Le Sourire Idéal. Блейк Пирс

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Название Le Sourire Idéal
Автор произведения Блейк Пирс
Жанр Зарубежные детективы
Серия
Издательство Зарубежные детективы
Год выпуска 0
isbn 9781094310435



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et je vous garantis que Bolton Crutchfield n’ira nulle part.

      — Comment pouvez-vous en être aussi sûre ? demanda Corcoran.

      — Parce qu’il n’en a pas encore fini avec moi.

      *

      Cette nuit, Jessie ne trouva pas le sommeil. Quand elle se fut retournée pendant ce qui lui sembla être des heures, elle sortit du lit et alla à la cuisine pour remplir son verre à eau, qui était vide.

      Quand elle marcha dans le couloir couvert de moquette qui partait de la chambre, elle sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas. Le marshal qui était habituellement stationné sur une chaise placée là où le couloir donnait sur le salon était introuvable. Jessie envisagea de retourner dans sa chambre pour aller y chercher une arme puis se souvint qu’elle n’en avait aucune. Le Marshals Service l’avait prise jusqu’à nouvel ordre.

      Donc, elle appuya le dos contre le mur du couloir sans tenir compte de son cœur qui battait la chamade et se dirigea vers la chaise vide sur la pointe des pieds. Quand elle se rapprocha, grâce au clair de lune qui entrait par les fenêtres, elle vit une tache sombre et humide sur la moquette couleur crème. La grande étendue sur laquelle le liquide avait giclé indiquait que ce n’était pas du vin que l’on aurait laissé tomber là par accident. Elle remarqua aussi que le liquide formait une ligne non négligeable qui s’étendait à perte de vue.

      Jessie passa la tête autour du coin et vit que le marshal était allongé sur le dos contre l’autre mur, où on l’avait apparemment entraîné. Il avait la gorge tranchée d’un côté à l’autre. À côté de lui, par terre, il y avait son arme de service.

      Jessie ressentit une poussée d’adrénaline pleine d’anxiété qui fit picoter ses doigts. En se souvenant de rester concentrée, elle s’agenouilla et inspecta la pièce en attendant d’être plus calme. Cela lui prit moins longtemps qu’elle ne l’aurait cru.

      Comme elle ne voyait personne, elle jaillit de sa cachette et saisit l’arme. Quand elle baissa les yeux, elle vit une traînée d’empreintes de pas sanglantes qui s’éloignaient du corps du marshal pour aller vers la salle à manger attenante. Restant accroupie derrière le sofa, elle avança rapidement jusqu’à ce qu’elle puisse voir clairement ce qui se passait dans la pièce.

      Un autre marshal y gisait par terre. Celui-là était face contre terre et baignait dans une mare de sang qui s’étendait rapidement de son cou en coulant et en formant une mare autour de son visage et de son torse.

      En se forçant à ne pas s’attarder sur cette image, Jessie suivit les empreintes de pas sanglantes de cette pièce jusque dans la véranda, qui menait à la piscine dans la cour de derrière. La porte coulissante était ouverte et une brise légère poussait les rideaux vers l’intérieur en les faisant gonfler comme des nuages de basse altitude.

      Jessie inspecta la pièce. Comme elle était vide, elle alla jusqu’à la porte coulissante pour jeter un coup d’œil à l’extérieur. On y voyait un corps en costume, qui flottait sur le ventre dans l’eau, laquelle prenait rapidement une teinte rouge-rosâtre. Ce fut à ce moment qu’elle entendit quelqu’un se racler la gorge derrière elle.

      Elle virevolta tout en armant le pistolet. En face d’elle, à l’autre bout de la pièce, il y avait Bolton Crutchfield et son père, Xander Thurman, qui avait l’air étonnamment en bonne santé, alors que, seulement quelques semaines auparavant, il avait été touché au ventre et à l’épaule, avait probablement eu une fracture au crâne et avait sauté par une fenêtre du quatrième étage. Les deux hommes tenaient de longs couteaux de chasse.

      Son père sourit tout en articulant silencieusement « Petite chérie », le nom affectueux qu’il avait donné à Jessie quand elle avait été petite. Jessie souleva l’arme et se prépara à tirer. Quand son doigt commença à appuyer sur la détente, Crutchfield parla.

