Название | Les quatre filles du docteur Marsch |
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Автор произведения | Louisa May Alcott |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066305802 |
–Je vais demander à Laurie. Il ira, lui, dit Jo, enchantée de son idée.
–Miséricorde! ne demandez et ne dites rien à personne; donnez-moi seulement mes caoutchoucs et mettez de côté ces maudites bottines, je ne peux plus danser maintenant.
–On va souper; j’aime mieux rester avec vous.
–Non, ma chère; allez vite me chercher un peu de café glacé, je sais qu’il y en a. Je ne peux décidément pas bouger.»
La chambre était solitaire.
Meg s’étendit sur le canapé en cachant soigneusement ses pieds sous sa robe, et Jo se mit à la recherche de la salle à manger en faisant des bévues tout le long de son chemin. Après être entrée dans un cabinet noir rempli de robes et avoir brusquement ouvert une chambre dans laquelle reposait la vieille madame Gardiner, elle finit par trouver la salle à manger et prit une tasse de café qu’elle renversa immédiatement sur elle, rendant ainsi le devant de sa robe aussi peu présentable que le dos.
«Dieu, que je suis maladroite! s’écria-t-elle en frottant sa robe avec le gant de Meg et le salissant aussi.
–Puis-je vous aider?» demanda une voix amie.
Et Laurie vint à côté d’elle portant d’une main une tasse de café et de l’autre une glace.
«J’essayais de porter quelque chose à Meg qui est très fatiguée; quelqu’un m’a poussée et me voilà dans un bel état! répondit Jo en portant piteusement ses regards de sa robe tachée à son gant couleur de café.
–Je cherchais quelqu’un à qui donner ceci. Puis-je le porter à votre sœur?
–Je le veux bien; je vais vous montrer où elle est mais je ne vous offre pas de rien porter, je ferais encore d’autres maladresses.»
Jo le conduisit vers sa sœur, et Laurie, comme s’il était habitué à servir les dames, mit une petite table devant elles, apporta deux autres tasses de café et deux autres glaces pour lui-même et pour Jo, et fut si complaisant que la difficile Meg elle-même dit à Jo que «c’était un gentil petit gentleman». Ils s’amusèrent beaucoup et étaient tellement occupés à tirer des papillotes et à deviner des rébus, que, lorsque Hannah vint les chercher, Meg, oubliant son pied, se leva, mais elle ne put retenir un cri de douleur; elle fut obligée de s’appuyer sur Jo pour ne pas tomber.
«Chut! ne dites rien, dit-elle à Laurie. Ce n’est rien. Je me suis un peu tordu le pied, voilà tout!»
Et elle alla en boitant chercher son manteau.
Hannah gronda, Meg pleura, et Jo, voyant toutes ses idées repoussées, se décida à agir sans consulter personne. Elle se glissa hors de la chambre et, s’adressant au premier domestique qu’elle rencontra, lui demanda s’il pourrait lui trouver une voiture. Le domestique qui était étranger, ne la comprit pas, et Jo très embarrassée, en attendait un autre, quand Laurie, qui l’avait entendue, vint lui offrir de revenir dans la voiture de son grand-père.
«Il est si tôt! vous ne vouliez pas sans doute vous en aller déjà, lui répondit Jo, qui paraissait cependant soulagée d’un grand poids, mais hésitait encore à accepter.
–Je devais partir de très bonne heure, répliqua Laurie. Je vous en prie, permettez-moi de vous ramener chez vous; c’est mon chemin, vous savez, et on vient de dire qu’il pleut.»
Tout étant ainsi arrangé, Jo accepta avec reconnaissance et remonta vite chercher sa sœur et sa bonne. Hannah, qui, comme les chats, détestait la pluie, ne fit aucune objection, et elles montèrent gaiement dans l’élégante calèche. Laurie sauta sur le siège sans vouloir rien entendre, afin de laisser à Meg la possibilité d’étendre son pied, et les jeunes filles purent, en toute liberté, parler de leur soirée:
«Je me suis fameusement amusée! Et vous? demanda Jo en s’étendant.
