Название | Les quatre filles du docteur Marsch |
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Автор произведения | Louisa May Alcott |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066305802 |
–Moi aussi je déteste mon nom, il conviendrait à une personne très douce et très posée, et je ne suis ni l’une ni l’autre. Je voudrais que tout le monde dit Jo. au lieu de Joséphine. Comment avez-vous fait pour obtenir de vos camarades de vous appeler Laurie?
–Je me suis fâché, je me suis battu avec le plus grand qui s’y refusait, et tout a très bien marché après.
–Je ne peux pas me battre avec tante Marsch; ainsi je suppose que je dois me résigner, murmura Jo avec un soupir.
–N’aimez-vous pas la danse, miss Jo? demanda Laurie, en ayant l’air de penser que le nom lui allait bien.
––Si, assez, lorsqu’il y a beaucoup de place et que tout le monde est gai; mais, dans un petit salon comme celui-ci, où je suis sûre de tout renverser, de marcher sur les pieds des autres, ou de faire quelque chose de terrible, je mets la danse de côté et je laisse Meg faire la belle pour nous deux. Mais vous dansez, vous?
–Quelquefois. Cependant, comme je suis resté quelque temps en Europe et que je ne suis pas ici depuis longtemps, j’ai peur de ne pas connaître vos danses.
–En Europe! Oh! racontez-m’en quelque chose. J’aime beaucoup les récits de voyages.»
Laurie n’avait pas l’air de savoir par où commencer; mais, Jo lui faisant beaucoup de questions, il lui raconta comme quoi il avait été en pension à Vevey, en Suisse, un endroit où les petits garçons portent des képis au lieu de chapeaux, ont des bateaux sur le lac de Genève, et, pendant les vacances, vont faire des excursions avec leurs maîtres sur les glaciers.
–Oh! que je voudrais avoir été dans cette pension-là! s’écria Jo. Êtes-vous allé à Paris?
–Nous y avons passé l’hiver dernier.
–Parlez-vous français?
–A Vevey, on ne nous permettait pas d’employer une autre langue.
–Ah! dites-moi quelque chose en français. Je le lis, mais je ne peux pas le prononcer.
–Quel nom a cette jeune demoiselle qui danse avec ces jolies bottines? dit complaisamment Laurie.
–Oh! que c’est bien. Vous avez dit: «Quelle est cette jeune fille aux jolies bottines», n’est-ce pas?
–Oui, mademoiselle.
–C’est ma sœur Marguerite, vous le savez bien. La trouvez-vous jolie?
— Oui, elle me rappelle les jeunes filles de Genève ; elle est si fraîche et si calme, et elle danse si bien!»
Jo rougit de plaisir en entendant les compliments qu’on faisait de sa sœur, et se promit de ne pas oublier de les lui redire. Elle était redevenue son joyeux elle-même en ne voyant personne faire attention à sa robe ou lever les sourcils à tout propos. Aussi son air gentleman mit bientôt Laurie à l’aise, et, à force de regarder, de bavarder et de critiquer, ils furent bientôt de vieilles connaissances. Jo aimait de plus en plus son «jeune voisin». Elle le regarda très attentivement plusieurs fois afin de pouvoir le bien décrire à ses sœurs, car, n’ayant pas de frère et très peu de cousins, les petits garçons étaient pour elle des créatures presque inconnues.
«Des cheveux noirs bouclés, de grands yeux noirs, un teint brun, un nez aquilin, une jolie bouche, de jolies mains et de petits pieds, très poli pour un garçon, et en même temps très gai. Quel âge peut-il avoir?»
Elle allait le lui demander, mais s’arrêta juste à temps, et, avec un tact qui lui était peu habituel, elle essaya d’arriver à le savoir d’une manière plus polie.
«Je suppose que vous irez bientôt à l’Université. Je vous vois piocher,–non, travailler beaucoup,» dit Jo en rougissant d’avoir laissé échapper le mot «piocher».