      — J’avais promis que je reviendrais vous voir, Mlle Jessie, dit-il aussi tranquillement que lorsqu’il lui avait parlé au travers de l’épaisse vitre de sa cellule.

      Ses semaines de liberté ne lui avaient pas fait perdre de poids. Comme il mesurait un mètre soixante-douze et pesait environ soixante-huit kilos, il était moins impressionnant que Jessie sur le plan physique. Son visage grassouillet donnait l’impression qu’il avait vingt-cinq ans au lieu de trente-cinq et ses cheveux marron, avec une raie bien nette sur le côté, rappelaient à Jessie les garçons du club de maths au collège. Seuls ses yeux marron froids comme l’acier suggéraient ce dont il était véritablement capable.

      — On dirait que vous vous êtes acoquiné avec des gens peu recommandables, dit-elle d’une voix désespérément tremblante en désignant son père d’un signe de tête.

      — C’est ce que j’aime chez vous, Mlle Jessie, dit Crutchfield avec admiration. Vous ne reculez jamais, même quand vous êtes dans une situation sans issue.

      — Je vous invite à y réfléchir, signala Jessie. Vous avez tous les deux des couteaux et j’ai une arme à feu.

      — Quelle petite diablesse, s’émerveilla Crutchfield en se tournant vers Thurman avec appréciation.

      Son père hocha la tête, encore silencieux. Alors, les deux hommes se concentrèrent à nouveau sur elle. Leurs sourires disparurent en même temps.

      — Il est temps, Mlle Jessie, dit Crutchfield.

      Les deux hommes avancèrent simultanément vers elle. Jessie tira d’abord sur son père, trois balles dans la poitrine, avant de se concentrer sur Crutchfield. Sans hésitation, elle lui envoya trois balles dans le torse. L’air se remplit d’une fumée âcre et l’écho de ses tirs résonna dans la pièce.

      Cependant, aucun des deux hommes ne s’arrêta ni même ne ralentit. Comment était-ce possible ? Même avec des gilets pare-balles, ils auraient dû chanceler.

      Elle n’avait plus de balles, mais elle appuya quand même sur la détente, ne sachant pas quoi faire d’autre. Quand les deux hommes continuèrent à avancer vers elle en tenant leurs couteaux en l’air, loin au-dessus de leur tête, elle jeta l’arme et prit une attitude défensive en sachant parfaitement que c’était en pure perte. Les couteaux s’abattirent, tranchants, violents, rapides.

      *

      Jessie poussa un cri étouffé et se redressa dans son lit, droite comme un i. Elle était trempée de sueur et respirait lourdement. Quand elle regarda dans la pièce, elle vit qu’elle était seule. Les volets des fenêtres étaient encore cloués pour empêcher qui que ce soit d’entrer. Précaution de sécurité supplémentaire, il y avait encore une chaise d’appuyée sous le bouton de la porte de sa chambre. Le réveil indiquait 1 h 39 du matin.

      On frappa doucement à la porte.

      — Tout va bien là-dedans, Mme Hunt ? demanda un des marshals. J’ai entendu un bruit.

      — C’est juste un cauchemar, répondit-elle, ne voyant aucune raison de mentir au marshal, qui avait déjà dû comprendre de quoi il s’agissait.

      — OK. S’il vous faut quelque chose, dites-le-moi.

      — Merci, dit-elle.

      Le marshal s’éloigna et Jessie écouta le craquement familier du plancher qui se trouvait sous la moquette. Alors, elle glissa les jambes hors du lit et resta tranquillement assise pendant un moment pour permettre à son cœur et à sa respiration de reprendre un rythme normal. Elle se leva et alla dans la salle de bains. Il fallait qu’elle se douche et qu’elle change ses draps mouillés.

      Quand elle traversa la pièce, elle ne put s’empêcher d’aller jusqu’à la seule fenêtre où le volet était légèrement entrebâillé pour laisser entrer un peu de lumière. Elle fut certaine de voir la silhouette de quelqu’un dans les ombres des arbres qui se dressaient derrière la piscine. Même quand elle se fut assurée que c’était un tronc d’arbre ou un marshal, elle