Retour. Морган Райс

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Автор произведения Морган Райс
Жанр Книги для детей: прочее
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Издательство Книги для детей: прочее
Год выпуска 0
isbn 9781094311005



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de pitié pour lui à cause des décisions difficiles qu’il avait déjà dû prendre, mais, alors qu’il se tenait là, tout ce qu’elle arrivait à se dire, c’était qu’il avait été sur le point de la tuer. Il avait vraiment été sur le point de la tuer.

      — D’accord, dit l’Ourson en reculant, d’accord.

      Luna continua à grogner et à essayer de mordre, incapable de se retenir, pendant qu’on la retenait. Elle était tout ce que l’Ourson craignait qu’elle ne soit, mais elle était aussi plus que ça. Elle ne pouvait simplement pas le dire aux gens. Un peu plus loin, Barnaby travaillait sur l’enclos qui devait la détenir. Il ressemblait à une sorte de cage constituée de pièces récupérées dans les décombres de la bataille.

      La cage prenait forme lentement, pièce par pièce, construite avec soin. Pourtant, en assistant à sa fabrication, Luna sentait qu’elle se désintégrait peu à peu. Elle sentait des souvenirs s’enfouir dans les profondeurs de son être d’une façon qui lui semblait bien trop familière. La première fois qu’elle avait été transformée, elle avait senti des fragments d’elle-même disparaître quand elle n’y pensait plus, impossibles à saisir, impossibles à retenir, comme des poissons qui lui filaient entre les doigts.

      Les souvenirs de ses parents se transformaient en un savoir vague et Luna était incapable de se souvenir d’un seul moment passé avec eux, d’un seul instant passé à rire à la maison, à se disputer sur des corvées ou même à rester assis ensemble pour manger. Luna connaissait les faits de sa vie mais ne pouvait pas se la rappeler. Elle ne pouvait pas vraiment se souvenir de ce que cela avait été d’aller à l’école, de s’asseoir pour regarder la télévision, d’être dehors ou …

      Le visage de Kevin lui vint en tête aussi brusquement et aussi parfaitement que si elle avait regardé une photo et Luna se raccrocha à cette image aussi fermement que si elle s’était retenue à un poteau en métal dans un ouragan. Elle refusait de perdre Kevin, refusait de perdre un seul fragment de lui. Elle refusait de perdre les moments qu’elle avait passés avec lui. Ces moments semblaient gravés en elle : elle l’avait accompagné à l’Institut de la NASA, s’était enfuie avec lui dans le bunker pour y échapper à la vapeur et ils avaient tenté de lutter contre les extra-terrestres ensemble.

      Ces moments avaient un côté plus brillant, d’une façon ou d’une autre. Dans l’esprit de Luna, ils étaient différents et indélébiles et elle réussissait à se retenir à eux, à se raccrocher à des idées de Kevin et à tout ce qu’elle ressentait pour lui. Ce besoin et cet amour semblaient briller comme un phare dans l’obscurité qui menaçait de l’engloutir.

      — Emmenez-la ici, appela Barnaby.

      Luna leva les yeux et vit qu’il avait terminé de fabriquer sa cellule de détention. Il avait été si rapide que cela prouvait qu’il était très doué pour fabriquer des appareils. La cage avait l’air peu raffinée, mais le métal était épais et les espaces entre les barreaux étaient assez petits pour que même Luna ne puisse pas s’échapper.

      Ils la portèrent vers la cage et son corps se débattit alors que son esprit espérait que la cage serait assez résistante pour la détenir. Elle sentit son pied frapper un homme à la mâchoire puis son coude frapper quelqu’un à l’estomac. Elle sentit qu’elle envoyait des coups assez violents pour donner des bleus ou casser des os, mais cela ne faisait aucune différence. Peu des gens qui la portaient maintenant faisaient partie des Survivants ou, du moins, c’était ce que pensait Luna. En fait, ils avaient l’air dépenaillé des personnes qui avaient été transformées et elles semblaient accepter de l’aider même quand les autres avaient peur.

      Elles la soulevèrent et la jetèrent dans la cage. Luna ne sentit rien quand elle atterrit. En fait, elle se releva et fonça sur la porte, mais même sa vitesse débridée ne lui permit pas d’atteindre la porte en métal avant que les Survivants ne la claquent et ne parviennent à la verrouiller.

