Название | Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron |
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Автор произведения | Ciceron |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066373825 |
Les conséquences sont le quatrième point qu’il faut, comme nous l’avons dit, considérer dans les choses. Elles comprennent tout ce qui dépend du fait une fois accompli : d’abord quel nom il faut lui donner ; quels en sont les auteurs, les chefs, les approbateurs, les imitateurs ; quelle est son importance ; quelle est sur ce point la loi, la coutume, la formule d’accusation, les jugements, ce qu’offrent la science et l’art ; ensuite quelle est sa nature ordinaire et habituelle ; s’il est commun, ou rare et extraordinaire ; s’il est soutenu par l’approbation générale ; ou si une semblable action a coutume d’exciter des sentiments de haine ; enfin tout ce qui a un rapport plus ou moins éloigné avec un fait tel que celui qu’on examine. Cherchez aussi avec attention tout ce qu’il peut offrir d’honnête ou d’utile, ce que nous développerons avec plus de détail en traitant du genre délibératif. On attribue aux choses tout ce que nous venons d’indiquer : tels en sont du moins les principaux caractères.
XXIX. Tout raisonnement tiré des lieux dont nous avons parlé sera ou probable ou nécessaire ; car, pour le définir en peu de mots, un raisonnement est une preuve qui rend un fait probable, ou en démontre la nécessité. Il est démontré nécessaire quand il est impossible de prouver qu’il soit arrivé autrement qu’on le dit ; par exemple : « Si elle est mère, c’est qu’elle a eu commerce avec un homme. » Cette manière de raisonner, qui prouve la nécessité du fait, s’emploie surtout sous la forme de dilemme, d’énumération ou de simple conclusion.
Le dilemme est un argument qui vous presse de deux côtés : « Si cet homme est un méchant, pourquoi en faire votre ami ? S’il est vertueux, pourquoi l’accuser ? »
L’Énumération expose plusieurs choses qu’elle nie toutes ensuite, à l’exception d’une seule, dont elle démontre la nécessité. Par exemple : « Il faut que l’accusé ait tué cet homme par haine, par crainte, par espérance, ou pour servir un ami ; s’il n’est animé par aucun de ces motifs, il ne l’a point tué ; car on ne commet point gratuitement un crime. Mais il n’était point son ennemi, il n’avait rien à craindre de lui, rien à espérer de sa mort, indifférente aussi pour les amis de l’accusé. Il ne reste donc rien à conclure, sinon qu’il ne fa pas tué. »
On appelle simple conclusion la conséquence nécessaire de ce qu’on avance : « A l’époque du délit dont vous m’accusez, j’avais passé la mer ; donc, bien loin de l’avoir commis, je n’ai pas même eu la possibilité de le commettre, » Prenez garde surtout ( car ce serait donner des armes contre vous) que votre preuve n’ait pas seulement la forme d’un raisonnement, une apparence de conséquence nécessaire, mais que votre raisonnement naisse de raisons rigoureusement nécessaires.
Un fait, vrai ou faux, est probable quand il est naturel ou conforme aux idées reçues, ou qu’il a du moins avec ces idées quelque similitude.
