Nach Paris! Roman. Dumur Louis

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Название Nach Paris! Roman
Автор произведения Dumur Louis
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
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Mais me rendant bien compte que ma convocation, dans ce cas, n'aurait pas été libellée de la sorte et qu'il s'agissait certainement d'un appel extraordinaire, je m'écriai tout à coup, saisi d'une émotion trop naturelle et du besoin de mettre de la solennité dans mes adieux:

      – Je mens, Dorothéa, ce n'est pas pour une période d'instruction que je suis appelé: je crois qu'il va y avoir la guerre.

      – La guerre? s'exclama-t-elle bouleversée. La guerre! Herrgott!

      Et s'élançant du côté de la porte, elle se mit à crier:

      – Papa! papa! il va y avoir la guerre!..

      Je l'arrêtai tout effaré, me souvenant du «strictement secret» de l'ordre de mobilisation.

      – Non, non, dis-je, il ne faut pas qu'on le sache… Personne ne doit savoir encore… Je viens secrètement vous faire mes adieux.

      – Herrje! que vais-je devenir?

      Je ne cherchai pas à rassurer Dorothéa. Il me plaisait de la voir pleurer, s'effondrer, jugeant de son amour par ses larmes et ne voulant pas qu'il fût supposable, devant elle, que je ne partisse pas réellement pour la guerre.

      – Je vous rapporterai des bijoux français, fis-je. Car j'espère bien avoir le plaisir de tuer quelques officiers. Ils portent tous, paraît-il, des bracelets, des bagues, des breloques de prix, et l'on en voit, dit-on, ornés de boucles d'oreilles.

      – De boucles d'oreilles!.. susurra-t-elle dans ses pleurs.

      – Je vous en enverrai, déclarai-je.

      – Oui, oui, des boucles d'oreilles!.. Vous me le promettez?

      Cela me rappela le cri du cœur de Marguerite, dans Faust, lorsqu'elle découvre la cassette apportée par Méphistophélès:

      Wenn nur die Ohrring' meine wæren! 1

      – Je vous le promets. Je vous enverrai aussi des cartes postales datées de tous les lieux de nos victoires.

      – Mais, dit-elle, si c'est vous qui êtes tué?

      – Alors, fis-je avec un grand geste, vous vous direz que je serai mort glorieusement pour la patrie allemande et vous me pleurerez toute votre vie.

      – Oh! plus que ça, gémit-elle, jusque dans l'éternité!

      C'est en de tels propos que nous nous entretînmes pendant une heure, fréquemment entrecoupée de cette exclamation qu'elle me lançait en même temps que ses beaux bras autour du cou, ni plus ni moins que quand je lui contais l'histoire de ma balafre:

      – Tu es un héros!

      Doux souvenirs! moments inoubliables!

      Et quand fut venu celui de la séparation et qu'après lui avoir fait jurer à nouveau de ne pas divulguer ce terrible secret de la guerre, j'eus pris pour la dernière fois congé d'elle, j'emportai comme un miel à mes lèvres le goût de son premier baiser sur la bouche.

      O ma Dorothéa!

      Il avait été décidé, pour ne pas prêter aux commentaires de la population, que mon père m'accompagnerait seul à la gare, en chapeau de paille et les mains dans les poches, comme s'il s'agissait pour moi d'une courte excursion. Ainsi fut fait. Johann nous suivait à cinq pas de distance, portant ma valise.

      Le train s'annonça. Nous le vîmes paraître au déclin de la courbe. Il vint se ranger le long de la petite gare. Il était passablement plus long que d'habitude. Je me dirigeai vers une voiture de seconde classe. Des chants sortaient des wagons de troisième.

      – Einsteigen!.. Fertig!

      – Bon voyage, mon fils Wilfrid! Au revoir dans quinze jours!

      Le train s'ébranla, cracha sa fumée, tandis que mon père, le conseiller de commerce Hering, saluait du mouchoir et que le domestique Johann ôtait dignement sa casquette.

      II

      Le trajet jusqu'à Magdebourg n'est pas long. Après Ilsenburg, il y a Wernigerode, puis Dannstedt, puis Halberstadt, où l'on rejoint la ligne de Halle. D'Halberstadt à Magdebourg on met une heure et demie.

