Le magasin d'antiquités, Tome II. Чарльз Диккенс

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Название Le magasin d'antiquités, Tome II
Автор произведения Чарльз Диккенс
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
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la mère de Kit et la mère de Barbe déclarèrent d'une voix commune qu'elles n'avaient jamais vu un jeune homme plus avenant et plus gracieux.

      On se mit alors à souper de bon appétit; et voilà que Barbe, cette petite folle de Barbe, dit qu'elle ne pourrait pas manger plus de deux huîtres; tout ce qu'on obtint d'elle avec des efforts incroyables, ce fut qu'elle en mangeât quatre. En revanche, sa mère et celle de Kit s'en acquittèrent à merveille: elles mangèrent, rirent et s'amusèrent si bien que Kit, rien qu'à les voir, se mit à rire et manger de même façon par la force de la sympathie. Mais ce qu'il y eut de plus prodigieux dans cette nuit de fête, ce fut le petit Jacob qui absorbait les huîtres comme s'il était né et venu au monde pour cela; il y versait le poivre et le vinaigre avec une dextérité au-dessus de son âge, et finit par bâtir une grotte sur la table avec les écailles. Il n'y eut pas jusqu'au poupon qui, de toute la soirée, ne ferma pas l'oeil, restant là paisiblement assis, s'efforçant de fourrer dans sa bouche une grosse orange et regardant avec satisfaction la lumière du gaz. Vraiment, à le voir sur les genoux de sa mère, très-occupé de contempler le gaz qui ne le faisait point sourciller, et à égratigner son gentil visage avec une écaille d'huître, un coeur de fer n'eût pu s'empêcher d'être attendri et de l'aimer. En résumé, jamais il n'y eut plus charmant souper, et lorsque Kit eut demandé, pour finir, un verre de quelque chose de chaud et proposé qu'on bût à la ronde à la santé de M. et mistress Garland, nous pouvons dire qu'il n'y avait pas dans le monde entier six personnes plus heureuses.

      Mais tout bonheur a son terme, ce qui en rend d'autant plus agréable le prochain retour; et comme il commençait à se faire tard, on reconnut qu'il était temps de retourner au logis. Ainsi, après s'être un peu écartés de leur chemin pour conduire Barbe et sa mère jusqu'à la maison d'un ami chez qui elles devaient passer la nuit, Kit et mistress Nubbles les laissèrent à leur porte en se promettant de retourner ensemble à Finchley le lendemain matin de bonne heure et en échangeant bien des projets pour les plaisirs de la future sortie. Alors Kit prit sur son dos le petit Jacob, donna son bras à sa mère, un baiser au poupon, et tous quatre se mirent à trotter gaiement pour regagner leur domicile.

      CHAPITRE III

      Plein de cette espèce d'ennui vague qui s'éveille d'ordinaire le lendemain des jours de fête, Kit se leva dès l'aurore et, un peu dégrisé des plaisirs de la soirée précédente par l'importune fraîcheur de la matinée et la nécessité de reprendre son service et ses travaux journaliers, il songea à aller chercher au rendez- vous convenu avec Barbe et sa mère. Mais il eut soin de ne point éveiller sa petite famille qui dormait encore, se reposant de ses fatigues inaccoutumées: aussi posa-t-il son argent sur la cheminée en traçant à la craie un avis pour appeler sur ce sujet l'attention de mistress Nubbles et lui apprendre que cet argent provenait de son fils dévoué; puis il sortit, le coeur un peu plus lourd que les poches, mais malgré cela sans trop d'accablement.

      Oh! les jours de fête! pourquoi nous laissent-ils un regret? Pourquoi ne nous est-il pas permis de les refouler dans notre mémoire, ne fût-ce qu'une semaine ou deux, pour pouvoir en quelque sorte les mettre à la distance convenable où nous ne les verrions plus qu'avec une indifférence calme ou bien avec un doux souvenir? Pourquoi nous laissent-ils un arrière-goût, comme le vin de la veille nous laisse le mal de tête et la fatigue, avec une foule de bonnes résolutions pour l'avenir qui devraient être éternelles, mais qui ne durent guère que jusqu'au lendemain exclusivement.

      Nul n'aura lieu de s'étonner si nous disons que Barbe avait mal à la tête, ou que la mère de Barbe ressentit de la lassitude; qu'elle n'était plus tout à fait aussi enthousiaste du théâtre d'Astley et trouvait que le clown devait être décidément plus vieux qu'il ne leur avait paru la veille. Kit ne fut pas du tout surpris de ces critiques; lui-même, il se disait tout bas que les acteurs de ce spectacle éblouissant n'étaient que des baladins qui avaient déjà rempli le même rôle l'avant-veille, et qu'ils le rempliraient encore ce soir et demain, et bien des semaines et des mois devant d'autres spectateurs. Voilà la différence du jour au lendemain. Nous allons tous à la comédie ou nous en revenons.

