Название | Trois Roses dans la rue Vivienne |
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Автор произведения | Gustave Claudin |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066328665 |
— Voyez-vous, baronne, disait-il au moment où la modiste entrait, je suis las du veuvage. J’ai patienté jusqu’à ce que mon fils ait atteint sa majorité, mais le voici devenu homme, je vais lui rendre ses comptes, il est riche, il n’a plus besoin de moi; je puis donc songer à me marier à mon goût, pour vivre comme je l’entends, et non comme, jusqu’à présent, l’ont entendu les autres.
— Vous avez raison, mon ami; je vous approuve, et je vous trouverai au besoin une femme. Vous serez un excellent mari. Ce chapeau me coiffe-t-il bien? Je le trouve un peu lourd, un peu éteint.
— Il vous sied à ravir.
— Mais vous me dites cela, dit la baronne, sans me regarder. Je vous vois dans la glace. A quoi pensez-vous donc?
— A rien, je vous admire, cela me suffit.
— Vous n’êtes pas difficile à contenter.
Puis la baronne, se tournant vers la modiste, lui dit:
— Quand m’apporterez-vous mes autres chapeaux?
— Dans trois jours, madame, répondit Marguerite en baissant les yeux et en reprenant ses cartons.
Elle salua et sortit.
— Savez-vous bien, baronne, que cette petite fille est tout simplement merveilleuse?
— Je le sais parfaitement, et j’ai même remarqué que vous n’aviez d’yeux que pour elle. Vous n’avez pas vu mon chapeau, vous n’avez lorgné que la modiste. Je n’ai pas voulu vous le dire tout à l’heure, dans la crainte de faire rougir cette enfant.
— Les modistes ne rougissent plus, reprit le baron.
— C’est selon. Il y en a parmi elles de très-méritantes, et d’autres qui ne le sont pas. Leurs magasins ressemblent à nos salons, avec cette différence qu’il y a cent fois plus de mérite à rester sage dans un magasin que dans un salon. Mais, si vous tenez à savoir ce qu’est en réalité cette petite, je questionnerai sa patronne, une maîtresse femme très-philosophe.
— Où demeure votre modiste?
— Vous voulez y aller vous-même?
— Peut-être bien.
— Et pourquoi faire? Vous n’êtes pas un mauvais sujet, vous êtes même trop vertueux. Mon mari prétend que vous prenez presque exclusivement pour vous tout seul les sermons que l’abbé que vous avez donné pour précepteur à votre fils, adresse à son élève.
— Je vous ai dit que je voulais me marier; j’entends par là que je veux vivre pour moi.
— Ah! bien, je comprends; et voilà pourquoi vous me demandez l’adresse de ma modiste. Elle demeure rue Vivienne. Vous irez?
— Vous êtes folle, baronne, de me supposer capable de pareille chose...
— On ne sait pas, mon cher comte. Il y a tout à redouter d’un cœur comme le vôtre.
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