781645740964



Скачать книгу

and above the fields, huddled against the white immensities of land and sky, one of those lonely New England farm-houses that make the landscape lonelier.

      27

      Sous la neige~ Chapitre I

      — La voie est obstruée au-dessous des Flats par un train de marchandises, — m'expliqua-t-il. — La neige blo-que le convoi.

      — Mais alors où me conduisez-vous ?

      — Directement, et par le plus court, à Corbury Junction ! — me répondit-il, m'indiquant du fouet la School House Hill.

      — A Corbury Junction ? par cette bourrasque ? … mais… il y a bien douze milles !

      — Le cheval les fera, si vous lui en donnez le temps. Vous avez dit que vous aviez du travail à l'usine cette après-midi : je vous y mène.

      Il prononça ces paroles avec tant de simplicité que je lui répondis sur le même ton :

      — Vous me rendez le plus grand service.

      — Bah ! ce n'est rien…

      La route bifurqua en face de l'église. Nous prîmes un sentier à gauche, qui descendait au milieu des sapins. Il avait neigé si fort que les branches, courbées sous leur fardeau blanc, faisaient corps avec le tronc des arbres. Souvent, le di-manche, j'étais venu me promener de ce côté et l'on m'avait montré la scierie de Frome, qui se dessinait entre les fûts dénudées, presque qu bas de la colline. Le vieux bâtiment solitaire semblait agoniser. Sa roue paresseuse se reflétait vaguement dans l'eau noirâtre qui bouillonnait alentour en remous bruns. Sous le poids de la neige, ses hangars fléchis-saient. Pas une seule fois Frome ne tourna la tête pendant la descente. Nous commençâmes à gravir la côte suivante, tou-jours en silence. Après quelques centaines de mètres, lorsque nous eûmes rejoint la grande route, nous rencontrâmes un champ de pommiers grêles. Les arbres se tordaient à mi-pente de la colline, sur un terrain rocheux où des crêtes d'ardoise perçaient la neige par endroits. Au delà de ce verger s'éten-daient un champ ou deux qui confondaient leurs limites

      28

      Ethan Frome ~Chapter I

      “That’s my place,” said Frome, with a sideway jerk of his lame elbow; and in the distress and oppression of the scene I did not know what to answer. The snow had ceased, and a flash of watery sunlight exposed the house on the slope above us in all its plaintive ugliness. The black wraith of a de-ciduous creeper flapped from the porch, and the thin wood-en walls, under their worn coat of paint, seemed to shiver in the wind that had risen with the ceasing of the snow.

      “The house was bigger in my father’s time: I had to take down the ‘L,’ a while back,” Frome continued, checking with a twitch of the left rein the bay’s evident intention of turning in through the broken-down gate.

      I saw then that the unusually forlorn and stunted look of the house was partly due to the loss of what is known in New England as the “L”: that long deep-roofed adjunct usu-ally built at right angles to the main house, and connecting it, by way of storerooms and tool-house, with the wood-shed and cow-barn. Whether because of its symbolic sense, the image it presents of a life linked with the soil, and enclos-ing in itself the chief sources of warmth and nourishment, or whether merely because of the consolatory thought that it enables the dwellers in that harsh climate to get to their morning’s work without facing the weather, it is certain that the “L” rather than the house itself seems to be the centre, the actual hearth-stone of the New England farm. Perhaps this connection of ideas, which had often occurred to me in my rambles about Starkfield, caused me to hear a wistful note in Frome’s words, and to see in the diminished dwelling the image of his own shrunken body.

      29

      Sous la neige~ Chapitre I

      sous le grand tapis blanc. Un peu plus loin, dans l'immensité monotone du ciel et de la terre, surgissait l'une de ces fermes de la Nouvelle-Angleterre qui semblent élargir la solitude du paysage…

      — Voilà ma maison, — me dit Frome, — en faisant un mouvement de son coude estropié.

