Salle de Crise. Джек Марс

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Название Salle de Crise
Автор произведения Джек Марс
Жанр Триллеры
Серия
Издательство Триллеры
Год выпуска 0
isbn 9781094313023



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le coin le plus à l’Ouest du camp, à côté de quelques grands bâtiments administratifs, une piscine et quelques parkings. Luke pouvait maintenant voir plusieurs cours bétonnées, une route d’accès, les rues qui se trouvaient à l’intérieur du camp, et un mur surmonté de fil barbelé et des tours de guet le long du périmètre. L’endroit était comme une blessure ouverte au milieu de la forêt environnante.

      « C’est quoi, cet endroit ? » demanda Luke, dans son casque.

      Le pilote était occupé avec ses manœuvres d’approche mais pas trop occupé pour que ça l’empêche de parler. « Je l’ai déjà entendu appeler ‘campement de la Liberté’, » dit-il. « Mais les gens par ici ont tendance à l’appeler le camp de Nulle part. C’est l’un de nos campements – de la FEMA. Vous ne le trouverez sur aucune carte. Je ne pense pas qu’il ait un nom officiel. »

      « Est-ce qu’il existe ? » demanda Luke.

      L’hélico volait de plus en plus bas et les bâtiments gris du campement commencèrent à se dresser autour d’eux. Luke remarqua que les fenêtres étaient renforcées par des fils en acier.

      Le pilote hocha la tête. « Quoi exactement ? Ici, on est en pleine contrée sauvage et inhabitée. Il n’y a rien d’autre ici, à ma connaissance. »

      Un homme portant une veste jaune et tenant des tiges orangées se tenait sur le côté de l’héliport. Il donna des indications au pilote, qui posa l’hélicoptère exactement au milieu de la piste. Il arrêta le moteur et les rotors se mirent immédiatement à ralentir, dans un léger gémissement.

      « Quand vous verrez ce Chinois, » dit le pilote, « donnez-lui quelques coups de ma part. »

      « On n’est pas venu pour ça, » dit Luke.

      Le pilote se retourna et sourit. « Bien sûr que si. Vous savez, c’est mon boulot de transporter des gens dans ce genre d’endroits. Je sais qui fait quoi… juste en les regardant, croyez-moi. Dès que je vous ai vus, j’ai tout de suite su qu’ils avaient décidé de monter la pression de quelques crans. »

      Ils sortirent de l’hélicoptère, en baissant la tête. Un homme les attendait déjà sur l’héliport. Il portait un costume gris et une cravate bleue. Les hélices de l’hélicoptère tournaient encore et faisaient voler ses cheveux dans tous les sens. Le tissu de son costume en était tout chiffonné. Ses chaussures noires vernies brillaient. On aurait dit qu’il venait juste de descendre d’un train de navetteurs à Manhattan. Il avait vraiment l’air de ne pas être à sa place.

      En s’approchant, Luke commença à discerner les traits de son visage. Il avait l’air intemporel – ni âgé, ni jeune, juste quelque part entre les deux. Il tendit une main que Luke serra.

      « Agent Stone ? Je m’appelle Pete Winn. On m’a dit que c’était la Présidente qui vous envoyait. Merci d’être venu. »

      « Merci à vous, Pete. Mais appelez-moi Luke. »

      Luke, Ed et Swann suivirent Pete Winn. Ils s’éloignèrent de l’hélicoptère et se dirigèrent vers un abri en tôle ondulée qui se trouvait de l’autre côté de la piste. Même l’héliport était entouré de clôture en fil barbelé. La seule manière d’entrer ou de sortir de l’héliport, c’était à travers cet édifice. Les portes s’ouvrirent automatiquement quand les hommes s’en approchèrent.

      « C’est quoi, cet endroit ? » demanda Luke.