      Cependant on sait que le soleil n'a que de faibles rayons lorsqu'il se lève et qu'il acquiert de la force et de l'énergie à mesure que le jour se développe. Ainsi par degrés les trois compagnons de route commencèrent à se rappeler diverses circonstances des plus agréables jusqu'à ce que, moitié causant, moitié marchant et riant, ils arrivèrent à Finchley en si bonnes dispositions que la mère de Barbe déclara ne s'être jamais trouvée moins fatiguée ni en meilleur état d'esprit, et que Kit en fit autant. Barbe, qui s'était tue durant toute la route, fit la même déclaration. Pauvre petite Barbe! Elle était si douce et si gentille!

      Il était de si bonne heure quand ils rentrèrent à la maison, que Kit avait étrillé le poney et l'avait rendu aussi brillant qu'un cheval de course avant que M. Garland fût descendu pour déjeuner. La vieille dame, le vieux monsieur et M. Abel lui firent hautement compliment de son exactitude et de son activité. À son heure accoutumée, ou plutôt à la minute, à la seconde, car il était la ponctualité en personne, M. Abel partit pour prendre la diligence de Londres, et Kit et le vieux gentleman allèrent travailler au jardin.

      Ce n'était pas la moins agréable des fonctions de Kit; car lorsqu'il faisait beau, ils étaient absolument en famille: la vieille dame s'installait auprès d'eux avec son panier à travail posé sur une petite table; le vieux gentleman bêchait, émondait, taillait avec une grande paire de ciseaux, ou aidait Kit avec beaucoup d'activité à diverses besognes; et Whisker, du fond du parc où il paissait, les regardait tous paisiblement. Ce jour-là, ils avaient à tailler la vigne en cordons: Kit monta jusqu'à la moitié d'une échelle courte et se mit à couper les bourgeons et à attacher les branches, à coups de marteau, tandis que le vieux gentleman, suivant avec attention tous ses mouvements, lui tendait les clous et les chiffons au fur et à mesure qu'il en avait besoin. La vieille dame et Whisker les regardaient comme à l'ordinaire.

      «Eh bien, Christophe, dit M. Garland, vous avez donc acquis un nouvel ami?

      – Pardon, monsieur, je n'ai pas entendu, répondit Kit en abaissant les yeux vers le pied de l'échelle.

      – Vous avez acquis un nouvel ami dans l'étude, à ce que m'a appris M. Abel.

      – Oh! oui, monsieur, oui. Il a agi très-généreusement avec moi, monsieur.

      – J'en suis ravi, répliqua le vieux gentleman avec un sourire. Il est disposé à agir encore bien plus généreusement, Christophe.

      – Vraiment, monsieur! C'est trop de bonté de sa part, mais je n'en ai pas besoin, pour sûr, dit Kit frappant fortement un clou rebelle.

      – Il désire beaucoup vous avoir à son service… Prenez donc garde à ce que vous faites; sinon, vous allez tomber et vous blesser.

      – M'avoir à son service, monsieur! s'écria Kit qui s'était arrêté tout court dans sa besogne pour se retourner sur l'échelle avec l'agilité d'un faiseur de tours. Mais, monsieur, je pense bien qu'il n'a pas dit cela sérieusement.

      – Au contraire, il l'a dit très-sérieusement, d'après sa conversation avec M. Abel.

      – On n'a jamais vu ça, murmura Kit, regardant tristement son maître et sa maîtresse. Cela m'étonne bien de la part de ce monsieur; je ne le comprends pas.

      – Vous voyez, Christophe, dit M. Garland, c'est une affaire d'importance pour vous, et vous ferez bien d'y réfléchir. Ce gentleman peut vous donner de meilleurs gages que moi; je ne dis pas vous traiter avec plus de douceur et de confiance: j'espère que vous n'avez pas à vous plaindre de vos maîtres: mais certainement il peut vous faire gagner plus d'argent.

      – Après, monsieur?.. dit Kit.

      – Attendez un moment, interrompit M. Garland; ce n'est pas tout. Vous avez été un fidèle serviteur pour vos anciens maîtres, je le sais, et si le gentleman les retrouvait, comme il s'est proposé de le faire par tous les moyens possibles, je ne doute pas qu'étant à son service vous n'en fussiez bien récompensé. En outre, ajouta M. Garland avec plus de force, vous aurez le plaisir de vous trouver de nouveau en rapport avec des personnes auxquelles vous semblez porter un attachement si