Un diplomate luxembourgeois hors pair. Paul Schmit

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Название Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор произведения Paul Schmit
Жанр Биографии и Мемуары
Серия
Издательство Биографии и Мемуары
Год выпуска 0
isbn 9782919792009



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l’idéologie nazie et était considérée comme « persona non grata » auprès d’une partie de sa famille à Luxembourg. Hugues paraît ne plus avoir souhaité poursuivre ces liens, ne se rendait plus en Allemagne et faisait tout pour se défaire de sa part dans le Weingut de Kanzem qui, pourtant, lui venait de la famille de sa mère. Après le décès d’Hugues, sa sœur et son mari sont venus à Venise et ont été parmi les premiers à s’inscrire dans le « guest book », en 1965, exprimant leur reconnaissance à la veuve d’Hugues, qui s’était montrée, comme toujours, très accueillante. Une certaine réconciliation semble s’être opérée au-delà de la disparition d’Hugues. Rozel a été touchée d’une fibre artistique, comme elle allait, dix ans après la disparition de son frère, exposer ses tableaux dans la villa ayant appartenu à sa belle-mère et devenue galerie Marie-Thérèse avant d’être connue sous le nom de Villa Vauban. Rozel Reverchon-Le Gallais est décédée le 27 juin 1988 à Konz.

      La vie des sœurs d’Hugues, aussi variée et intéressante qu’elle ait été, n’était guère conforme à une vie rangée de grand bourgeois à laquelle il aspirait. Pas moyen de continuer à donner l’image d’une famille idéale reflétant une joie de vivre et une aisance matérielle certaine. Les demeures de la famille au Grand-Duché, mais aussi en Allemagne en ont témoigné.

      18 Entretien avec Jens Reverchon, petit-fils de Rozel Reverchon-Le Gallais, 6 décembre 2018.

      19 ANLux ; AE-AW ; lettre de HLG, 27 juin 1952.

      20 Annonce mortuaire dans « Indépendance luxembourgeoise » du 10 février 1928 et annonce des funérailles, le 16 février, dans le même quotidien.

      21 Entretien avec Jens Reverchon, 6 décembre 2018.

      22 Anatole de Mathelin (1855-1923), fils de Léopold de Mathelin et Marie de Steenhault, époux de Fanny Cornesse (1855-1923).

      23 Camille Wolff (1894-1977) a représenté le Luxembourg lors des Jeux olympiques d’été de 1924 à Paris.

      24 À Luxembourg (Villa Vauban) : 1932 mariage Edmond Reverchon (*1893) ‒ Rozelle Le Gallais (*1903), mais également à Londres: Registrar 28 Marloes Road à Kensington. Entretien avec Jens Reverchon, décembre 2018, qui affirme que le mariage a eu lieu à Londres en raison du fait que Rozel épousait un homme divorcé.

      25 Edmond Reverchon (1893-1967), fils d’Alice von Boch (1860-1944) et d’Adrian Reverchon (1861-1923), avait en tout trois fils, les deux aînés de son union avec Maria Brügmann : 1.1. Heinz Reverchon (1921-1999), soldat dans la Wehrmacht ∞ I. Gretel von Suttner; II. Karin Davidson; 1.2. Günther Reverchon (1922-1944, tombé au front) ; du deuxième lit : 2.1. Eddie Reverchon (1934), marié à Margaretha dite Nicole Nicolas.

      DEMEURES DE LA FAMILLE NORBERT LE GALLAIS

      Le père d’Hugues était né au château de Septfontaines, une des plus belles demeures du Luxembourg. Il vivait, dans les années 1880, au 7 de la rue Marie-Thérèse, l’actuelle rue Notre-Dame. Il y était le voisin de la famille Maurice et Bertha Gernsbacher-Durlacher, dont le fils Hugo, le futur « père de la science-fiction moderne », est né le 16 août 1883 au numéro 9 de cette rue. Après la fusion des différentes entités qui sont devenues l’Arbed, il se contentait de recevoir des dividendes et vivait de revenus divers. Au début de son premier mariage, il disposait d’une propriété en tant que directeur de l’usine de Dommeldange, avant d’emménager dans l’ancien hôtel Pescatore situé sur le coin du boulevard Royal et de l’avenue Amélie. C’est là qu’est décédée la mère d’Hugues. Aujourd’hui s’y trouve la Banque de Luxembourg.26 Enfin, Norbert Le Gallais résida avec sa seconde épouse dans la demeure de la famille de Gargan, la Villa Vauban, dans l’avenue de l’Arsenal qui a depuis été rebaptisée en avenue Emile Reuter. Les Le Gallais avaient aussi une maison de villégiature de l’autre côté de la frontière.

