La diva. Édouard Cadol

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Название La diva
Автор произведения Édouard Cadol
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066327057



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      En ce cas, il fallait changer d’attitude, s’abandonner, se jeter aux pieds du vainqueur, se rendre à merci.

      Ce n’est pas qu’il comptât le moins du monde sur la sensibilité de l’Excellence; il connaissait trop le bon apôtre!

      Si Monseigneur devait en venir à faire grâce, ce ne pourrait être qu’en raison d’une arrière–pensée. A tout hasard, il fallait chercher une échappatoire, en comptant là–dessus. N’y eût–on gagné que du temps, c’eût été se garder des chances de se mettre à l’abri et, qui sait! une fois hors d’atteinte, de proposer un marché avantageux.

      Tout cela se formula dans son esprit, en moins d’une seconde; sur quoi, ne s’attachant plus qu’à un point: sortir des griffes de son interlocuteur, il se composa la physionomie du rôle qu’il avait à jouer.

      Il ne se jeta pas à genoux sur le tapis; mais inerte, silencieux sur sa chaise, il parvint, par la force de la volonté et en exagérant la fixité de son regard sur un point lumineux, à faire jaillir deux grosses larmes de ses yeux.

      Dès ce moment Monseigneur lui parla en vain. Ludowig affectait de rester écrasé. Puis, quand il pensa avoir produit son effet, il se leva.

      –Je suis prêt à signer, dit–il.

      Le Fauve, qui s’en méfiait, lui passa le papier sans mot dire.

      Alors, prenant la plume, Warth regarda l’Excellence.

      –Monsieur, dit–il, oubliant à dessein de lui donner sa qualification honorifique, signe évident d’un trouble extrême, –monsieur, ma femme du moins est innocente; ayez pitié du sort que je lui ai fait.

      Sa femme! il en parlait sans malice. Elle arrivait là, dans son intention, comme préparation à ce qu’il projetait d’ajouter, à savoir: qu’il entendait ne pas survivre à sa honte, et que, dès le lendemain, au plus tard, la malheureuse aurait à porter son deuil.

      Quand Le Fauve le comprit, il haussa de nouveau les épaules.

      –Vous tuer? fit–il. Pour quoi faire?

      Ludowig eut l’intelligence de ne pas répondre en parlant de son honneur, quoique la péripétie fût indiquée, et de tradition. Non. Il traita la question en homme pratique.

      –Que voulez–vous que je devienne? répliqua–t–il. Que vous me fassiez passer aux assises ou non, je suis perdu. Quels moyens d’existence désormais? Comment expliquer mon renvoi? Je suis ’perdu, vous dis–je. D’ailleurs, je me fais horreur à moi–même. Le souvenir de ma malversation me poursuivra partout et toujours!…

      L’homme d’État lui coupa la parole. C’est dommage, car il était, lancé, et il lui venait des choses très touchantes à dire.

      Par malheur, Le Fauve n’en croyait pas un mot, et comme il avait d’autres affaires, il n’aimait pas à perdre le temps.

      –Taisez–vous, lui avait–il dit.

      Puis lui enjoignant de s’asseoir, il reprit de l’air le plus calme du monde:

      –Se tuer ne remédie à rien. Laissons donc cela. Laissons de même le vol que vous avez commis, et prenons votre situation à l’heure présente. Eh bien, sans entrer dans des explications que l’état de votre esprit ne vous permettrait pas de saisir, je me borne à vous dire qu’il dépend de vous de tout réparer et de reprendre ensuite le courant d’une existence convenable.

      Ludowig en resta suffoqué.

      Oubliant son rôle d’écrasé, de candidat au suicide, il posa un coude sur la table, dans l’attitude d’un homme qui se dispose à faire affaire.

      Que voulait–on lui dire? Causons. Qu’est–ce que vous proposez? Nous verrons s’il y a marchand.

      L’Excellence saisit la nuance du revirement qui s’opérait eu son homme. Mais estimant que celui–ci allait trop loin, et trop vite en besogne, il le remit à son plan, d’un air indulgent.

      –Vous êtes trop ému, lui dit–il, pour causer utilement de tout cela. D’ailleurs, ne vous y trompez pas; vous ne sauriez nous intéresser, et vous nous embarrassez encore moins. Mais, tout à l’heure, vous avez parlé de votre femme, qui est, en effet, bien innocente de vos méfaits. Il y a plus. Elle est fille d’un légionnaire, qui a donné, jadis, des gages de son attachement à la dynastie. Il vous appartient de lui épargner des douleurs qu’elle n’a pas méritées. En outre, elle est personne de bon sens. Elle comprendra à mots couverts; je me propose donc d’arrêter avec elle ce qu’il convient que vous deveniez. Priez–la de venir demain dans la matinée. Il suffira d’une conférence pour fixer votre sort. Allez.

      Le ministre ne s’était pas trompé; madame Ludowig Warth était personne de grand bon sens, et elle mit toute la bonne grâce imaginable à conférer.

      En sorte, qu’à l’issue de l’audience, l’intelligente dame emportait, dans sa poche, une commission, qui envoyait son mari au Mexique. Il y avait là des intérêts à surveiller et, loin d’être destitué de son emploi, Warth paraissait chargé d’une mission de confiance.

      Durant son absence, on liquida son affaire; puis, au retour, on le pourvut.

      En ce temps béni, il y avait toujours en préparation quelque combinaison industrielle ou financière, où les hauts personnages ne pouvaient paraître ostensiblement.

      Warth devint l’homme de paille de Son Excellence et, naturellement, eut part dans les bénéfices, sans compter les épingles dont madame était comblée.

      Maintenant le mari était deux fois millionnaire, recevait en son hôtel à Paris, donnait à chasser sur ses domaines en Auvergne et tenait le haut du pavé.

      Les malveillants, les jaloux, parlaient bien de certain trou à la lune, dont le bruit avait circulé autrefois. Mais, crainte des mouchards, ils n’en parlaient guère qu’à huis clos, prudemment.

      –Des mensonges! disaient les bonnes âmes. Histoire très grossie et méchamment exploitée par les démagogues de la proscription.

      Cependant, si riche et si indépendant qu’il fût maintenant, Warth n’en restait pas moins à la discrétion de Monseigneur; et quand celui–ci l’eut mis au fait des tracas que lui causait Rodolphe, l’ancien caissier ne fit pas une objection au rôle que son bienfaiteur lui réservait auprès de la cantatrice.

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