Название | Salle de Crise |
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Автор произведения | Джек Марс |
Жанр | Триллеры |
Серия | |
Издательство | Триллеры |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781094313023 |
Il sourit. « De chef de cabinet de la Présidente des États-Unis, Richard se retrouve à travailler avec un obscur représentant du deuxième plus petit état du pays, et vous appelez ça ‘retomber sur ses pattes’ ? Je dirais plutôt qu’il s’est brisé le cou. »
« Sans commentaire, » dit Kate, avec un léger sourire aux lèvres. C’était le premier signe d’humanité qu’elle exprimait depuis qu’il l’avait rencontrée. Elle le guida à travers la foule jusqu’à une double porte qui se trouvait au bout du couloir. Luke connaissait déjà cet endroit. Quand Susan était Vice-Présidente, elle avait utilisé cette vaste pièce ensoleillée comme salle de réunion. Mais après avoir prêté serment, cette pièce était devenue la Salle de Crise.
La pièce avait également été transformée et officialisée. Des parois modulaires avaient été installées tout le long de la pièce, pour recouvrir les fenêtres. D’énormes écrans plats avaient été accrochés à un mètre cinquante d’intervalle. Une immense table de réunion en chêne avait été installée et le sceau du Président avait été accroché au mur, juste derrière. Il y avait environ une vingtaine de personnes présentes dans la pièce quand Luke et Kat entrèrent. Une douzaine d’entre eux étaient assis à la table, tandis que les autres étaient installés sur des chaises alignées contre les murs.
Le nombre de femmes présentes avait également changé. Luke se rappelait très bien le jour où il s’était retrouvé dans cette même pièce, deux mois plus tôt, et qu’on lui avait parlé de l’échantillon d’Ébola. Sur les trente personnes présentes dans la salle ce jour-là, Susan était la seule femme. Vingt-neuf hommes imposants et baraqués, et une seule femme frêle.
Et maintenant, la moitié des personnes présentes étaient des femmes.
Quand Luke entra, Susan se leva de sa chaise en bout de table. Elle aussi, elle avait changé. Elle avait l’air plus dure. Plus mince qu’avant. À une époque, elle avait été mannequin et elle avait toujours conservé un visage assez jeune. Mais maintenant, elle avait les yeux entourés de rides. Son regard semblait plus concentré, plus incisif. Où qu’elle aille, elle avait toujours été considérée comme une très belle femme – mais il se pourrait que ce ne soit plus le cas, une fois que son mandat de Présidente toucherait à sa fin.
« Agent Stone, » dit-elle. « Je suis heureuse que vous ayez pu nous rejoindre. »
Il sourit. « Madame la Présidente, s’il vous plait, appelez-moi Luke. »
Elle ne lui retourna pas son sourire. « Merci d’être venu. »
Debout devant l’un des grands écrans, se trouvait Kurt Kimball, le Conseiller à la sécurité nationale de Susan. Luke l’avait déjà rencontré. Il était grand, avec de larges épaules. Son crâne était complètement chauve.
Kimball lui tendit la main et Luke la serra. Si la poignée de main de Kat Lopez avait été ferme, celle de Kurt Kimball était en acier. « Luke, ça fait plaisir de vous revoir. »
« De même. »
L’atmosphère était tendue. Mais tous ces gens ne venaient pas non plus de passer les deux derniers mois à faire du camping et de la voile. Il n’empêche que Luke était venu du Maine dès qu’on l’avait appelé, et qu’il avait dû laisser son fils avec sa future ex-femme en colère, qui y avait vu une raison de plus pour demander le divorce. Et du coup, il s’était attendu à un accueil un peu plus chaleureux.
Mais quelque part, ça se comprenait. Des centaines de personnes étaient mortes ce matin et les gens présents dans cette pièce pensaient qu’il s’agissait d’une attaque terroriste.
« Je vous en prie, asseyez-vous, » lui dit Kimball.
Il y avait une chaise disponible à la droite de Susan et Luke s’y assit.
