Название | Kurze Formen in der Sprache / Formes brèves de la langue |
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Автор произведения | Anne-Laure Daux-Combaudon |
Жанр | Документальная литература |
Серия | |
Издательство | Документальная литература |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9783823302469 |
L’analogie entre la langue et un moyen technique qui, comme chaque outil, peut être délibérément amélioré, est une rêverie fréquente de linguiste. La dimension brève est valorisée épistémologiquement dans le changement linguistique, ce que révèle un terme comme celui d’optimisation. Une explication circulaire montre que l’impression première n’est pas problématisée :
(13) L’économie langagière sert d’hyperonyme à l’optimisation linguistique, qui s’essaye à améliorer la langue. Les variables ‘effort’ et ‘résultat’ y sont de première importance, et peuvent se mesurer avec les notions d’‘efficacité’ et d’‘efficience’3.
Une telle valorisation relève d’une psychanalyse des attitudes des linguistes, dans lesquelles le temps serait un bien à économiser parce que trop rare. Il est logique alors qu’à la brièveté s’associe l’idée de rapidité tandis que la longue durée au sens de Braudel serait la caractéristique des morceaux longs. C’est ainsi que Fritz vante les textes courts en modèle textuel pour la communication scientifique en établissant un lien entre le format bref du texte et la rapidité de publication. En citant quelques revues électroniques spécialisées dans les formats courts comme la revue snippets de langue anglaise (qui veut dire Schnipsel, soit rognure, petit morceau), Fritz explique que l’urgence à publier, intrinsèquement liée à la reconnaissance de la priorité de la découverte essentielle à la science contemporaine globalisée, exigerait ces communications brèves (Fritz 2016 : 94). Par l’intermédiaire de textes plus courts, on accélérerait, et donc optimiserait la communication scientifique, alors que les rares études cherchant à vérifier l’impact de la modernisation de la forme sur la diffusion du savoir concluent à l’effet contraire (Münch 2007 : 273, 337). À nouveau, la réflexion qui sous-tend la présupposition de Fritz est que l’énoncé court et l’énoncé long diraient effectivement la même chose, seraient donc synonymes. Cela relève d’une conception exclusivement cybernétique de la communication, celle d’une information factuelle ou logique qui parvient au récepteur sans valeur, sans connotation, ni réseau sémantique associé dans la cognition. Les réflexions métalangagières sont uniquement quantitatives et tangibles, et non qualitatives et inférentes.
Conclusion
La qualité attribuée à la brièveté relève d’une bipolarisation entre le positif et le négatif. Les auteurs légitiment la supériorité de la parole brève et son imaginaire positif par des arguments tels qu’une plus grande rapidité de dénotation : la formule brève ou le mot court permettraient de réaliser cet idéal d’univocité maximale, effet qui serait d’autant mieux réalisé qu’on a affaire à une quantité réduite de signifiants. Les exemples illustrent le jugement épi- et métalinguistique d’une progression qualitative, en urbanité, en esthétique, en moyens matériels et humains par une économie de signes. La raison en serait-elle à chercher dans le cours du monde et la lutte contre l’infobésité contemporaine, comme le suggère Siever (2011 : 13) ?
Non : les raisons invoquées sont difficiles à justifier objectivement, et cet imaginaire découle d’une idéologie positiviste qui fusionne les mots avec les choses, découlant d’une vision instrumentale de la langue. C’est ainsi que dans l’imaginaire langagier franco-allemand, la brièveté est polie, belle, et efficace.
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Die lange Geschichte der kurzen Formen
Frank Liedtke
Einleitung
Das Ideal eines Satzes im Allgemeinen wurde lange Zeit darin gesehen, dass er aus