Ainsi, il est probable, parce qu’il est naturel, que, Si elle est mère, elle aime son fils ; que, « S’il est avare, il tient peu à sa parole. » Il est probable, parce que les idées généralement répandues doivent faire admettre cette probabilité, que : « L’impiété est punie dans les enfers. » Et, par la même raison, il est probable encore que : « Les philosophes ne reconnaissent point la pluralité des dieux. »
XXX. La Similitude s’établit surtout entre des choses contraires, pareilles, ou qui ont le même principe. Exemple, des contraires : « Si l’on doit pardonner un tort involontaire, doit-on de la reconnaissance à un service forcé ? » De choses pareilles : « Si une côte sans port n’offre point d’asile aux vaisseaux, un cœur sans bonne foi n’offre point de sûreté à l’amitié. » Dans les choses qui ont le même principe, on établit ainsi la probabilité : « S’il n’y a point de honte pour les Rhodiens d’affermer leur port, il n’y en a point n pour Hermacréon d’en prendre le bail. » Les probabilités sont plus ou moins fondées ; elles peuvent être, ou réelles, comme : « Une cicatrice est la preuve d’une blessure ; » ou vraisemblables, comme : « Une chaussure poudreuse indique qu’on arrive de voyage. »
Or, pour ne pas procéder au hasard, toute probabilité employée dans le raisonnement s’appuie sur des indices, sur l’opinion, sur les préjugés, ou sur une comparaison. On appelle indice tout ce qui tombe sous les sens, en indiquant quelque circonstance qui sort du fait même, qui l’a précédé, accompagné on suivi, et qui néanmoins a besoin d’être confirmé par quelque témoignage plus sûr, comme le sang, la fuite, la pâleur, la poussière. L’opinion, conforme aux idées de l’auditoire, n’a pas besoin de la déposition des témoins. « Il n’est personne qui ne souhaite à ses a enfants la santé et le bonheur. » Le préjugé naît de l’assentiment, de l’autorité, de la décision d’un seul ou de plusieurs. Il peut être considéré comme religieux, ou vulgaire, ou constaté. Il est religieux, quand il s’appuie sur un jugement sanctionné par l’autorité du serment et des lois ; vulgaire, quand il est conforme à la coutume et au sentiment général, comme le respect pour la vieillesse, la pitié pour les suppliants. La troisième espèce est l’autorité qui donne à une chose d’abord douteuse une approbation solennelle : par exemple, le peuple romain nomma consul, après sa censure, le père des Gracques, parce que, dans cette dernière magistrature, il n’avait rien fait que de concert avec son collègue. La comparaison établit quelques points de rapport entre des chose` différentes. Elle a trois parties : l’image, le parallèle et l’exemple. L’image démontre la ressemblance du corps ou de la nature. Le parallèle rapproche deux choses par leurs points de ressemblance. L’exemple soutient ou infirme le fait, en s’appuyant de l’autorité d’un homme ou d’un événement. Nous donnerons des exemples et des définitions de toutes ces règles, quand nous traiterons de l’élocution.
Nous avons, autant que nous le permettaient nos faibles talents, et avec toute la clarté que comportait la nature du sujet, indiqué les sources où doit puiser l’orateur pour la confirmation. Quant à la manière de traiter chaque question, chaque partie de question, toute discussion portant sur le raisonnement ou sur le sens littéral, et quant aux arguments qui leur conviennent le mieux, nous développerons chacun de ces points en particulier dans notre second Livre. Nous nous contentons maintenant d’indiquer confusément et sans ordre le nombre, les formes et les parties de l’argumentation ; puis nous choisirons et nous distinguerons celles qui sont propres à chaque genre de cause.
Voilà les lieux dans lesquels on pourra puiser des arguments de toute espèce ; mais l’art de les orner et de les distribuer avec ordre, art aussi agréable qu’utile, a été négligé entièrement par tous les rhéteurs. Nous allons donc en parler ici, pour joindre dans nos préceptes, à la manière de trouver l’argument, la manière de le perfectionner. L’importance de cette matière, et la difficulté d’en exposer les principes, exigent ici le plus grand soin et la plus scrupuleuse attention.
XXXI. Dans l’Argumentation, on emploie l’induction ou l’épichérème, appelé par les Latins ratiocinatio. L’Induction, en nous faisant convenir de choses évidentes, tire de ces aveux le moyen de nous faire convenir de choses douteuses, mais qui ont du rapport avec les premières. C’est ainsi que Socrate, dans un dialogue d’Eschine, son disciple, fait raisonner Aspasie qui s’entretient avec la femme de Xénophon et avec Xénophon lui-même. « Dites-moi, je vous prie, épouse de Xénophon, si votre voisine a de l’or d’un titre au-dessus du vôtre, lequel préférerez-vous ? — Le sien. — Si elle a des ajustements, une parure plus riche que la vôtre, laquelle préférerez-vous ? — La sienne. — Et si son mari vaut mieux que le vôtre, lequel