      J'étais tellement accablé par la désolation de la scène que je ne sus que lui répondre. Il ne neigeait plus. Sur la pente, à nos pieds, se dressait la ferme, qu'un pâle rayon de soleil éclairait dans toute sa laideur. Une vigne vierge desséchée pendait au-dessus de la porte, et les murs de bois, sous la peinture écaillée, semblaient grelotter dans le vent.

      — La maison était plus importante du temps de mon père ! — continua Frome. — Mais j'ai dû abattre l'L, tout récemment.

      Et, se servant du bout de sa rêne gauche comme d'un fouet, il ramena sur le chemin le vieux cheval qui s'apprêtait à franchir la barrière brisée.

      Je découvris alors que l'aspect abandonné et minable de la demeure était dû surtout à l'absence de ce corps de logis que nous nommons, dans la Nouvelle-Angleterre, une L. Cette L est un appentis réservé au bûcher et à l'étable, généralement relié en équerre au bâtiment principal de la ferme, avec lequel il communique par la chambre à provi-sions et le magasin à outils. Est-ce par le symbole qu'elle présente, par l'image qu'elle évoque de la vie humaine liée au sol, par ce fait qu'elle détient les sources essentielles de l'existence, — la chaleur et la nourriture, — est-ce plutôt par la pensée consolante qu'elle suggère en nous montrant, sous ce dur climat, la possibilité pour les habitants d'accomplir leurs tâches matinales sans affronter les intempéries, — je ne saurais exactement le dire, mais sûrement cette L, encore plus que la maison elle-même, figure le centre, le foyer, de toute ferme dans la Nouvelle-Angleterre. Et c'était peut-être

      30

      Ethan Frome ~Chapter I

      “We’re kinder side-tracked here now,” he added, “but there was considerable passing before the railroad was carried through to the Flats.” He roused the lagging bay with another twitch; then, as if the mere sight of the house had let me too deeply into his confidence for any farther pretence of reserve, he went on slowly: “I’ve always set down the worst of mother’s trouble to that. When she got the rheumatism so bad she couldn’t move around she used to sit up there and watch the road by the hour; and one year, when they was six months mending the Bettsbridge pike after the floods, and Harmon Gow had to bring his stage round this way, she picked up so that she used to get down to the gate most days to see him. But after the trains begun running nobody ever come by here to speak of, and mother never could get it through her head what had happened, and it preyed on her right along till she died.”

      31

      Sous la neige~ Chapitre I

      cette association d'idées, maintes fois renouvelée durant mes promenades aux environs de Starkfield, qui me faisait distinguer un accent d'amertume dans les paroles de Frome et voir dans cette maison amoindrie l'image même de son pauvre corps ruiné.

      — Nous sommes bien isolés maintenant, ici ! — ajou-ta-t-il. — Mais, avant la construction du chemin de fer, on passait beaucoup par chez nous pour aller aux Flats.

      Il réveilla d'un nouveau coup de guide le cheval qui s'endormait. Puis, comme si la vue de sa maison m'avait mis trop avant dans sa confidence pour qu'il s'obstinât plus long-temps à demeurer sur la réserve, il continua lentement :

      — J'ai toujours attribué l'aggravation de l'état de ma mère à ce changement-là. Quand les rhumatismes lui vin-rent, au point qu'elle ne pouvait plus vaquer à ses affaires, elle prit l'habitude de venir s'asseoir devant la porte, et elle regardait pendant des heures entières le mouvement qui se faisait sur la haussée… Une année, même, où pendant six mois on répara la grande route, après les inondations, Harmon Gow fut obligé de passer par ici avec sa diligence, et elle avait pris l'habitude de descendre chaque matin jusqu'à la barrière pour lui dire bonjour… Mais, une fois le chemin de fer inauguré, il ne vint plus personne. Et elle ne put jamais comprendre la raison de ce changement… Ce fut une des choses qui la tourmentèrent jusqu'à sa mort.

      32

      Ethan