Laurie sourit et n’eut pas l’air choqué, puis répondit en haussant les épaules:
«Pas avant deux ou trois ans, en tout cas; car je n’irai certainement pas avant d’avoir dix sept ans.
–N’avez-vous donc que quinze ans? demanda Jo, qui trouvait Laurie très grand et qui lui aurait bien donné dix-sept ans.
–J’aurai quinze ans le mois prochain.
–Que je voudrais donc pouvoir aller à l’Université! Vous ne paraissez pas être de mon avis?
–Je la déteste. Je ne peux pas souffrir la manière d’étudier de ce pays-ci.
–Qu’est-ce que vous aimeriez?
–Vivre en Italie, et m’amuser comme je l’entends.»
Jo aurait bien désiré lui demander ce que c’était que s’amuser comme il l’entendait, mais les sourcils noirs de son compagnon s’étaient froncés subitement d’une manière si alarmante, qu’elle changea ce sujet et dit, en battant la mesure avec son pied:
«Quelle jolie valse! Pourquoi n’allez-vous pas la danser?
–J’irai si vous y venez aussi, répondit-il en lui faisant un drôle de petit salut français.
–Je ne peux pas; j’ai dit à Meg que je ne danserais pas, parce que.»
Et elle s’arrêta, ne sachant pas si elle devait continuer.
«Parce que quoi? demanda curieusement Laurie.
–Vous ne le direz pas?
–Jamais.
–Eh bien, vous saurez que j’ai la mauvaise habitude de ne prendre garde à rien, pas même au feu, et de brûler souvent mes robes; celle-ci a été brûlée par derrière, et, quoiqu’elle ait été bien raccommodée, cela se voit, et Meg m’a recommandé de ne pas bouger de la soirée pour qu’on ne s’en aperçoive pas. Ah! vous pouvez rire si vous voulez, je sais que c’est drôle.»
Mais Laurie ne rit pas, il baissa seulement les yeux une minute, et l’expression de sa figure étonna Jo, lorsqu’il lui dit très gentiment:
«Ne faites pas attention à votre robe, je vais vous dire ce que nous pourrions faire: il y a près d’ici un grand vestibule dans lequel nous serons très bien pour danser sans que personne nous regarde. D’ailleurs nous tournerons très vite, on n’y verra rien du tout. Venez, je vous en prie.»
Jo accepta sans se faire prier davantage et suivit son jeune cavalier dans le vestibule. Elle eut soin pourtant de passer derrière tout le monde et très près du mur pour ne pas trahir, dès le début, le secret de sa robe brûlée; mais, par exemple, elle regretta beaucoup de n’avoir pas de jolis gants lorsqu’elle vit son cavalier en mettre une paire jaune paille d’une étonnante fraîcheur.
Laurie dansait bien, et Jo éprouva un grand plaisir à danser avec lui, dans un endroit où elle ne pouvait «faire aucun malheur»; il lui apprit le pas allemand, et tous deux ne s’arrêtèrent de danser que lorsque la musique eut complètement cessé. Ils s’assirent alors pour se reposer sur la dernière marche de l’escalier, et Laurie était au milieu du récit d’un festival d’étudiants à Heidelberg, lorsque Mcg fit signe à sa sœur de venir. Jo, se rendant bien à contre-cœur à son appel, la trouva dans une chambre à côté, étendue sur un sofa, tenant son pied et se lamentant.
J’ai le pied tout enflé, les stupides talons ont tourné et m’ont donné une entorse épouvantable. J’ai très mal et ne peux plus me tenir debout; je ne sais pas comment je pourrai jamais revenir chez nous.
–Je savais bien que vous vous feriez mal avec ces bottines trop étroites! Je suis très fâchée, mais je ne vois qu’un moyen, c’est d’aller vous chercher une voiture, ou de rester ici toute la nuit, répondit Jo, en frottant doucement le pied endolori de sa sœur.
–Cela coûterait beaucoup trop d’argent de prendre une voiture, et d’ailleurs nous ne pourrions pas en trouver. Tout le monde est venu dans des voitures particulières, et