Directive Principale. Джек Марс

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Название Directive Principale
Автор произведения Джек Марс
Жанр Триллеры
Серия
Издательство Триллеры
Год выпуска 0
isbn 9781094312781



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Ce sont des cow-boys, n’est-ce pas ?

      — Euh … Je crois qu’ils ont tendance à tirer en premier, puis …

      — Prévoyons-nous d’interdire cette opération, de la faire échouer d’une façon ou d’une autre ?

      — Ah … dit Wallace Speck. On y a certainement pensé. Je veux dire, en ce moment, nous n’avons pas tant de …

      — Ne le faites pas, dit le vieil homme. Restez hors de leur chemin et laissez-les échouer. Peut-être se feront-ils tuer. Peut-être déclencheront-ils une guerre mondiale. Que ce soit l’un ou l’autre, ce sera bon pour nous. De plus, si David Barrett fait quelque chose de dément, je veux dire de vraiment dément, soyez prêts à intervenir pour prendre le contrôle de la situation.

      Wallace Speck se leva pour partir.

      — Oui, monsieur. Autre chose ?

      Le vieil homme le regarda avec les yeux antiques d’un démon.

      — Oui. Essayez de sourire un peu plus, Speck. Vous n’êtes pas encore mort, donc, faites un effort pour apprécier votre passage sur terre. Il est supposé être amusant.

      CHAPITRE HUIT

      23 h 20, Heure de Jour de Moscou (15 h 20, Heure de l’Est)

      Port d’Adler, District de Sotchi

      Kraï de Krasnodar

      Russie

      — Sont-ils sûrs qu’ils veulent qu’on fasse ce concert ? demanda Luke dans le téléphone satellite en plastique bleu qu’il tenait. Je crois que ça va être très bruyant.

      Il était appuyé contre une vieille berline Lada noire fabriquée en Hongrie. Cette petite voiture carrée lui rappelait une vieille Fiat ou une Yugo, mais en moins fantaisiste. Celle-là semblait avoir été fabriquée en soudant des plaques de ferraille. Elle dégageait une légère odeur d’huile en combustion. Plus on la faisait rouler vite, plus elle semblait vibrer comme si elle était en train de tomber en pièces. Heureusement, ils n’allaient pas s’en servir pour s’enfuir.

      Près de la voiture, son conducteur, un Tchétchène costaud du nom d’Aslan, fumait une cigarette et urinait à travers une clôture grillagée. Aslan préférait qu’on l’appelle Frenchy parce que, quand la Tchétchénie s’était effondrée, il avait échappé aux Russes en s’exilant à Paris pendant quelques années. Ses trois frères et son père avaient tous péri dans la guerre. Maintenant, Frenchy était de retour et Frenchy détestait les Russes.

      Ils étaient dans un parking vide près de la bouche de la Mzymta. Une odeur humide et âcre d’égouts non traités s’élevait de l’eau. De là où ils étaient, un sinistre boulevard d’entrepôts longeait les quais et menait à un petit port de commerce gardé par une guérite et une clôture surmontée de fil de fer barbelé. Dans la lueur jaune blafarde de lampes à vapeur de sodium, il voyait des hommes qui bougeaient autour de la porte.

      Les grandioses et anciennes datchas du Parti Communiste, les nouveaux hôtels, les nouveaux restaurants et l’éclat des plages de Sotchi qui donnaient sur la Mer Noire étaient seulement à huit kilomètres par la route, mais Adler était aussi désorganisé et déprimant qu’un port russe se devait d’être.

      Avec un décalage, la voix nasillarde de Mark Swann parvenait de l’autre côté du monde, passant par des réseaux cryptés et des satellites secrets pour finalement arriver au téléphone de Luke. La voix de Swann tremblait de nervosité et d’excitation.