–Moi aussi, jusqu’à ce que je me sois fait mal. L’’amie de Sallie, Annie Moffat, m’a fait toutes sortes d’amitiés et m’’a invitée à aller passer quelques jours chez elle au printemps, en même temps que Sallie. La troupe d’opéra y sera et je m’amuserai parfaitement bien, si mère veut me laisser aller, répondit Meg, contente à la seule pensée du plaisir qu’elle se promettait.
–Je vous ai vue danser avec le jeune homme aux cheveux rouges qui m’avait fait fuir. Était-il aimable?
–Oh! excessivement! J’ai dansé avec lui une délicieuse redowa. D’abord il n’a pas les cheveux rouges, 1 les a blonds.
–Il ressemblait à une sauterelle quand il a fait le nouveau pas. Laurie et moi ne pouvions pas nous. empêcher de rire en le regardant. Nous avez-vous entendus?
–Non, mais c’était très impoli. Qu’est-ce que vous faisiez cachés tout ce temps-là?»
Jo raconta ses aventures, et lorsqu’elle eut fini, on était arrivé. Elle et Meg remercièrent beaucoup Laurie et, après bien des «bonsoir», se glissèrent sans bruit dans leur chambre, afin de ne réveiller personne; mais, au moment où elles ouvraient leur porte, deux petits bonnets de nuit se soulevèrent, et deux voix endormies mais empressées crièrent:
«Racontez-nous la soirée! Racontez-nous la soirée
–C’est tout à fait comme si j’étais une grande dame, je suis rentrée chez moi en voiture, et j’ai un femme de chambre pour me déshabiller, dit Meg pendant que Jo lui frictionnait le pied avec de l’arnica e lui arrangeait les cheveux.
–Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de belle dames qui se soient autant amusées que nous! Nos cheveux brûlés, nos vieilles robes, nos gants dépareillés et nos bottines trop étroites qui nous donnent des entorses quand nous sommes assez bêtes pour le mettre, répondit Jo, n’ont rien ôté de ses agréments à la soirée.»
Et je pense qu’elle avait tout à fait raison.
CHAPITRE IV
LE PETIT LAURENTZ OU LES INCONVÉNIENTS DES FÊTES ET DES VACANCES
«Mon Dieu, que c’est ennuyeux de s’être amusé pendant toute une semaine!» soupira Meg en se levant le lendemain matin. Les vacances étaient finies, et huit jours de fête ne la disposaient pas à remplir sa tâche quotidienne.
–Je voudrais que ce soit toute l’année Noël ou le jour de l’an! N’est-ce pas que ce serait plus agréable? répondit Jo en bâillant tristement.
–Nous ne nous amuserions peut-être pas tant s’il fallait s’amuser tous les jours,» répondit Meg, retrouvant un peu de raison. Mais cela ne dura pas. «C’est cependant bien agréable d’avoir des petits soupers et des bouquets, d’aller en soirée, d’en revenir en voiture, de lire, de se reposer et même de ne pas travailler, dit Meg, tout en essayant de décider laquelle de ses deux vieilles robes était la plus mettable. C’est comme cela que font les jeunes filles dont les parents ont de la fortune, et il y a des moments où je ne puis pas me retenir de les trouver plus heureuses que nous.
–Bah! riposta Jo, il y a des jeunes personnes très riches qui ont l’air bien maussade; ce n’est donc pas l’argent seul qui rend heureux. Nous ne pouvons pas être comme elles, prenons-en gaiement notre parti et, comme maman, donnons-nous, avec bonne humeur, bien de la peine. Tante Marsch, chez laquelle j’ai pour devoir de passer toute la journée avec la mission impossible à remplir de tâcher de l’égayer, est vraiment pour moi le Vieillard de la mer, de Sindbad le Marin; mais je suppose que, lorsque j’aurai appris à porter mon fardeau sans me plaindre, il sera devenu si léger que je n’y ferai plus attention.»