Directive Principale. Джек Марс

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Название Directive Principale
Автор произведения Джек Марс
Жанр Триллеры
Серия
Издательство Триллеры
Год выпуска 0
isbn 9781094312781



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que l’économie russe soit encore dans un état lamentable de notre point de vue, elle est plus prospère qu’elle ne l’a été dans les quinze dernières années, surtout grâce aux prix mondiaux élevés du pétrole et du gaz naturel. Les évaluations de menace du Pentagone suggèrent que l’armée est mieux financée, un peu mieux entraînée et que les soldats sont mieux payés qu’ils ne l’ont été depuis longtemps. Ils modernisent certains systèmes d’armement, surtout les systèmes de missiles balistiques.

      — La Russie a un chemin long et ardu à parcourir pour retrouver la place qu’elle occupait avant dans le monde. Personne ne sait si elle y parviendra. Cependant, d’un autre côté, il n’y a aucun doute que, depuis que Poutine est arrivé au pouvoir, la Russie a bien pris ce chemin alors que, avant, elle était au fond du trou.

      — Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? dit Luke.

      — Cela signifie que les Russes ont capturé ce submersible pour nous avertir, dit Trudy. La Mer Noire leur a incontestablement appartenu pendant des générations. À l’exception de la côte turque, c’était le terrain de jeu des Russes. Pendant des années, c’est à peine si nous y avons navigué. Ils nous disent qu’ils sont de retour et qu’ils ne nous permettront plus d’y introduire des navires d’espionnage quand nous le voulons.

      — Oui, mais est-ce réellement vrai ? dit Luke. Sont-ils de retour ? Si nous allons là-bas pour essayer de sauver ces hommes, allons-nous marcher sur un terrain miné ?

      Trudy secoua la tête et fit un demi-sourire.

      — Non. Ils ne sont pas de retour. Pas encore. Le moral est encore bas. Le commandement et le contrôle sont encore de piètre qualité. La corruption est endémique. Des quantités d’infrastructures et d’équipements sont dégradés ou hors-service. Avec un plan assez habile et une attaque rapide, je pense que vous les prendrez par surprise. Je ne le dis pas à la légère, mais je crois que nous pourrons sortir ces hommes de là-bas.

      Luke la regarda fixement. Il se souvint du plan qu’elle avait concocté pour éliminer le renégat Edwin Lee Parr, ex-contractuel militaire américain, et sa milice hétéroclite en Irak. Il se souvint aussi qu’elle avait présenté une évaluation optimiste de leurs chances d’y arriver. À cette époque, Luke avait fait peu de cas d’elle, de son plan et de son évaluation.

      Ensuite, les événements s’étaient tous déroulés d’une manière très proche de ce qu’elle avait anticipé. Il fallait encore que Luke et Ed aillent effectuer la mission sur place, mais c’était une évidence.

      — Eh bien, j’espère que vous avez raison, dit-il.

      * * *

      Luke s’était endormi et son sommeil était agité. Ses rêves étaient étranges, effrayants et ils changeaient rapidement. Il sautait en parachute la nuit. Pendant qu’il tombait, son parachute refusait de s’ouvrir. Sous lui, il y avait la grande étendue d’un fleuve sombre. Des dizaines d’alligators le regardaient tomber du ciel. Ils convergeaient sur lui. Cependant, sa jambe était attachée à un élastique. Il rebondissait lentement et longuement juste au-dessus de l’eau, les bras pendants, pendant que les alligators bondissaient et tentaient de le mordre.

      Le rêve suivant se passait le jour. Un hélicoptère Black Hawk avait été abattu dans le ciel. Son rotor de queue avait disparu et l’hélicoptère, hors de contrôle, partait en vrille et perdait vite de l’altitude. Luke courait dans un pré, un vieux stade de foot déserté, vers l’hélicoptère. S’il pouvait l’atteindre avant qu’il ne s’écrase, il pourrait l’attraper et sauver les hommes qui étaient à bord. Cependant, l’herbe poussait tout autour de lui, montait, se contorsionnait, lui tirait sur les jambes, le ralentissait. Il avait les bras tendus, essayait de toucher … Il était trop tard. Il était trop tard.