      « Ça ? » dit Winn. « Vous voulez dire, ce camp ? »

      « Oui. »

      « Bon, je vais vous faire un résumé rapide. En gros, il s’agit d’un camp de détention. Nous avons actuellement un peu plus de deux cent cinquante détenus, y compris plus de soixante-dix enfants. Pour la plupart, il s’agit d’étrangers illégaux venant du Mexique ou d’Amérique centrale, dont les vies courraient un danger aux mains des cartels de drogue et des gangs criminels, s’ils étaient renvoyés chez eux. On ne leur a pas accordé l’asile, alors ils restent ici avec leur famille jusqu’à ce que le service d’immigration ait décidé quoi en faire. Leur statut est officiellement indéterminé. Pendant ce temps, cet endroit est totalement invisible et les gangs n’ont aucune idée de l’endroit où ils se trouvent. »

      Ils traversèrent rapidement le bâtiment en tôle. C’était l’endroit où pouvaient se reposer les contrôleurs aériens, les gens qui travaillaient à l’héliport et les pilotes. Il y avait quelques tables et quelques chaises, de l’équipement de surveillance radio et vidéo, un écran radar, une cafetière et un vieux carton de donuts rassis sur la table.

      « Alors ils restent ici éternellement ? » demanda Swann.

      « Éternellement, ça ferait quand même long, » dit Winn. « La famille qui a séjourné avec nous le plus longtemps est restée sept ans. »

      Winn avait sûrement dû voir l’expression de surprise sur leurs visages.

      « Ce n’est pas aussi mal que ça en a l’air. Je vous assure. Tous les enfants vont à l’école cinq jours par semaine. L’école se trouve ici, dans le camp. Il y a différentes activités proposées, y compris la projection de deux nouvelles productions tous les weekends, en anglais et en espagnol. Ils peuvent jouer au football et au basket, et les adultes peuvent prendre des cours de langue et suivre des formations professionnelles. »

      « Ça a l’air génial, » dit Swann. « Ça vous dérange si je viens y passer mes prochaines vacances ? »

      « Vous seriez étonnés, » dit Winn. « Les gens apprécient cet endroit. C’est bien mieux que rentrer chez eux et être assassinés. »

      Une SUV noire les attendait devant l’abri en tôle. La voiture démarra et à un moment donné, ils passèrent une autre clôture surmontée de lames de rasoir. Une poignée d’hommes étaient assis sur des bancs de l’autre côté de la clôture. Quatre ou cinq d’entre eux étaient blancs, et les deux autres étaient noirs. Ils portaient tous des combinaisons jaune vif. Ils regardèrent la voiture passer, à travers la clôture.

      « Ces types n’ont pas l’air d’être Mexicains, » dit Ed Newsam.

      L’expression du visage de Pete Winn commença à changer. Il avait été accueillant, et même un peu nerveux, au moment de rencontrer Luke et son équipe. Mais maintenant, il commençait à prendre un air presque dédaigneux.

      « Non, c’est vrai, » dit-il. « On a aussi des gens de chez nous. »

      « Ils essayent aussi de se cacher des cartels ? » demanda Swann.

      Winn regarda droit devant lui. « Messieurs, je suis certain qu’il y a certains aspects dans votre travail dont vous ne pouvez pas parler. C’est la même chose pour moi. »

      Au bout de quelques minutes, ils se retrouvèrent de l’autre côté du camp. La voiture s’arrêta. Il n’y avait personne – aucun prisonnier, aucun travailleur. Une petite cabane se dressait toute seule sur un petit lot de terre.

      Les hommes sortirent du véhicule. Le sol était en terre battue et compacte, complètement desséchée. Il n’y avait aucun signe de vie ni d’activité à proximité de cet endroit.

      Pete Winn tendit un porte-clés à Luke. Une seule clé y était accrochée. Le visage de Winn était devenu dur. Son regard était froid, presque glacial. Son attitude avait complètement changé. Il n’avait plus rien à voir avec le fonctionnaire hésitant qui les avait accueillis à l’héliport.

      « L’existence de cette cabane est classée top secret. Officiellement, elle n’existe pas, ni le prisonnier d’ailleurs. Votre visite non plus n’a jamais eu lieu. Le gouvernement chinois n’a fait aucune demande officielle, ni officieuse d’ailleurs, concernant un homme du nom de Li Quiangguo. D’après ce que j’ai compris, les Chinois agissent comme s’ils n’avaient rien à cacher, ni à se reprocher. Ils ont même offert de l’aide pour découvrir comment le système de