Название | Le magasin d'antiquités, Tome II |
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Автор произведения | Чарльз Диккенс |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
– Vous ne pouvez rien faire de mieux, répondit le notaire. Il faut absolument que vous preniez Christophe avec vous.
– Je vous demande pardon, dit Kit, qui avait prêté attentivement l'oreille à ces paroles; mais si c'est là votre raison, j'ai peur de vous être plus nuisible qu'utile. Pour miss Nelly, monsieur, elle me connaît bien, elle, et elle aurait confiance en moi, bien certainement; mais le vieux maître, je ne sais pourquoi, messieurs, ni moi ni personne, n'a plus voulu me voir depuis qu'il a été malade, et miss Nelly elle-même m'a dit que je ne devais plus approcher son grand-père, ni me montrer à lui désormais. Je craindrais donc de gâter tout ce que vous feriez. Je donnerais tout au monde pour vous suivre, mais vous ferez mieux de ne point me prendre avec vous, monsieur.
– Là! encore une difficulté! s'écria l'impétueux gentleman: y eut-il jamais un homme aussi embarrassé que moi? N'y a-t-il donc personne qui les ait connus, personne en qui ils aient confiance? La vie retirée qu'ils ont menée m'empêchera-t-elle donc de trouver quelqu'un pour servir mon dessein?
– N'y a-t-il personne, Christophe? demanda le notaire.
– Personne, monsieur, répondit Kit. Ah! mais si, pardon, il y a ma mère.
– Est-ce qu'ils la connaissent? dit le gentleman.
– S'ils la connaissent, monsieur! Elle allait et venait sans cesse chez eux. Ils étaient aussi bons pour elle que pour moi. Et tenez, monsieur, elle espérait toujours qu'ils reviendraient chez elle.
– Eh bien, alors, où diable est cette femme? dit avec impatience le gentleman en prenant son chapeau. Pourquoi n'est-elle pas ici? Pourquoi ne se trouve-t-elle jamais là où l'on a besoin d'elle?»
En un mot, le gentleman allait s'élancer hors de l'étude, déterminé à s'emparer de force de la mère de Kit, à la jeter dans une chaise de poste et à l'enlever, quand M. Abel et le notaire réussirent par leurs efforts réunis à conjurer ce nouveau mode d'enlèvement: ils l'arrêtèrent par la puissance de leurs raisonnements et lui démontrèrent qu'il était plus convenable de sonder Kit pour savoir de lui si sa mère consentirait volontiers à entreprendre si précipitamment ce voyage.
À ce sujet, Kit exprima quelques doutes, le gentleman s'abandonna à de violentes démonstrations, et le notaire ainsi que M. Abel prononcèrent à l'envi des discours pour l'apaiser. Le résultat de la conférence fut que Kit, après avoir pesé dans son esprit et examiné soigneusement la question, promit, au nom de sa mère, qu'à deux heures de là elle serait prête pour l'expédition projetée et s'engagea à l'amener chez le notaire tout équipée pour le voyage, avant même que le terme indiqué fut expiré.
Ayant pris cet engagement assez téméraire, car il n'était pas sûr de pouvoir le tenir, Kit ne perdit pas de temps pour sortir et aviser aux mesures d'où dépendait l'accomplissement immédiat de sa parole.
CHAPITRE IV
Kit se fraya un chemin à travers la foule qui encombrait les rues, divisant ce courant de flots humains, s'engageant d'un pas rapide le long des trottoirs, passant au travers des allées et des ruelles, et ne s'arrêtant ni ne se détournant de sa route jusqu'à ce qu'il fût arrivé près de la boutique d'antiquités: là il fit une pause, moitié par habitude, moitié pour reprendre haleine.