      Luna se jeta contre les barreaux pour en tester la force. Les instructions régulièrement envoyées par la Ruche lui disaient de se libérer et de tuer, de causer autant de dégâts que possible avant qu’ils ne l’abattent, mais le métal ne céda pas sous ses mains, même quand elle s’attaqua aux barreaux avec une telle violence que ses doigts en saignèrent. Elle aurait dû avoir mal mais, comme pour tous les autres transformés, ces événements ressemblaient à un rêve, presque comme s’ils arrivaient à quelqu’un d’autre.

      Le seul problème était que, ce quelqu’un d’autre, c’était elle, et qu’elle ressentirait vraiment cette douleur si Ignatius arrivait à la retransformer.

      — Où allons-nous traiter ce que nous avons trouvé ? demanda Leon à Ignatius et à Barnaby. Il nous faut un labo, pas vrai ?

      Luna essaya de détourner le regard. Elle n’était pas convaincue que les extra-terrestres volaient des connaissances aux Survivants par son intermédiaire, mais elle n’avait aucun moyen d’en être sûre. L’Ourson avait raison sur ce point : elle représentait une menace pour tous les autres à chaque moment où elle pouvait voir et entendre. Elle pouvait attirer des hordes de personnes contrôlées par les extra-terrestres aussi efficacement qu’un phare.

      — Il ne faut pas que ce soit n’importe quel labo, dit Ignatius. Nous allons avoir besoin d’équipements spécifiques. L’université les aurait eus mais, suite à l’attaque, je crains qu’ils n’aient été détruits.

      — Où, alors ? demanda Leon.

      Luna vit Ignatius hausser les épaules et, à ce moment-là, elle comprit que rien n’était certain. Ignatius avait présenté le processus de sa guérison comme si cela avait été une chose très simple mais, visiblement, il ne savait pas vraiment où trouver ce qu’ils cherchaient. Aucun d’eux ne le savait et, d’une façon ou d’une autre, Luna soupçonnait qu’elle ne disposait que d’une petite quantité de temps avant que toute son identité ne disparaisse définitivement. Déjà, elle sentait le poids de l’infection extra-terrestre faire pression sur elle, écraser tout ce qu’elle était. On aurait dit qu’il y avait une main qui refermait lentement ses doigts sur elle en effaçant son passé.

      — Il y a des endroits qui ont peut-être ce qu’il nous faut, dit Barnaby en montrant la ville du doigt comme un guide touristique. Il y a des bâtiments industriels par-là et, si nous pouvons trouver une usine chimique, elle aura tout ce qu’il nous faut. Ou alors, nous pouvons aller par-là et fouiller d’autres bâtiments de l’université en espérant que quelque chose ait survécu.

      Leon réfléchit l’espace d’un instant. Luna savait ce qu’elle aurait décidé de faire. Elle aurait choisi ce qui était le plus proche, même si c’était le moins susceptible de réussir. Elle voulait qu’ils finissent ce travail le plus vite possible, et pas seulement parce qu’elle ne voulait pas rester comme elle était plus longtemps que nécessaire. Elle savait que, à chaque moment qu’elle était comme ça, elle constituait une menace pour tous les autres.

      Cependant, Leon semblait ne pas être d’accord avec elle, car il montrait les usines du doigt.

      — C’est là que nous aurons le plus de chances, dit-il aux Survivants qui l’entouraient. Ignatius et Barnaby vous diront exactement ce qu’ils recherchent. Il nous faut le bon équipement pour sauver Luna et les autres transformés que nous trouverons.

      Le groupe se rassembla autour d’eux. Ils étaient maintenant si nombreux qu’ils formaient quasiment une armée, même si cela supposait qu’ils aient une sorte de discipline plutôt qu’une volonté commune. Ils avancèrent en direction des usines qui attendaient, à pied parce que le bus scolaire ne pouvait plus les emmener où que ce soit suite à la bataille. Ils emmenèrent Luna sur sa remorque, dont les roues grinçaient à chaque tour et dont la structure rebondissait à chaque irrégularité du sol. Elle avait l’impression d’être un objet dans une exposition, ou peut-être une captive dans une guerre antique, que l’on présentait avant de la tuer.

      Je ne vais pas mourir, se dit-elle en essayant de s’en