Gabriel. Жорж Санд

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Название Gabriel
Автор произведения Жорж Санд
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
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chien aujourd'hui.

(Il s'élance au milieu d'eux en poussant sa table au-devant de lui avec rapidité. Il renverse la table des spadassins, leurs bouteilles et leurs flambeaux. Le combat s'engage.)MEZZANI, tenant Astolphe à la gorge

      Eh! vous autres, lourdauds, tombez donc sur l'enfant.

PREMIER SPADASSIN, courant sur Gabriel

      Il tremble.

(Marc se jette au-devant, il est renversé. Gabriel tue le spadassin d'un coup de pistolet à bout portant. Un autre s'élance vers lui. Marc se relève. Ils se battent. Gabriel est pâle et silencieux, mais il se bat avec sang-froid.)ASTOLPHE, qui s'est dégagé des mains de Mezzani, se rapproche de Gabriel en continuant à se battre

      Bien, mon jeune lion! courage, mon beau jeune homme!..

      (Il traverse Mezzani de son épée.)

MEZZANI, tombant. A moi, camarades! je suis mort…L'HÔTE crie en dehors

      Au secours! au meurtre! on s'égorge dans ma maison!

(Le combat continue.)DEUXIÈME SPADASSIN

      Mezzani mort… Sanche mourant… trois contre trois… Bonsoir!

(Il s'enfuit vers la porte; les deux autres veulent en faire autant. Astolphe se met en travers de la porte.)ASTOLPHE

      Non pas, non pas. Mort aux mauvaises bêtes! A toi! don Gibet; à toi, Coupe-bourse!..

(Il en accule deux dans un coin, blesse l'un qui demande grâce. Marc poursuit l'autre qui cherche à fuir. Gabriel désarme le troisième, et lui met le poignard sur la gorge.)LE SPADASSIN, à Gabriel

      Grâce, mon jeune maître, grâce! Vois, la fenêtre est ouverte, je puis me sauver… ne me perds pas! C'était mon premier crime, ce sera le dernier… Ne me fais pas douter de la miséricorde de Dieu! Laisse-moi!.. pitié!..

GABRIEL

      Misérable! que Dieu t'entende et te punisse doublement si tu blasphèmes!.. Va!

LE SPADASSIN, montant sur la fenêtre

      Je m'appelle Giglio… Je te dois la vie!..

(Il s'élance et disparaît. La garde entre et s'empare des deux autres, qui essayaient de fuir.)ASTOLPHE

      Bon! à votre affaire, messieurs les sbires! Vous arrivez, selon l'habitude, quand on n'a plus besoin de vous! Enlevez-nous ces deux cadavres; et vous, monsieur l'hôte, faites relever les tables. (A Gabriel, qui se lave les mains avec empressement.) Voilà de la coquetterie; ces souillures étaient glorieuses, mon jeune brave!

GABRIEL, très-pâle et près de défaillir

      J'ai horreur du sang.

ASTOLPHE

      Vrai Dieu! il n'y parait guère quand vous vous battez! Laissez-moi serrer cette petite main blanche qui combat comme celle d'Achille.

GABRIEL, s'essuyant les mains avec un mouchoir de soie richement brodé

      De grand coeur, seigneur Astolphe, le plus téméraire des hommes!

(Il lui serre la main.)MARC, à Gabriel

      Monseigneur, n'êtes-vous pas blessé?

ASTOLPHE

      Monseigneur? En effet, vous avez tout l'air d'un prince. Eh bien! puisque vous connaissez mon nom, vous savez que je suis de bonne maison, et que vous pouvez, sans déroger, me compter parmi vos amis. (Se retournant vers les sbires, qui ont interrogé l'hôte et qui s'approchent pour le saisir.) Eh bien! à qui en avez-vous maintenant, chers oiseaux de nuit?

LE CHEF LES SBIRES

      Seigneur Astolphe, vous allez attendre en prison que la justice ait éclairci cette affaire. (A Gabriel.) Monsieur, veuillez aussi nous suivre.

