Un diplomate luxembourgeois hors pair. Paul Schmit

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Название Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор произведения Paul Schmit
Жанр Биографии и Мемуары
Серия
Издательство Биографии и Мемуары
Год выпуска 0
isbn 9782919792009



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qui a épousé en premières noces L. Auguste Collart (1859-1906) et a convolé en secondes noces, à partir de 1915, avec François Mathieu (1876-1930). Ils étaient les parents d’une fille morte jeune et du châtelain de Bettembourg, Eugène-Auguste Collart (1890-1978), homme politique et diplomate. Celui-ci a épousé en 1914 Daisy Weber (1889-1969), fille des époux Auguste Weber et Berthe Gansen, depuis 1937 dame d’honneur de la Grande-Duchesse.5

      Le chargé d’affaires aux Pays-Bas, Eugène-Auguste Collart, et son cousin germain, le chargé d’affaires aux Etats-Unis, Hugues Le Gallais, étaient liés de manière indirecte aux industriels Emile Mayrisch (1862-1928) et Gaston Barbanson (1976-1946) qui avaient pris les rênes de l’Arbed en 1911. Les deux diplomates avaient en commun comme grand-tante Madame Edmée Tesch (1843-1919), la fille de J. B. Victor Tesch et de Caroline Nothomb, veuve du maître de forge à Dommeldange et fondateur de l’Institut portant son nom, Emile Metz (1835-1904), qui était le fils de Norbert Metz et d’Eugénie Tesch. Après le décès de Madame Emile Metz-Tesch, intervenu en 1919 au Château de Beggen (que son mari avait fait construire), la fortune revint en partie à Emile Mayrisch, duquel la mère avait été cousine germaine d’Emile Metz, et en partie à Gaston Barbanson, ce dernier neveu d’Edmée Metz-Tesch.

      Les mariages entre différents rejetons de ces familles et les efforts pour maintenir uni et prospère le patrimoine familial n’allaient toutefois pas éternellement garder ces bourgeois au faîte de la société luxembourgeoise. Dès la Première Guerre mondiale et plus encore avec la crise de 1929 et la période de quasi-stagnation qui marque l’entre-deux-guerres, les demeures et propriétés allaient leur échapper, comme ce fut le cas des villas les plus prestigieuses des Metz et des Le Gallais.

      Poursuivons l’examen de la famille maternelle d’Hugues. Sa mère Marie-Juliette, dite Juliette Metz (1872-1909), était le deuxième enfant des Metz-de Mathelin, suivie de Léopoldine, dite Poldie (1873-1904), épouse de Jean-François dit Fritz Mersch (1862-1937), avocat et député. Enfin, les époux Metz-de Mathelin avaient un fils, Jean Metz, dit Chany (1879-1922), attaché à l’administration centrale de l’Arbed, qui s’est marié en 1906 à Bettembourg avec Elisabeth dite Maisy Jacquinot (1884-1975), fille du baron Charles Jacquinot et de Joséphine Collart.

      Hugues avait cinq cousins du côté de sa mère, dont un mort en bas âge, et sept du côté de son père, dont un décédé au cours de la Première Guerre mondiale. L’accident d’avion de ce jeune cousin de 19 ans laissait, d’après les souvenirs de la sœur d’Hugues, Rozel, une trace indélébile dans la famille et ternissait les retrouvailles dans la maison de Kanzem où tous les cousins du côté Le Gallais aimaient se retrouver durant l’été. Pour Hugues, cette période de sa vie était marquée par différents deuils. Très jeune, même pas encore âgé de treize ans, il avait déjà perdu, au cours de la même année, à la fois sa mère, âgée de 36 ans, et, la même année, sa grand-mère paternelle, âgée de 73 ans. Le bonheur familial avait été de courte durée, d’autant plus que trois ans plus tard, son père allait se remarier avec une femme âgée de 46 ans. Cette nouvelle union devait notamment contribuer à assurer à la famille esseulée, composée d’un veuf avec quatre enfants, un niveau de vie digne, mais n’apporta aucune stabilité familiale.

      4 Weber, Josiane: Familien der Oberschicht in Luxemburg. Elitenbildung und Lebenswelten 1850-1900. Editions Guy Binsfeld, p. 131-137.

      5 Comme il a poursuivi la même carrière diplomatique que son cousin Hugues, nous allons le retrouver plus loin.

      UN PÈRE HAUT EN COULEURS

      Le père d’Hugues, Norbert Le Gallais, s’était marié en premières noces, le 19 juin 1895, à Luxembourg avec la fille du cousin germain de sa mère, Juliette Metz, avant d’épouser en secondes noces, le 5 octobre 1912, à Luxembourg également, Anne-Marie de Gargan, originaire du château de Preisch à Basse-Rentgen, de l’autre côté de la frontière. Âgé de 35 ans au moment de son premier mariage avec sa cousine issue de germains âgée de 23 ans, Norbert Le Gallais était, lors de son deuxième mariage, âgé de 52 ans, alors que sa deuxième femme en avait 46.