      Luke secoua la tête et sourit. Swann était dans une suite avec terrasse avec la belle Trudy Wellington, dans un hôtel cinq étoiles de Trébizonde, en Turquie. Ils étaient censés être un couple de jeunes mariés riches de Californie. Si les balles commençaient à voler, Swann les regarderait sur un écran d’ordinateur, pas tout à fait en direct mais presque, par satellite. C’était pour cela qu’il avait la voix tremblante.

      — Nous avons le feu vert, dit Swann. Ils comprennent que les voisins pourraient se plaindre.

      — Et le bal disco ?

      — À l’endroit prévu.

      Luke se tourna vers un vieux cargo rouillé de taille moyenne, le Yuri Andropov II, qui était à quai. Il songea qu’un vieux spécialiste en torture du KGB comme Andropov devait se retourner dans sa tombe s’il savait qu’on avait donné son nom à ce rafiot. Un homme doté d’un certain sens de l’humour avait dû imaginer ce nom.

      Le bal disco était bien sûr le submersible perdu, le Nereus. Sa puce GPS envoyait encore des signaux de l’intérieur d’une des cales du cargo.

      — Et les instruments ?

      Les instruments étaient l’équipage du Nereus.

      — En haut dans le placard, pour autant qu’on sache.

      — Et Aretha ? Qu’est-ce qu’elle en dit ?

      On entendit la voix de Trudy Wellington pendant juste une seconde.

      — Tes amis dansent déjà sur la plage.

      Luke hocha la tête. Juste au sud de cette ville, il y avait la frontière avec l’ex-République Soviétique de Géorgie. Actuellement, les Géorgiens et les Russes se détestaient. Trudy soupçonnait qu’ils allaient se mettre à tirer à balles réelles un de ces jours, mais elle espérait qu’ils ne commenceraient pas ce soir.

      La ville balnéaire géorgienne de Kheivani était juste au-delà de cette frontière. C’était un endroit silencieux et endormi par rapport à Sotchi. Là-bas, sur une plage sombre, il y avait une équipe de récupération qui attendait qu’on lui emmène les prisonniers libérés si on en arrivait là.

      De la plage, les prisonniers seraient éloignés de la frontière, emmenés plus loin en Géorgie, puis hors du pays. Finalement, quand ils seraient en lieu sûr, ils participeraient à un débriefing sur cette affaire désastreuse.

      Rien de cela ne relevait de la responsabilité de Luke. Comme prévu, il ne savait pas comment ça se déroulerait. Don et Grand Papa Cronin s’étaient occupés de cette partie. Luke ne savait même pas qui était impliqué. Même si on lui coupait les doigts et si on lui arrachait les yeux, il ne pourrait rien dire là-dessus.

      — Est-ce que le grand homme a rejoint l’orchestre ? dit Luke.

      On entendit la voix d’Ed Newsam. Une rafale de vent et le rugissement de gros moteurs faillirent le rendre inaudible.

      — Il est dans la loge et il est prêt à entrer en scène. Pour lui, le plus tôt sera le mieux.

      Luke poussa un soupir.

      — Parfait, dit-il.

      Le poids de la décision s’installa sur ses épaules comme un rocher. Des gens allaient probablement mourir. Quand on y allait, on le savait. Ce qu’on ne savait pas, c’était lesquels.

      — On y va.

      — À bientôt à Vegas, dit Swann.

      — N’oubliez pas d’aller au feu d’artifice, cria Ed. On me dit qu’il va être splendide.

      La communication fut coupée. Luke laissa tomber le téléphone satellite sur le goudron fendu du parking. Il leva une botte et en frappa violemment le téléphone, cassant l’emballage en plastique. Il le refit à plusieurs reprises. Ensuite, d’un coup de pied, il envoya les débris dans l’eau par une canalisation d’évacuation des eaux de ruissellement ouverte.

      Il en avait encore un.

      Il leva le regard.

      Frenchy était là. Son visage était large et sa peau avait l’air épaisse, presque comme un masque de caoutchouc. Ses cheveux étaient noir de jais et peignés vers l’arrière. Il était glabre pour mieux se mêler à la société