      Il faisait un temps superbe. Partout régnaient la gaieté, le soleil, la vie normale, paisible et laborieuse. Les gens montaient et descendaient, pressés ou lents, des paniers au bras, des paquets aux mains, les dames en parasol, les hommes le cigare aux lèvres, causant diversement de choses et d'autres, s'abordant, se reconnaissant, s'interpellant. J'aperçus sur le quai d'Halberstadt un groupe d'étudiants de Halle, la casquette sur l'oreille, la badine sous l'aisselle. Des touristes circulaient, des Anglais à Baedeker, des Russes à lunettes d'or. D'entre ces nombreux visages qui passaient ainsi sous mes yeux, y en avait-il un qui trahit une inquiétude? Y en avait-il un seul pour se douter que dans quelques jours peut-être il aurait à changer brusquement d'aspect sous l'effet d'une formidable nouvelle dont il n'avait pour lors aucune idée?

      Je ne fus cependant pas sans remarquer qu'à chaque station montaient deux ou trois jeunes gens à l'air préoccupé, munis d'un léger bagage. Il en descendit une cinquantaine à Halberstadt. Quelques-uns avaient comme moi une valise; la plupart, des paysans et des ouvriers, portaient un baluchon de toile nouée. Mais, dans le mouvement de la gare, leur présence ne souleva nulle curiosité.

      Nienhagen, Oschersleben, Blumenberg… De nombreux réservistes montaient, qui descendirent à Magdebourg avec moi. Pas un uniforme en gare. Je chargeai un commissionnaire de porter ma cantine à la caserne et m'en fus faire un tour en ville. Tout y était habituel et calme. Les magasins étalaient leurs vitrines, devant lesquelles baguenaudait la foule bourgeoise. Les promeneurs animaient la Kaiserstrasse. Devant le théâtre étaient placardées les affiches d'une troupe estivale. Des enfants se dirigeaient par bandes vers les ombrages du jardin Frédéric-Guillaume. Une seule chose m'étonna: l'absence à peu près complète de soldats, dans cette ville qui à l'ordinaire en regorge.

      J'avais encore deux heures de liberté. Je décidai de les employer à me rafraîchir dans une brasserie, car il faisait terriblement chaud. J'entrai au Franziskaner. L'immense taverne était pleine. Je finis cependant par trouver une place et me mis aussitôt à vider des cruchons avec la même soif que si j'avais été notre valeureux Fuchsmajor, le gros von Pumplitz, surnommé Falstaff.

      A toutes les tables, des journaux étaient déployés devant le nez alourdi de consommateurs absorbés. Présumant qu'il pouvait être survenu quelques événements importants, je me fis apporter les dernières gazettes et ne tardai pas à être plongé dans cette lecture aussi profondément que mes voisins.

      Comme il était à prévoir, la Serbie continuait à faire des siennes. Cette insolente peuplade se refusait à accepter les conditions exceptionnellement modérées de la note autrichienne, forçant ainsi le gouvernement austro-hongrois à rompre les relations diplomatiques. Le ministre d'Autriche avait quitté Belgrade et le ministre de Serbie à Vienne avait reçu ses passeports.

      La nouvelle de la rupture des relations diplomatiques avec la Serbie, annonçait-on de Vienne à la Gazette de Magdebourg, a été rendue publique par des éditions spéciales des journaux. La foule massée dans les rues a accueilli la nouvelle par des acclamations en l'honneur de l'Empereur. Partout règne un grand enthousiasme.

      Les manifestations à Berlin, mandait l'agence Wolff, ont duré toute la nuit. Un cortège de cent mille personnes a parcouru la ville en chantant la Wacht am Rhein. Devant l'ambassade de Russie des cris hostiles ont été poussés. On a acclamé l'ambassade d'Autriche et l'ambassade d'Angleterre.

      Aux dernières dépêches, les informations suivantes étaient données, datant du jour même:

      Berlin, 27 juillet. – S. M. l'Empereur a décidé d'interrompre sa croisière sur les côtes de Norvège, pour rentrer directement à Berlin.

      Copenhague, 27 juillet. – Le président de la République française, interrompant son voyage, a pris la décision de revenir immédiatement en France.

      Il se passait



<p>1</p>

Si seulement les boucles d'oreilles m'appartenaient!