ASTOLPHE, riant

      Comment! éclairci? Il me semble qu'elle est assez claire comme cela. Des assassins tombent sur nous; ils étaient cinq contre trois, et parce qu'ils comptaient sur la faiblesse d'un vieillard et d'un enfant… Mais ce sont de braves compagnons… Ce jeune homme… Tiens, sbire, tu devrais te prosterner. En attendant, voilà pour boire… Laisse-nous tranquilles… (Il fouille dans sa poche.) Ah! j'oubliais que j'ai perdu ce soir mon dernier écu… Mais demain… si je te retrouve dans quelque coupe-gorge comme celui-ci, je te paierai double aubaine… entendu? Monsieur est un prince… le prince de… neveu du cardinal de… (A l'oreille du sbire.) Le bâtard du dernier pape… (A Gabriel.) Glissez-leur trois écus, et dites-leur votre nom.

GABRIEL, leur jetant sa bourse

      Le prince Gabriel de Bramante.

ASTOLPHE

      Bramante! mon cousin germain! Par Bacchus et par le diable! il n'y a pas de bâtard dans notre famille…

LE CHEF DES SBIRES, recevant la bourse de Gabriel et regardant l'hôte avec hésitation

      En indemnisant l'hôte pour les meubles brisés et le vin répandu… cela peut s'arranger… Quand les assassins seront en jugement, vos seigneuries comparaîtront.

ASTOLPHE

      A tous les diables! c'est assez d'avoir la peine de les larder… Je ne veux plus entendre parler d'eux. (Bas à Gabriel.) Quelque chose à l'hôte, et ce sera fini.

GABRIEL, tirant une autre bourse

      Faut-il donc acheter la police et les témoins, comme si nous étions des malfaiteurs!

ASTOLPHE

      Oui, c'est assez l'usage dans ce pays-ci.

L'HÔTE, refusant l'argent de Gabriel

      Non, monseigneur, je suis bien tranquille sur le dommage que ma maison a souffert. Je sais que votre altesse me le paiera généreusement, et je ne suis pas pressé. Mais il faut que justice se fasse. Je veux que ce tapageur d'Astolphe soit arrêté et demeure en prison jusqu'à ce qu'il m'ait payé la dépense qu'il fait chez moi depuis six mois. D'ailleurs je suis las du bruit et des rixes qu'il apporte ici tous les soirs avec ses méchants compagnons. Il a réussi à déconsidérer ma maison… C'est lui qui entame toujours les querelles, et je suis sûr que la scène de ce soir a été provoquée par lui…

UN DES SPADASSINS, garrotté

      Oui, oui; nous étions là bien tranquilles…

ASTOLPHE, d'une voix tonnante

      Voulez-vous bien rentrer sous terre, abominable vermine? (A l'hôte.) Ah! ah! déconsidérer la maison de monsieur! (Riant aux éclats.) Entacher la réputation du coupe-gorge de monsieur! Un repaire d'assassins… une caverne de bandits…

L'HÔTE

      Et qu'y veniez-vous faire, monsieur, dans cette caverne de bandits?

ASTOLPHE

      Ce que la police ne fait pas, purger la terre de quelques coupe-jarrets.

LE CHEF DES SBIRES

      Seigneur Astolphe, la police fait son devoir.

ASTOLPHE

      Bien dit, mon maître: à preuve que sans notre courage et nos armes nous étions assassinés là tout à l'heure.

L'HÔTE

      C'est ce qu'il faut savoir. C'est à la justice d'en connaître. Messieurs, faites votre devoir, ou je porte plainte.

LE CHEF DES SBIRES, d'un air digne

      La police sait ce qu'elle a à faire. Seigneur Astolphe, marchez avec nous.

L'HÔTE

      Je n'ai rien à dire contre ces nobles seigneurs.

(Montrant Gabriel et Marc.)GABRIEL, aux sbires

      Messieurs, je vous suis. Si votre devoir est d'arrêter le seigneur Astolphe, mon devoir est de me remettre également entre les mains de la justice. Je suis complice de sa faute, si c'est une faute que de défendre sa vie contre des brigands. Un des cadavres qui gisaient ici tout à l'heure a péri de ma main.

ASTOLPHE

      Brave cousin!

L'HÔTE

      Vous, son cousin? fi donc! Voyez l'insolence! un misérable qui ne paie pas ses dettes!

GABRIEL

      Taisez-vous, monsieur, les dettes de mon cousin seront payées. Mon intendant passera chez vous demain matin.

L'HÔTE, s'inclinant

      Il