      Mon Dieu, l’hélicoptère descendait sur le flanc. Il … arrivait …

      Il se réveilla en se cabrant brusquement au milieu d’une turbulence en plein ciel. L’avion trembla puis franchit l’air instable comme sur un grand huit. Luke jeta un coup d’œil autour de lui. Les lumières étaient éteintes. Pendant un moment, il ne sut pas s’il était endormi ou réveillé. Alors, il remarqua que les autres membres de son équipe étaient allongés, inconscients, à divers endroits de la cabine assombrie.

      Il regarda par son hublot. Il ne vit qu’une lumière qui clignotait sur l’aile. Loin au-dessous, l’océan était vaste, infini et noir. Le soleil était loin derrière eux, maintenant, et le jour était terminé depuis longtemps.

      Ils volaient depuis des heures et ils n’étaient pas encore arrivés.

      Dans plusieurs heures, quand ils seraient plus loin à l’est, le ciel commencerait à s’éclaircir. Luke consulta sa montre. À Washington DC, il était juste après minuit, ce qui signifiait que, à Sotchi, il était déjà un peu après huit heures du matin. Déjà le matin.

      Quand il regarda sa montre, il comprit que des événements se profilaient à l’horizon. Les Russes pouvaient déplacer leurs prisonniers quand ils le voulaient. Ils les avaient peut-être déjà déplacés pendant la nuit.

      C’était frustrant d’être piégé dans cet avion à regarder l’heure avancer.

      Luke n’avait pas dormi longtemps, mais il savait qu’il n’allait pas se rendormir. Beaucoup de soucis le hantaient. Les fantômes du passé. Becca et Gunner. L’avenir incertain d’un bébé né dans un monde terrible. Cette mission dangereuse.

      Il se leva et alla à la minuscule kitchenette qui se trouvait à l’arrière de l’avion. Il passa Ed Newsam et Mark Swann, qui somnolaient des deux côtés de l’allée. Sans allumer la lumière, il fit couler une demi-tasse d’eau chaude au robinet et y mélangea du café instantané, noir avec un tout petit peu de sucre. Il le goûta. Il n’était pas si mauvais. Il prit un chausson aux pommes emballé dans du plastique et revint à son siège.

      Il alluma la lampe du dessus.

      Il jeta un coup d’œil de l’autre côté de l’allée. Trudy dormait roulée en boule. Elle était jeune pour ce travail. Cela devait être sympa d’en savoir tant à un âge aussi précoce. Luke se revit quand il avait un peu plus de vingt ans. Il avait été comme un super-héros de sous-marque, celui qui était en granit et dont la réponse à tous les problèmes était de baisser la tête et de défoncer les murs. Au niveau cérébral, il ne se passait pas grand-chose.

      Il secoua la tête et regarda les papiers qu’il avait sur les genoux. Elle lui avait donné des quantités de donnés utiles. Il avait des photos satellitaires du cargo, dont des gros plans sur les passerelles de l’étage supérieur, sur les pièces où l’on pensait que les hommes étaient détenus et sur les cales d’au-dessous où le submersible était probablement caché.

      Luke dut admettre que le submersible n’était pas une priorité personnelle pour lui, mais il savait que d’autres personnes n’étaient pas d’accord. Elles voulaient qu’il soit détruit. OK. Si c’était possible, et si ça ne mettait pas les hommes en danger, OK. Il le ferait.

      Bon. Qu’avait-il d’autre ? Beaucoup de choses. Le schéma du cargo. Des cartes et des images satellite des rues de la ville aux alentours, des quais et du long brise-lames qui protégeait le port de la Mer Noire. Des plans plus éloignés, sur carte et sur photo, montraient la zone entière avec l’étendue de la station balnéaire de Sotchi juste au nord, la Mer Noire et la frontière avec la Géorgie au sud, cruellement proche.

      Si près, et pourtant si loin.

      Quoi d’autre ? Des évaluations des troupes présentes au port et dans les infrastructures voisines, plus ou moins précises, en fait. Des évaluations des capacités des premiers intervenants dans Sotchi la métropolitaine : ces capacités avaient été bonnes autrefois mais, à présent, elles étaient financées insuffisamment et très dégradées. Des évaluations du moral des troupes, mauvais partout. Les deux guerres Tchétchènes, apocalyptiques, et les attentats terroristes