À l’écran, apparut la photo d’un énorme barrage, avec un bâtiment de six étages devant lui – le centre de contrôle. Six écluses partiellement ouvertes se trouvaient en-dessous. Le bâtiment avait l’air minuscule, avec la masse énorme du barrage qui se dressait derrière lui. Le long du bord, il y avait une centrale hydroélectrique, avec des rangées et des rangées de transformateurs.
« Luke, voici le barrage de Black Rock, » dit Kurt Kimball. « Il mesure un peu plus de deux cents mètres de haut et retient le lac de Black Rock, qui fait vingt-six kilomètres de long, a une profondeur de cent-vingt mètres, et qui contient à tout moment trois cents millions de mètres cubes d’eau. Comme vous l’avez probablement vu à la télé aujourd’hui, un peu après sept heures du matin, les six écluses se sont entièrement ouvertes et sont restées bloquées pendant trois heures et demie, avant que les techniciens parviennent à les désassocier du système informatique qui les contrôle et les fermer manuellement. »
Kimball utilisa un laser pour montrer les écluses.
« Si vous regardez la taille des écluses en comparaison avec l’édifice, vous constaterez qu’elles sont assez grandes. Chacune mesure dix mètres de haut, ce qui signifie que six énormes jets d’eau ont été lâchés en même temps. La pression hydraulique du lac a envoyé cette avalanche d’eau à une vitesse approximative de trente kilomètres à l’heure. Ça ne paraît pas si rapide que ça, sauf quand on se trouve sur son chemin. Jusqu’à ce matin, l’hôtel de Black Rock se dressait à cinq kilomètres au Sud du barrage. Le bâtiment était presque entièrement construit en bois. Le mur d’eau a complètement balayé l’hôtel et d’après ce qu’on sait, les seuls survivants sont quelques clients qui étaient partis tôt le matin pour faire une randonnée ou pour parcourir les routes pittoresques des environs. »
« Combien de clients y avait-il à l’hôtel ? » demanda Luke.
« Il y avait deux cent quatre-vingt-un clients répertoriés dans leur système de réservation en ligne. Peut-être qu’une vingtaine d’entre eux avaient quitté l’hôtel avant la catastrophe, ou n’étaient jamais arrivés, pour une raison ou une autre. Tous les autres ont été balayés par les flots et sont supposés morts. Si on ajoute à ça d’autres destructions en aval, il faudra quelques jours avant d’avoir le nombre précis des victimes. »
Luke ressentit une sensation qui lui était familière et qui lui donna la nausée. C’était comme un vieil ami qu’il n’aurait plus vu depuis longtemps et qu’il espérait ne jamais revoir. Il eut l’impression que son estomac se retournait en pensant à la mort de toutes ces personnes innocentes, qui n’avaient rien demandé à personne. Luke ne connaissait que trop bien cette sensation.
« Est-ce qu’on a essayé de les prévenir ? » demanda-t-il.
Kimball hocha la tête. « Les travailleurs du centre de contrôle ont appelé l’hôtel dès qu’ils se sont rendus compte que les écluses étaient ouvertes, mais apparemment l’avalanche d’eau les avait déjà atteints. Quelqu’un décrocha le téléphone mais la conversation prit fin presque immédiatement. »
« Mon dieu. Et quels sont les autres dégâts en aval dont vous parliez ? »
Une carte apparut à l’écran. On y voyait le lac, le barrage, l’hôtel et les villes environnantes. Kimball en désigna une à l’aide de son laser. « La ville de Sargent se trouve à vingt-six kilomètres au Sud de l’hôtel. C’est une ville de deux mille trois cents habitants et c’est la porte d’entrée au Parc national pour les touristes qui visitent le coin. La majorité de la ville est construite sur une petite colline et ils ont eu un peu plus de temps que l’hôtel pour se préparer à la catastrophe. Les sirènes d’alarme ont même eu le temps de retentir avant l’inondation.