Название | Les Français de Barcelone |
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Автор произведения | Группа авторов |
Жанр | Документальная литература |
Серия | |
Издательство | Документальная литература |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9788412211658 |
Promesse de fidélité à la Constitution de la République Française des Français de Barcelone, 1792. Archives Diplomatiques de Nantes.
Parmi les Français venus chercher refuge à Barcelone, nous trouvons des membres déchus de la famille royale et de l’aristocratie, ce qui agite considérablement les passions. De ce fait, on y retrouve Marie-Adélaïde de Bourbon, la veuve de Louis-Philippe d’Orléans, cousin de Louis XVI qui vota en faveur de son exécution, suspectée d’être à Barcelone alors que les ports d’Espagne sont interdits aux Bourbons. Ceci bouleverse une partie de la sphère diplomatique barcelonaise. Autre exemple plus fameux également présent à Barcelone : Jean-Joseph de Châteauneuf-Randon, marquis d’Apchier, ancien député à l’Assemblée Constituante, connu pour avoir abattu la bête du Gévaudan en 1767 alors qu’il n’avait que 19 ans. Il meurt à Barcelone, enterré dans la Basilique de Santa María del Pi. Cependant, même les plus humbles viennent chercher refuge à Barcelone. On y trouve un septuagénaire qui fuit en 1801 la conscription. Le cocher de la famille d’Orléans cherche aussi refuge dans la ville. Tous sont recherchés par Fouché, le ministre de la Police de celui qui a pris la tête de la République : Napoléon Bonaparte. Dans son irrésistible ascension, au cours de laquelle il devient empereur, ce dernier n’oublie pas les électeurs français résidant à l’étranger (masculins et aisés). C’est pourquoi, lors du plébiscite de 1804 sur l’hérédité de la dignité impériale, ils sont appelés à voter. La mise en place de l’Empire est approuvée par 70 voix contre 0 lors d’un vote public où chacun doit afficher son vote en signant ostensiblement sa position. La position de la France déplaît aux autorités locales qui décident de ne plus accorder à la Fraternité-Confrérie l’organisation du « Mystère de la Flagellation » en 1806.
Extrait du livret où les citoyens français de Barcelone votent lors du plébiscite de 1804 sur l’instauration de l’Empire. Deux colonnes apparaissent. L’une pour voter « Oui » et l’autre « Non », 1804. Archives Diplomatiques de Nantes.
Obsédé par le principe d’universalité des idéaux français, Bonaparte, devenu Napoléon Ier, choisi de les diffuser par les armes. L’Espagne se retrouve dans son viseur et il ordonne son invasion en 1808. Barcelone cède le 9 février 1808 et ouvre ses portes au général Duhesme. L’Espagne entière, à l’exception de Cadix, passe sous occupation française et Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, en devient le roi. Sa politique est réformatrice. Il abolit l’Inquisition. Il dote le pays d’une constitution ; la toute première de son histoire. Vis-à-vis des Catalans, il adopte une posture de séduction : le catalan devient langue administrative au même titre que le français. Mais l’interdiction de commercer avec les Britanniques, ennemis jurés de Napoléon, nourrit peu à peu un sentiment anti-français dans la ville. Le chef de police, Philippe Guillaume Duhesme, nomme un Italien, Giuseppe Lechi, pour spolier les marchands barcelonais comme ceux de Mataró. Depuis son adresse, rue Ample 28, ce dernier fait arrêter tout suspect, enlever des enfants, organiser des viols et des assassinats avec la complicité de Duhesme. La forteresse de la Ciutadella est transformée en prison où le service d’espionnage, sous les ordres de Ramon Casanovas, torture. Ces méthodes retournent la population qui se rebelle à trois reprises en 1809. Il est même organisé un conseil de guerre pour juger les Barcelonais conspirationnistes qui seront longtemps célébrés comme résistants. Malgré tout, la situation se normalise avec leur destitution en 1810. En 1812, cette consolidation incite Napoléon à annexer la Catalogne à la France. Pour la seconde fois de son histoire Barcelone devient française et la Catalogne est divisée en quatre départements. Cette annexion permet à la France d’atteindre son extension maximale (130 départements). Avec le remodelage des frontières des départements en 1813, Barcelone appartient au département des Bouches de l’Ebre-Montserrat. La départementalisation de la Catalogne a de nombreuses conséquences pour les Français de Barcelone. Étant en territoire français, le Consulat n’a plus de raison d’être. Un préfet prend la tête de l’administration mise en place. Un projet de Lycée afin de former les fonctionnaires est même lancé. Une armée composée de volontaires français et catalans de la ville est mise sur pied : les Guides catalans, composés de 150 hommes. Le Code Civil et le Concordat sont appliqués (Lafon, 2011).
Sceau du Consulat de Barcelone sous l’Empire, 1807.
Archives Diplomatiques de Nantes.
Le retour des Français ne signifie pas que la Fraternité-Confrérie récupère ses droits. Au contraire, pendant plusieurs années, elle ne peut continuer à participer à la Semaine Sainte. Il lui faut attendre la Pâques 1813 pour recouvrer ce droit pluriséculaire. Maigre consolation car, dès les années 1820, cette procession n’aura plus lieu à cause des guerres civiles. C’est également à cette période qu’est instaurée, sur le modèle français des églises, une Fabrique (entre 1802 et 1809). Une Fabrique est une organisation gérant les biens de l’église locale et établissant les règles de solidarité au sein d’une même communauté où action sociale et action religieuse se mêlent l’une à l’autre. La Fabrique de Barcelone a donc à sa charge les biens de la chapelle située sur les terres du Couvent des franciscains.
Première page du règlement général de la Fabrique, ancêtre de la Paroisse Française, 1809. Archives Diplomatiques de Nantes.
La débandade des armées françaises face à la guérilla menée par les populations met brutalement un terme à l’expérience française. L’armée évacue Barcelone suite à l’ordre de l’Empereur le 31 janvier 1814, laissant la place au général anglais Sarsfield. Barcelone redevient espagnole. Le roi d’Espagne Ferdinand VII supprime les départements. Ce retour dans le giron espagnol est lourd de conséquences pour la communauté française de la ville. Comme à Cadix, elle subit une sévère répression, surtout les transeúntes, ceux sous pavillon français. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 1797, il y avait à Barcelone 312 Français qui représentaient 55 % des Français installés en Catalogne. Ils étaient de loin la première communauté étrangère car la seconde, italienne, n’était composée que de 98 individus en 1802. En 1832, les Français avaient avec peine stabilisé leur situation autour de 272 individus. Ultime symbole qui marque le recul des intérêts français à Barcelone ; la chapelle du Couvent des Cordeliers, où se tenaient quelques offices religieux pour les Français, est détruite