LUPIN: Les aventures complètes. Морис Леблан

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Название LUPIN: Les aventures complètes
Автор произведения Морис Леблан
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066379902



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entrain ordinaires.

      – Allons-y ! dit-il à ses complices.

      Sur son ordre, le chauffeur les arrêta non loin du square Lamartine, mais n’éteignit pas le moteur. Lupin prévoyait que Daubrecq, pour échapper aux agents de la Sûreté qui gardaient l’hôtel, sauterait dans quelque taxi, et il ne voulait pas se laisser distancer.

      Il comptait sans l’habileté de Daubrecq.

      À sept heures et demie, la grille du jardin fut ouverte à deux battants, une lueur vive jaillit, et rapidement une motocyclette franchit le trottoir, longea le square, tourna devant l’auto et fila vers le Bois à une allure telle qu’il eût été absurde de se mettre à sa poursuite.

      – Bon voyage, monsieur Dumollet, dit Lupin, qui essaya de plaisanter, mais qui, au fond, ne dérageait pas.

      Il observa ses complices avec l’espoir que l’un d’eux se permettrait un sourire moqueur. Comme il eût été heureux de passer ses nerfs sur celui-là !

      – Rentrons, dit-il au bout d’un instant.

      Il leur offrit à dîner, puis il fuma un cigare et ils repartirent en automobile et firent la tournée des théâtres, en commençant par ceux d’opérette et de vaudeville, pour lesquels il supposait que Daubrecq et sa dame devaient avoir quelque préférence. Il prenait un fauteuil, inspectait les baignoires et s’en allait.

      Il passa ensuite aux théâtres plus sérieux, à la Renaissance, au Gymnase.

      Enfin, à dix heures du soir, il aperçut au Vaudeville une baignoire presque entièrement masquée de ses deux paravents et, moyennant finances, il apprit de l’ouvreuse qu’il y avait là un monsieur d’un certain âge, gros et petit, et une dame voilée d’une dentelle épaisse.

      La baignoire voisine étant libre, il la prit, retourna vers ses amis afin de leur donner les instructions nécessaires et s’installa près du couple.

      Durant l’entracte, à la lumière plus vive, il discerna le profil de Daubrecq. La dame restait dans le fond, invisible.

      Tous deux parlaient à voix basse, et, lorsque le rideau se releva, ils continuèrent à parler, mais de telle façon que Lupin ne distinguait pas une parole.

      Dix minutes s’écoulèrent. On frappa à leur porte. C’était un inspecteur du théâtre.

      – Monsieur le député Daubrecq, n’est-ce pas ? interrogea-t-il.

      – Oui, fit Daubrecq d’une voix étonnée. Mais comment savez-vous mon nom ?

      – Par une personne qui vous demande au téléphone et qui m’a dit de m’adresser à la baignoire 22.

      – Mais qui cela ?

      – Monsieur le marquis d’Albufex.

      – Hein ?… Quoi ?

      – Que dois-je répondre ?

      – Je viens… je viens…

      Daubrecq s’était levé précipitamment et suivait l’inspecteur.

      Il n’avait pas disparu que Lupin surgissait de sa baignoire. Il crocheta la porte voisine et s’assit auprès de la dame.

      Elle étouffa un cri.

      – Taisez-vous, ordonna-t-il… j’ai à vous parler, c’est de toute importance.

      – Ah !… fit-elle entre ses dents… Arsène Lupin.

      Il fut ahuri. Un instant, il demeura coi, la bouche béante. Cette femme le connaissait ! Et non seulement elle le connaissait, mais elle l’avait reconnu malgré son déguisement ! Si accoutumé qu’il fût aux événements les plus extraordinaires et les plus insolites, celui-ci le déconcertait.

      Il ne songea même pas à protester et balbutia :

      – Vous savez donc ?… vous savez ?…

      Brusquement, avant qu’elle eût le temps de se défendre, il écarta le voile de la dame.

      – Comment est-ce possible ? murmura-t-il, avec une stupeur croissante.

      C’était la femme qu’il avait vue chez Daubrecq quelques jours auparavant, la femme qui avait levé son poignard sur Daubrecq, et qui avait voulu le frapper de toute sa force haineuse.

      À son tour, elle parut bouleversée.

      – Quoi vous m’avez vue déjà ?…

      – Oui, l’autre nuit, dans son hôtel… j’ai vu votre geste…

      Elle fit un mouvement pour s’enfuir. Il la retint et vivement :

      – Il faut que je sache qui vous êtes… C’est pour le savoir que j’ai fait téléphoner à Daubrecq.

      Elle s’effara.

      – Comment, ce n’est donc pas le marquis d’Albufex ?

      – Non, c’est un de mes complices.

      – Alors, Daubrecq va revenir…

      – Oui, mais nous avons le temps… Écoutez-moi… Il faut que nous nous retrouvions… Il est votre ennemi. Je vous sauverai de lui…

      – Pourquoi ? Dans quel but ?

      – Ne vous méfiez pas de moi… Il est certain que notre intérêt est le même… Où puis-je vous retrouver ? Demain, n’est-ce pas ? À quelle heure ?… à quel endroit ?

      – Eh bien…

      Elle le regardait avec une hésitation visible, ne sachant que faire, sur le point de parler, et pourtant pleine d’inquiétude et de doute.

      – Oh ! Je vous en supplie !… répondez… un moment seulement… et tout de suite… Il serait déplorable qu’on me trouvât ici… je vous en supplie.

      D’une voix nette, elle répliqua :

      – Mon nom… c’est inutile… Nous nous verrons d’abord, et vous m’expliquerez… Oui, nous nous verrons. Tenez demain, à trois heures de l’après-midi, au coin du boulevard…

      À ce moment précis, la porte de la baignoire s’ouvrit, d’un coup de poing pour ainsi dire, et Daubrecq parut.

      – Zut de zut ! marmotta Lupin, furieux d’être pincé avant d’avoir obtenu ce qu’il voulait.

      Daubrecq eut un ricanement.

      – C’est bien cela… je me doutais de quelque chose… Ah ! Le truc du téléphone, un peu démodé, monsieur. Je n’étais pas à moitié route que j’ai tourné bride.

      Il repoussa Lupin sur le devant de la loge, et, s’asseyant à côté de la dame, il dit :

      – Et alors mon prince qui sommes-nous ? Domestique à la Préfecture, probablement ? Nous avons bien la gueule de l’emploi.

      Il dévisageait Lupin qui ne sourcillait pas, et il cherchait à mettre un nom sur cette figure, mais il ne reconnut pas celui qu’il avait appelé Polonius.

      Lupin, sans le quitter des yeux non plus, réfléchissait. Pour rien au monde, il n’eût voulu abandonner la partie au point où il l’avait menée, et renoncer à s’entendre, puisque l’occasion était si propice, avec la mortelle ennemie de Daubrecq.

      Elle, immobile en son coin, les observait tous deux.

      Lupin prononça :

      – Sortons, monsieur, l’entretien sera plus facile dehors.

      – Ici, mon prince, riposta le député, il aura lieu ici, tout à l’heure, pendant l’entracte. Comme cela, nous ne dérangerons personne.

      – Mais…

      – Pas la peine, mon bonhomme, tu ne bougeras pas.

      Et il saisit Lupin au collet, avec