Gabriel. Жорж Санд

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Название Gabriel
Автор произведения Жорж Санд
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
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MARC, GROUPES attablés; L'HÔTE, allant et venant; puis LE COMTE ASTOLPHE DE BRAMANTEGABRIEL, s'asseyant à une table

      Marc! prends place ici, en face de moi; assis, vite!

MARC, hésitant à s'asseoir

      Monseigneur… ici?..

GABRIEL

      Dépêche! tous ces lourdauds nous regardent. Sois un peu moins empesé… Nous ne sommes point ici dans le château de mon grand-père. Demande du vin.

(Marc frappe sur la table. L'hôte s'approche.)L'HÔTE

      Quel vin servirai-je à vos excellences?

MARC, à Gabriel

      Quel vin servira-t-on à Votre Excellence?

GABRIEL, à l'hôte

      Belle question! pardieu! du meilleur.

( L'hôte n'éloigne. A Marc.)

      Ah çà! ne saurais-tu prendre des manières plus dégagées? Oublies-tu où nous sommes, et veux-tu me compromettre?

MARC

      Je ferai mon possible… Mais en vérité je n'ai pas l'habitude… Êtes-vous bien sûr que ce soit ici?..

GABRIEL

      Très-sûr.. Ah! le local a mauvais air, j'en conviens; mais c'est la manière de voir les choses qui fait tout. Allons, vieil ami, un peu d'aplomb.

MARC

      Je souffre de vous voir ici!.. Si quelqu'un allait vous reconnaître…

GABRIEL

      Eh bien! cela ferait le meilleur effet du monde.

GROUPE D'ÉTUDIANTS. – UN ÉTUDIANT

      Gageons que ce jeune vaurien vient ici avec son oncle pour le griser et lui avouer ses dettes entre deux vins.

AUTRE ÉTUDIANT

      Cela? C'est un garçon rangé. Rien qu'aux plis de sa fraise on voit que c'est un pédant.

UN AUTRE

      Lequel des deux?

DEUXIÈME ÉTUDIANT

      L'un et l'autre.

MARC, frappant sur la table

      Eh bien! ce vin?

GABRIEL

      A merveille! frappe plus fort.

GROUPE DE SPADASSINS. – PREMIER SPADASSIN

      Ces gens-là sont bien pressés! Est-ce que la gorge brûle à ce vieux fou?

SECOND SPADASSIN

      Ils sont mis proprement.

TROISIÈME SPADASSIN

      Hein! un vieillard et un enfant! quelle heure est-il?

PREMIER SPADASSIN

      Occupe l'hôte, afin qu'il ne les serve pas trop vite. Pour peu qu'ils vident deux flacons, nous gagnerons bien minuit.

DEUXIÈME SPADASSIN

      Ils sont bien armés.

TROISIÈME SPADASSIN

      Bah! l'un sans barbe, l'autre sans dents.

(Astolphe entre.)PREMIER SPADASSIN

      Ouf! voilà ce ferrailleur d'Astolphe. Quand serons-nous débarrassés de lui?

QUATRIÈME SPADASSIN

      Quand nous voudrons.

DEUXIÈME SPADASSIN

      Il est seul ce soir.

QUATRIÈME SPADASSIN

      Attention!

(Il montre les étudiants, qui se lèvent.)LE GROUPE D'ÉTUDIANTS. – PREMIER ÉTUDIANT

      Voilà le roi des tapageurs, Astolphe. Invitons-le à vider un flacon avec nous; sa gaieté nous réveillera.

DEUXIÈME ÉTUDIANT

      Ma foi, non. Il se fait tard; les rues sont mal fréquentées.

PREMIER ÉTUDIANT

      N'as-tu pas ta rapière?

DEUXIÈME ÉTUDIANT

      Ah! je suis las de ces sottises-là. C'est l'affaire des sbires, et non la nôtre, de faire la guerre aux voleurs toutes les nuits.

