Название | Le magasin d'antiquités, Tome II |
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Автор произведения | Чарльз Диккенс |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
Tandis qu'ils discouraient ainsi, celui qui faisait le sujet de leur entretien et qui, par parenthèse, n'avait pas paru reconnaîtra M. Richard Swiveller, rentra dans la maison. Kit rejoignit les deux causeurs; M. Swiveller lui adressa sans plus de succès des questions sur l'étranger.
«C'est un excellent homme, monsieur, dit Kit; c'est tout ce que j'en sais.»
Cette réponse redoubla la mauvaise humeur de M. Chukster qui, sans faire d'allusion directe, dit en thèse générale qu'on ferait bien de casser la tête à tous les Snobs et de leur tortiller le nez. M. Swiveller n'appuya pas cet amendement; mais au bout de quelques moments de réflexion, il demanda à Kit quel chemin il suivait, et il se trouva que c'était précisément la direction qu'il avait à suivre lui-même; en conséquence, il le pria de le prendre un peu dans sa voiture. Kit eût bien volontiers décliné cet honneur; mais déjà M. Swiveller s'était installé sur le siège à côté de lui: il n'y avait donc pas moyen de le refuser, à moins de le jeter par terre. Kit partit rapidement, si rapidement qu'il coupa en deux les adieux du président perpétuel et de M. Chukster qui éprouva l'inconvénient de sentir ses cors écrasés par l'impatient poney.
Comme Whisker était las de se reposer, et comme M. Swiveller avait l'attention, de l'exciter encore par des sifflements aigus et les cris variés du sport, ils allèrent d'un pas trop vif pour pouvoir causer d'une manière suivie; d'autant plus que le poney, stimulé par les semonces de M. Swiveller, se prit d'un goût particulier pour les lampadaires et les roues de charrette, et montra un violent désir de courir sur les trottoirs pour aller se frotter contre les murs de briques. Ils ne réussirent à parler qu'en arrivant à l'écurie, et quand la chaise eut été tirée à grand'peine d'une étroite entrée de porte où le poney s'était introduit avec l'idée qu'il pouvait prendre par là pour arriver à sa stalle habituelle.
«Rude besogne! dit M. Swiveller. Que pensez-vous d'un verre de bière?»
Kit refusa d'abord, puis il consentit, et ils se rendirent ensemble au cabaret le plus proche.
«Buvons, dit Richard en soulevant le pot couvert d'une mousse brillante, buvons à la santé de notre ami… n'importe son nom… qui causait avec vous tout à l'heure, vous savez… je le connais. Un brave homme, mais excentrique, très-excentrique… à la santé de M… je ne sais pas son nom!..»
Kit fit raison au toast.
«Il demeure dans ma maison, reprit Dick, du moins dans la maison où se trouve la raison sociale dont je suis solidaire. C'est un original peu commode et qu'il n'est pas facile de faire parler; mais c'est égal, nous l'aimons tous, oui, vraiment, je vous assure.
– Il faut que je parte, monsieur, s'il vous plaît, dit Kit qui fit un mouvement pour s'éloigner.
– Pas si vite, Christophe; buvons à votre mère.
– Je vous remercie, monsieur.
– C'est une excellente femme que votre mère, Christophe. Oh, les mères! Qui est-ce qui courait pour me relever quand je tombais et baisait la place pour me guérir? Ma mère. Une femme charmante aussi!.. Cet homme paraît généreux. Nous l'engagerons à faire quelque chose pour votre mère. La connaît-il, Christophe?»
Kit secoua la tête, et ayant vivement remercié du regard le questionneur, il s'échappa avant que celui-ci pût proférer un mot de plus.
«Hum! dit M. Swiveller après réflexion, ceci est étrange. Rien que des mystères dans la maison de Brass. Cependant je prendrai conseil de ma raison. Jusqu'à présent tout et chacun a été admis à mes confidences, mais maintenant je pense que je ferai bien de n'agir que par moi-même. C'est étrange, fort étrange.»
Après de nouvelles réflexions faites d'un air de profonde sagesse, M. Swiveller avala quelques autres verres de bière; puis appelant un petit garçon qui l'avait servi, il versa devant lui sur le sable, en guise de libation, le peu de gouttes qui restaient, et lui ordonna d'emporter au comptoir, avec tous ses compliments, les verres vides, et par-dessus toutes choses de mener une vie sobre et modérée en s'abstenant des liqueurs excitantes et enivrantes. Lui ayant donné pour sa peine ce morceau de moralité, ce qui, selon sa remarque sage, valait bien mieux qu'une pièce de deux sous, le président perpétuel des Glorieux Apollinistes mit les mains dans ses poches et s'en alla comme il était venu, toujours songeant.