      DOMAINE VITICOLE DE KANZEM

      Le domaine de Kanzem provient de la famille Metz et est passé dans le giron de la famille Le Gallais au milieu du XIXe siècle. Les bâtiments du vignoble Le Gallais sont situés à Kanzem sur la Sarre, les vignobles dans les districts voisins de Wiltingen et de Wawern. Depuis le début du Moyen Age, Kanzem et Wiltingen étaient une seigneurie luxembourgeoise en tant qu’exclave dans le « Kurstaat » de Trèves. Aujourd’hui, le domaine est beaucoup plus petit qu’avant. De moins bons vignobles ont été vendus, et seules les vignes Riesling sont cultivées. Depuis 1954, l’administration du domaine est entre les mains d’Egon Müller, dans la cave duquel, non loin de là, à Scharzhof, les vins sont produits. Norbert Le Gallais a établi la réputation dont bénéficie le domaine aujourd’hui. Même à l’époque, ses vins étaient très appréciés.

      Rozel Le Gallais décrit des étés joyeux à Kanzem, les jeunes Le Gallais y étant entourés de nombreux cousins, avec lesquels ils s’amusaient, souvent au détriment des adultes et de leurs hôtes. La maison n’avait pas moins de seize chambres à coucher, plus des mansardes, permettant à leur tante Daisy Burney-Le Gallais d’Angleterre et à leur tante Missy Schaefer-Le Gallais de Paris de venir avec leurs familles. De nombreux invités de Luxembourg, de France et d’Angleterre défilaient à Kanzem, les enfants pouvant y fréquenter très tôt certaines personnalités notamment militaires prussiennes, comme celles des troupes de garnison de Trêves.

      Durant la Première Guerre mondiale, le vignoble a été placé sous séquestre, hébergeant même des prisonniers russes, de sorte qu’à Pâques 1919 le retour de la famille a donné lieu à un constat de désolation certain. Il fallait d’abord réparer les dommages considérables avant de reprendre la vie insouciante qu’y avaient connue les jeunes Le Gallais. Après la Seconde Guerre mondiale, la maison de Kanzem appartenait à 2/8 à Hugues Le Gallais et à ses sœurs et respectivement 3/8 à ses deux cousines Yvonne Rochon née Schaeffer, qui était de nationalité française, et Violet Douglas Brown née Burney, qui était de nationalité britannique. Le domaine connaissait des difficultés en relation avec l’avenir de la propriété vinicole, endommagée par la guerre. Hugues Le Gallais s’est occupé de la réparation de la destruction occasionnée dans ce qui est un domaine et non pas un château. Il semble néanmoins ne plus avoir souhaité poursuivre ce lien avec une propriété située dans un pays contre lequel il s’est opposé avec toutes ses forces, même si ce fut de l’autre côté de l’Atlantique. Cette vente occasionnait donc une certaine rentrée de deniers pour le chef de mission à Washington.

      CHÂTEAU DE SEPTFONTAINES

      La propriété où était né le père d’Hugues n’était plus à vendre, la famille s’en étant défaite avant la Première Guerre mondiale. Les grands-parents paternels d’Hugues, Edmond Le Gallais et Léonie Metz, avaient habité dans le superbe château des Boch dans le Rollingergrund. La fabuleuse résidence seigneuriale dite de Septfontaines, une des gloires du quartier de Rollingergrund, est indissolublement liée à la faïencerie toute proche. Le château, comme on l’appelle maintenant, fut construit entre 1780 et 1785 sur la base d’une maison érigée en 1684 par un militaire de l’armée espagnole par les trois frères Boch, Pierre-Joseph, Jean-François et Dominique, après qu’ils eussent bâti la faïencerie et les maisons des premiers ouvriers. Ils étaient les fils de François Boch, fondeur à Hayange, en Lorraine, chez les maîtres de forge de la famille des de Wendel.

      Le lieu d’exception est entouré d’un vaste parc et, à l’époque, il donnait sur la forêt du Rollingergrund. Il a été vendu en 1913 aux époux Maurice Pescatore-Barbanson.27

      

      Le château de Septfontaines est devenu depuis lors un espace de réception exceptionnel.

      MAISON DU DIRECTEUR À DOMMELDANGE