TROISIÈME ÉTUDIANT

      Et puis je n'aime guère ton Astolphe. Il a beau être gueux et débauché, il ne peut oublier qu'il est gentilhomme, et de temps en temps il lui prend, comme malgré lui, des airs de seigneurie qui me donnent envie de le souffleter.

DEUXIÈME ÉTUDIANT

      Et ces deux cuistres qui boivent là tristement dans un coin me font l'effet de barons allemands mal déguisés.

PREMIER ÉTUDIANT

      Décidément le cabaret est mal composé ce soir. Partons.

      (Ils paient l'hôte et sortent. Les spadassins suivent tous leurs mouvements. Gabriel est occupé à examiner Astolphe qui s'est jeté sur un banc d'un air farouche, les coudes appuyés sur la table, sans demander à boire et sans regarder personne.)

MARC, bas à Gabriel

      C'est un beau jeune homme; mais quelle mauvaise tenue! Voyez, sa fraise est déchirée et son pourpoint couvert de taches.

GABRIEL

      C'est la faute de son valet de chambre. Quel noble front! Ah! si j'avais ces traits mâles et ces larges mains!..

PREMIER SPADASSIN, regardant par la fenêtre

      Ils sont loin… Si ces deux benêts qui restent là sans vider leurs verres pouvaient partir aussi…

DEUXIÈME SPADASSIN

      Lui chercher querelle ici? L'hôte est poltron.

TROISIÈME SPADASSIN

      Raison de plus.

DEUXIÈME SPADASSIN

      Il criera.

QUATRIÈME SPADASSIN

      On le fera taire.

(Minuit sonne.)(Astolphe frappe du poing sur la table. Les sbires l'observent alternativement avec Gabriel, qui ne regarde qu'Astolphe.)MARC, bas à Gabriel

      Il y a là des gens de mauvaise mine qui vous regardent beaucoup.

GABRIEL

      C'est la gaucherie avec laquelle tu tiens ton verre qui les divertit.

MARC, buvant

      Ce vin est détestable, et je crains qu'il ne me porte à la tête.

(Long silence.)PREMIER SPADASSIN

      Le vieux s'endort.

DEUXIÈME SPADASSIN

      Il n'est pas ivre.

TROISIÈME SPADASSIN

      Mais il a une bonne dose d'hivers dans le ventre. Va voir un peu si Mezzani n'est pas par là dans la rue; c'est son heure. Ce jeune gars qui ouvre là-bas de si grands yeux a un surtout de velours noir qui n'annonce pas des poches percées.

(Le deuxième spadassin va à la porte.)L'HÔTE, à Astolphe

      Eh bien! seigneur Astolphe, quel vin aurai-je l'honneur de vous servir?

ASTOLPHE

      Va-t'en à tous les diables!

TROISIÈME SPADASSIN, à l'hôte à demi-voix, sans qu'Astolphe le remarque

      Ce seigneur vous a demandé trois fois du malvoisie.

L'HÔTE

      En vérité?

(Il sort en courant. Le premier spadassin fait un signe au troisième, qui met un banc en travers de la porte comme par hasard. Le deuxième rentre avec un cinquième compagnon.)LE PREMIER SPADASSIN

      Mezzani?

MEZZANI, bas

      C'est entendu. D'une pierre deux coups… Le moment est bon. La ronde vient de passer. J'entame la querelle.

(Haut.)

      Quel est donc le malappris qui se permet de bâiller de la sorte?

ASTOLPHE

      Il n'y a de malappris ici que vous, mon maître.

(Il recommence à bâiller, en étendant les bras avec affectation.)MEZZANI

      Seigneur mal peigné, prenez garde à vos manières.

ASTOLPHE, s'étendant comme pour dormir

      Tais-toi, bravache, j'ai sommeil.

PREMIER SPADASSIN, lui lançant son verre

      Astolphe,