CHAPITRE II
Toute cette journée, quoiqu'il dût attendre M. Abel jusqu'au soir, Kit s'abstint d'aller voir sa mère, bien décidé à ne pas anticiper le moins du monde sur les plaisirs du lendemain, mais à laisser venir ce flot de délices. Car le lendemain devait être le grand jour, le jour si attendu qui ferait époque dans sa vie; le lendemain était le terme de son premier quartier, c'était le jour où il recevrait pour la première fois la quatrième partie de ses gages annuels de six livres, représentée par la forte somme de trente schillings; le lendemain serait un jour de congé consacré à un tourbillon d'amusements, et où le petit Jacob apprendrait quel goût ont les huîtres et ce que c'est que le spectacle.
Une quantité de circonstances heureuses favorisaient ses projets: non-seulement M. et mistress Garland lui avaient annoncé d'avance qu'ils ne déduiraient rien de cette forte somme pour ses frais d'équipement, mais qu'ils lui remettraient ladite somme intégralement et dans sa vaste étendue; non-seulement le gentleman inconnu avait augmenté son fonds d'une somme de cinq schellings, qui étaient une bonne aubaine et un véritable coup de fortune; non-seulement il était survenu une foule de choses heureuses sur lesquelles personne n'eût pu compter dans ses calculs ordinaires ou même les plus ambitieux, mais encore c'était aussi le quartier de Barbe: oui, ce même jour le quartier de Barbe! et Barbe avait un congé aussi bien que Kit, et la mère de Barbe devait être de la partie, elle devait prendre le thé avec la mère de Kit pour faire connaissance avec elle!
Ce qu'il y a de certain, c'est que Kit regarda fréquemment à sa fenêtre dès le point du jour pour voir quel chemin suivaient les nuages; ce qu'il y a de certain, c'est que Barbe se fut mise également à la sienne si elle n'eût veillé très-tard à empeser et repasser de petits morceaux de mousseline, à les plisser et à les coudre sur d'autres morceaux, le tout destiné à former un magnifique ensemble de toilette pour le lendemain. Mais tous deux furent prêts de bonne heure avec un très-médiocre appétit pour le déjeuner et moins encore pour le dîner, et ils étaient dans une vive impatience quand la mère de Barbe arriva en s'extasiant sur la beauté du temps (ce qui ne l'avait pas empêchée de se munir d'un grand parapluie, car c'est un meuble sans lequel les gens de cette catégorie sortent rarement aux jours de fête), et quand on sonna pour les avertir de monter l'escalier pour aller recevoir leur trimestre en or et en argent.
Et puis M. Garland ne fut-il pas bien bon quand il dit:
«Christophe, voici vos gages, vous les avez bien gagnés?»
Et mistress Garland ne fut-elle pas excellente quand elle dit: «Barbe, voici ce qui vous revient; je suis très-contente de vous!» Et Kit, comme il signa son reçu d'une main ferme! Et Barbe, comme elle tremblait en signant le sien! Et comme il fut intéressant de voir mistress Garland verser à la mère de Barbe un verre de vin, et d'entendre la mère de Barbe s'écrier: «Dieu vous bénisse, madame, vous qui êtes une si bonne dame; et vous aussi, mon bon monsieur. À votre santé, Barbe, mon cher amour. À votre santé, monsieur Christophe.» Elle resta aussi longtemps à boire que si son verre avait été un vidrecome; et, ses gants aux mains, elle regardait la compagnie et causait gaiement; mais c'est quand ils furent tous sur l'impériale de la diligence, qu'il fallait les voir rire à coeur joie en repassant tous ces bonheurs et s'apitoyer sur les gens qui n'ont pas de jour de congé!
Quant à la mère de Kit, n'aurait-on pas dit qu'elle était de bonne famille et qu'elle avait été toute sa vie une grande dame? Elle était sous les armes pour les recevoir avec tout un attirail de théière et de tasses qui eût brillé dans une boutique de porcelaines. Le petit Jacob et le poupon étaient si parfaitement arrangés, que leurs habits paraissaient comme tout neufs,