      La première épouse de Norbert, la mère d’Hugues, que ses enfants appelaient « Mummy », était décédée après une maladie l’ayant fortement diminuée, peut-être la tuberculose, le 3 février 1909, dans la villa du boulevard Royal. Pour les quatre enfants, Hugues, Aimée, Alice et Rozel, âgés de 12, 10, 7 et 5 ans, devait commencer une période difficile que Rozel a très bien décrite dans ses mémoires en parlant de silence terrible et de vide absolu entourant les survivants. Les adultes ne savaient apparemment pas s’y prendre et parlaient, d’après les souvenirs de Rozel, de montée au ciel de la mère qui serait désormais au-dessus des nuages. Or, ceux-ci allaient s’obscurcir avec une autre femme reprenant une certaine place dans la vie de Norbert. Il fréquenta de nouveau une vieille connaissance de la famille, noble et très pieuse pour ne pas dire bigote.

      La deuxième épouse était née le 28 août 1866 au château de Preisch, de l’autre côté de la frontière en France. Anne-Marie, dite Marie, de Gargan était la fille du baron Charles-Joseph de Gargan (1831-1920), dont la mère était une de Wendel, et d’Emilie Pescatore (1840-1913), elle-même fille unique de Pierre-Antoine Pescatore et d’Emilie Daelen. Pierre Pescatore était le neveu de l’homme d’affaires et mécène Jean-Pierre Pescatore. Les parents d’Anne-Marie de Gargan avaient dix enfants et habitaient le château situé entre Frisange et Rodemack. Le domaine appartient toujours à des membres de la famille. Les de Gargan, probablement l’une des familles les plus riches de la région avec les Pescatore, étaient donc liés à la famille d’industriels français des de Wendel. La famille vint s’établir à Luxembourg à la Villa Vauban achetée en 1874. À cette époque, les alentours de la résidence ont été finalisés et le jardin aménagé grâce au génie du paysagiste français Edouard André. L’hiver se déroula en grande partie ici, alors qu’en été la famille préférait plutôt le château de Preisch. Comme le père d’Anne-Marie avait voulu garder la nationalité française, il devait quitter Preisch en 1872 après l’annexion de la Lorraine par l’Empire allemand, n’acquérant la nationalité luxembourgeoise que cinq ans plus tard. Le baron avait acquis une collection d’objets qui meubla le château. C’est au cours de ses voyages en Italie, en Autriche, au Portugal, en Flandres et au Palatinat qu’il réalisa ses acquisitions.

      La famille de Gargan avait des liens de parenté et d’alliance prestigieux. Une sœur d’Anne-Marie de Gargan, Marguerite de Gargan (1862-1948), était mariée à François Gérard d’Hannoncelles (1861-1940) et vivait dans la villa aujourd’hui connue sous le nom de « Villa Foch », voisine de la Villa Vauban. Le Maréchal Foch y demeura lors de ses séjours en 1918/1919. Une nièce d’Anne-Marie de Gargan, Thérèse de Gargan (1903-1996), avait épousé en 1925 Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc de Hauteclocque, qui fut l’un des principaux chefs militaires de la France Libre durant la Seconde Guerre mondiale.

      Le couple Le Gallais-de Gargan n’allait donc pas avoir de progéniture. Le mariage a donné lieu à un scandale qualifié de « catastrophique » par des membres de la famille de la mariée. L’union avait été contestée par les de Gargan au point que les parents, s’y opposant à tout prix, voulaient faire interner leur fille. Ils n’acceptaient pas ce mariage avec un veuf, de surcroît père de quatre enfants adolescents, roturier et à la réputation un peu ternie depuis les changements intervenus l’année précédant les noces du fait de la reprise par Mayrisch et Barbanson de ce qui avait été géré dans la sidérurgie luxembourgeoise en partie par Norbert Le Gallais. Même si la mère de la mariée, née Pescatore, n’était pas noble non plus, le fait que Le Gallais menait une vie de bourgeois dépensier a peut-être également influencé l’état d’esprit de la famille de Gargan. Les différences entre noblesse ancienne et récente, tout comme entre noblesse et bourgeoisie, étaient considérables à l’époque. Le père d’Hugues avait écrit plusieurs lettres et fait intervenir un avocat en brandissant la menace d’un procès en justice, pour plaider contre la tentative de faire déclarer sa nouvelle épouse comme n’étant pas saine d’esprit.