C'était par une sombre soirée d'automne, et jamais ce lieu ne lui avait paru plus triste que dans l'ombre lugubre du crépuscule. Les fenêtres brisées, les châssis détraqués craquant dans leurs cadres, cette maison déserte qui formait une sorte d'interruption sinistre dans la lumière et le mouvement de la rue qu'elle coupait en deux longues lignes séparées, au milieu desquelles elle s'élevait froide, ténébreuse et vide, tout cela présentait un tableau de désolation qui traversait péniblement les rêves brillants que le jeune homme avait conçus pour les derniers habitants de cette maison; il ne voyait partout que désenchantement et malheur. Ah! qu'il eût aimé à voir un bon feu ronfler dans les cheminées glacées, des flambeaux illuminer les croisées, des figures aller et venir derrière les vitres, à entendre le bruit d'une conversation animée, quelque chose enfin qui fût à l'unisson des espérances nouvelles qu'il avait senties s'agiter dans son coeur! Il ne s'était pas attendu à trouver à la maison un aspect différent, car il savait bien que c'était impossible; mais ce spectacle de deuil tombant au milieu de ses pensées ardentes et de ses souhaits impatients, en arrêtait brusquement le cours pour y jeter une ombre pleine de deuil et de tristesse.
Cependant, bien heureusement pour lui, il n'avait ni assez de savoir, ni assez de poésie contemplative dans l'esprit pour en concevoir de fâcheux présages d'avenir, et grâce à ce qu'il lui manquait ces lunettes mentales pour éclaircir sa vision, il ne vit rien autre chose qu'une maison en ruine qui formait un fâcheux désaccord avec ses pensées précédentes. Ainsi, tout en regrettant d'être obligé de passer outre sans se rendre compte de son impression, il reprit sa course et redoubla de célérité pour regagner les quelques moments qu'il avait perdus.
«Et maintenant, se dit-il, à mesure qu'il approchait du pauvre logis de sa mère, si elle était sortie, si je ne pouvais pas la trouver, cet impatient gentleman me recevrait joliment! Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne vois pas de lumière et que la porte est fermée. Dieu me pardonne, s'il y a là dedans du Petit-Béthel, je voudrais que le Petit-Béthel fût au… fût bien loin d'ici!» dit Kit, corrigeant à temps sa malédiction contre le Petit-Béthel, et frappant à la porte.
Il frappa une seconde fois sans obtenir de réponse; mais une voisine sortit de chez elle, au bruit qu'il faisait:
«Qui est-ce qui demande mistress Nubbles? dit-elle.
– C'est moi, dit Kit. Elle est au… au Petit-Béthel, je suppose?»
Il prononça avec quelque répugnance le nom de ce conventicule qui lui déplaisait, et appuya sur les mots avec une emphase dédaigneuse.
La voisine fit un signe de tête affirmatif.
«Eh bien, je vous prie, dites-moi où c'est, car je suis venu pour affaire pressée, et il faut que j'emmène ma mère sur-le-champ quand bien même elle serait dans la chaire.»
Ce n'était pas chose aisée que d'obtenir des renseignements sur le bercail en question; en effet, aucun des voisins n'appartenait au troupeau qui le fréquentait; et la plupart d'entre eux ne le connaissaient que de nom. Enfin, une commère qui avait accompagné mistress Nubbles à la chapelle une ou deux fois, aux jours solennels, les jours où une bonne tasse de thé devait précéder les exercices de dévotion, fournit à Kit les informations nécessaires. Il ne les eut pas plutôt obtenues, qu'il partit comme un trait.
Si le Petit-Béthel avait été plus près, si l'on avait pu s'y rendre par un chemin plus direct, le révérend gentleman qui présidait la congrégation eût perdu son allusion favorite aux rues tortueuses qui y conduisaient, et qui lui permettaient de le comparer au paradis même, en opposition aux églises de paroisse et aux larges rues qui y mènent. Enfin, et non sans peine, Kit réussit à le découvrir; il s'arrêta un moment à la porte pour respirer et se présenter décemment, puis il entra dans la chapelle.
À certain égard, ce lieu n'était pas mal nommé, car c'était vraiment un petit Béthel, un Béthel de dimensions exiguës, avec un petit nombre de petits bancs et une petite chaire dans laquelle un petit gentleman cordonnier par état et prophète par vocation, était en train de débiter d'une toute petite voix un tout petit sermon approprié à l'état moral de l'auditoire qui, s'il était petit par le nombre, était moindre encore par l'attention, la majorité étant parfaitement endormie.
Au nombre des derniers, se trouvait la mère de Kit. La pauvre femme, après les fatigues de la nuit précédente, avait bien de la peine à tenir les yeux