Iza Lolotte et Compagnie. Alexis Bouvier

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Название Iza Lolotte et Compagnie
Автор произведения Alexis Bouvier
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066316440



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Iza; ils la traitaient bien légèrement, ils avaient avec elle des familiarités qui le blessaient.

      Il avait hâte de se débarrasser d’eux, de ne plus être obligé de recevoir ces gens, qu’il aurait fait jeter à la porte depuis longtemps s’il n’avait eu des intérêts communs et surtout si lui s’était trouvé vis-à-vis d’Iza dans une situation plus normale.

      Il répondit:

      –Je te donne carte blanche; fais ce qui est possible, mais débarrasse-m’en; tant pis si cela coûte cher, et, si l’on accepte ce que j’aurai fait, je payerai personnellement. J’ai toujours eu pour ces gens une aversion profonde; mes pressentiments ne me trompent pas: ils méritent encore moins que le mépris que j’avais pour eux; puis je n’ai pas à hésiter, c’est une question d’avenir pour nous.

      –Je le devinais, fit Iza effrontément, et c’est pour cela que je te conseille d’agir.

      –Une chose m’embarrasse, c’est Van Ber-Costeinn, qui, engagé avec moi, pourra trouver singulier que j’agisse ainsi sans le consulter.

      –Van Ber-Costeinn n’ignore pas ce qui se passe; il m’en parlait encore hier, il était même désespéré; il paraissait regretter d’avoir mis son nom dans cette affaire. Tu diras à Zintsky d’apporter ses livres, tu lui feras expliquer l’affaire; le baron, en voyant les résultats, sera émerveillé. Vous êtes assez riches tous les deux pour n’avoir besoin de personne autour de vous.

      Au mot «riches», de Verchemont soupira, et Iza ajouta d’un ton dégagé:

      –Et puis, ne te tourmente pas de ça, je me charge de Van Ber-Costeinn, je réponds de lui. Agis. Quand nous aurons les signatures, que ces gens seront désintéressés, je donnerai une soirée chez moi, je raconterai au baron ce que nous avons l’intention de faire; je suis convaincue qu’il dira: «Faites vite!» et je lui dirai: «C’est fait.» Alors tu verras sa joie.

      –Eh bien, fit Verchemont en la prenant dans ses bras, agis. Oh! ma chère âme, que d’ennuis, que de tourments je te donne! C’est toi, c’est toi qui toujours me protèges; tu es comme mon ange gardien. Va, mon lza.

      –Demain, je réunis ici ces messieurs, je ferai appeler Zintsky, qui leur montrera la situation, et je traiterai.

      –’C’est entendu.

      Il était tard. Verchemont était heureux; il allait être débarrassé de gens qui lui étaient antipathiques; il n’était pas obligé de traiter avec eux lui-même; il voyait l’avenir brillant, sa fortune se rétablissant dans un milieu plus propre. Il tenait dans ses bras Iza qui lui souriait; de ses mains îl dégrafait et faisait tomber le peignoir qui la couvrait. La grande courtisane tendait ses lèvres; il approcha les siennes en disant:

      –Oh! mon âme!. que je t’aime!.

      C’est Iza qui, quelques années avant, avait été la cause de la révocation déguisée, adoucie du jeune magistrat; c’est Iza qui l’avait arraché de son monde; c’est à cause d’elle que toutes les affections, toutes les amitiés qui environnaient le comte de Verchemont s’étaient éteintes; elle l’avait entraîné dans le monde singulier où elle vivait.

      Ç’avait été pour lui un bouleversement total; vivant au milieu de ces gens, il voyait tout le monde et ne connaissait personne; sa nature honnête, austère, timide, le faisait considérer comme un loup dans le cercle intime d’Iza; on le désignait sous l’appellation boulevardière de «l’empêcheur de danser en rond».

      En se jetant dans les bras d’Iza, le comte de Verchemont avait agi comme un homme qui se suicide.

      Il avait fermé les yeux pour ne pas voir, il s’était bouché les oreilles pour ne pas entendre, il avait placé ses mains sur son cœur et s’était précipité pour se noyer dans son amour.

      Ah! le pauvre gentilhomme, qu’il eût mieux valu que la mort fût là pour le prendre! C’est elle qui l’avait sauvé, c’est elle qui l’avait recueilli, c’est elle qui le faisait agir, qui le faisait souffrir.

      Il n’y avait en ce monde qu’Iza; son haleine était l’air qu’il respirait; il vivait d’elle, par elle et pour elle. Il était dans ses mains comme un grand enfant dont elle était la tutrice. Elle lui avait déjà tout pris: la raison, la dignité, la fortune; il était ruiné, il l’ignorait. La goule avait tout aspiré; la pieuvre l’étranglait de ses tentacules; il avait déjà perdu le sens moral, il ne voyait plus droit. Il allait succomber à la dernière lutte; la Grande Iza allait lui prendre l’honneur.

      C’est elle qui, dans des conditions que nous saurons plus tard, avait traité, en son nom, avec le groupe des financiers parisiens, de la rénovation de la banque Flamande.

      Nous savons ce qu’étaient ces étranges financiers. C’est elle qui traita de leur départ, et cela devait être facile, facile à ce point qu’on eût pu croire que cela avait été une des conditions du premier traité.

      Aussi, lorsque de Verchemont, tout pâle, les yeux cernés, le visage fatigué par l’inquiétude et l’insomnie, se promenant anxieux dans son petit salon, la vit entrer, les yeux brillants, les joues rouges, l’air gai, la vit s’asseoir sur le canapé, s’étendant comme lasse, en disant:

      –Eh bien, c’est fini; mais ce n’est pas sans peine Je suis brisée. Que de discussions, . que d’affaires!.

      Aussitôt, gai, le comte s’élança vers elle en demandant:

      –C’est fait? Ils consentent, ils partent tous?

      –Oui, c’est fait, fit Iza parlant vivement. Ils vont écrire une lettre collective; en raison des bruits indignes répandus sur eux à la bourse, ils donnent leur démission, sans scandale, se déclarant satisfaits de ce qu’ils ont gagné à la banque, affirmant son état de prospérité. Maintenant, Oscar–et elle se releva pour le prendre dans ses bras–la banque est à toi; maintenant, tu es tranquille. Nous sommes riches!...

      –Oh! merci, fit Verchemont; de quels tourments tu me délivres!

      Alors Iza, l’entraînant sur le canapé, le fit asseoir près d’elle, lui racontant le menu détail de sa conversation, de ses discussions pour arriver au but; bavardant, bavardant toujours, terminant d’un ton léger par cette phrase, le post-scriptum d’une lettre:

      –Maintenant, tu es tranquille, tu vas pouvoir reprendre ta vie d’autrefois. Tu n’as plus à t’occuper de l’affaire, Zintsky se charge de tout. Tu n’auras plus qu’à toucher les bénéfices, sans avoir les tourments de la direction. Oh! mon cher Oscar, si tu savais comme je suis heureuse de cela, ce que je souffrais de te voir, toi, riche, obligé à cause de moi de t’occuper de ces tripotages de banque. Enfin, c’est fini, nous sommes riches!

      Et elle l’embrassa longuement.

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