Le magasin d'antiquités. Tome I. Чарльз Диккенс

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Название Le magasin d'antiquités. Tome I
Автор произведения Чарльз Диккенс
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
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qui, dans la confusion générale, n'avait pu trouver une autre personne pour l'écouter, s'accrocha à une jeune fille qui se trouvait là, et elle la conjura, au nom de sa tranquillité et de son bonheur, de mettre à profit cette circonstance solennelle pour éviter l'exemple de faiblesse donné par mistress Quilp, et pour songer uniquement, dès ce jour, à maîtriser et à dompter le caractère rebelle de son futur mari. Le bruit était à son comble, la moitié des dames en étaient venues, non plus à parler, mais à crier à qui mieux mieux pour dominer la voix des autres, quand soudain on vit mistress Jiniwin changer de couleur, et faire à la dérobée un signe du doigt, comme pour engager la compagnie à se taire. Alors, mais alors seulement, on aperçut dans la chambre Daniel Quilp lui- même, la cause vivante de tout ce tapage, occupé à regarder et écouter tout avec la plus profonde attention.

      «Continuez, mesdames, continuez, dit Daniel. Mistress Quilp, veuillez engager ces dames à rester pour souper; vous leur donnerez une couple de homards avec quelque autre comestible léger et délicat.

      – Je… je ne les avais pas invitées à prendre le thé, balbutia la jeune femme. C'est bien par hasard qu'elles se sont rencontrées.

      – Tant mieux, mistress Quilp; les parties de plaisir imprévues sont toujours les meilleures, dit le nain en frottant ses mains avec tant de force qu'il semblait fabriquer des boulettes pour servir de gargousses à des canonnières d'enfant. Mais quoi! vous ne partez pas, mesdames? Vous ne partez sûrement pas?»

      Ses belles ennemies agitèrent la tête d'un air mutin, tout en cherchant leurs chapeaux et leurs châles respectifs, mais elles laissèrent le soin de la résistance verbale à mistress Jiniwin, qui, se trouvant désignée par sa position pour soutenir la lutte, simula quelques efforts afin de sauver l'honneur de son rôle.

      «Et pourquoi, dit-elle, ces dames ne resteraient-elles pas à souper, si ma fille le voulait?

      – Certainement, répondit Daniel; pourquoi pas?

      – Il n'y a rien d'inconvenant ni de déshonnête dans un souper, j'espère, dit Mme Jiniwin.

      – Comment donc? répliqua le nain; ni de malsain non plus, à moins qu'on n'y mange une salade de homards ou des crevettes, car je me suis laissé dire que ce n'était pas bon pour la digestion.

      – Et vous ne voudriez pas que votre femme en souffrît, pas plus que de toute autre chose qui pourrait l'incommoder, n'est-ce pas?

      – Non, certainement, pour rien au monde! répondit le nain avec un rire grimaçant. Pas même pour toutes les belles-mères réunies!.. quelque bonheur qu'on eût à posséder une telle collection.

      – Ma fille est votre femme, monsieur Quilp,» dit la vieille dame avec un rire qu'elle s'efforça de rendre badin et satirique; et elle ajouta, comme s'il avait besoin qu'on lui rappelât cette circonstance: «Votre femme légitime.

      – Certainement, certainement, dit le nain.

      – Et elle a le droit, j'espère, d'agir comme il lui plaît, Quilp, dit mistress Jiniwin, tremblant, en partie de colère, en partie de la crainte secrète que lui inspirait son gendre diabolique.

      – Vous espérez qu'elle en a le droit. Ne savez-vous pas qu'elle l'a?

      – Je sais qu'elle devrait l'avoir, si elle avait ma manière de voir.

      – Ma chère, pourquoi n'avez-vous pas la manière de voir de votre mère? dit le nain se retournant pour s'adresser à sa femme. Pourquoi, ma chère, n'imitez-vous pas en tout constamment votre mère? Elle est l'ornement de son sexe; votre père le disait chaque jour de sa vie, j'en suis sûr.

      – Son père était un heureux caractère, et qui valait vingt mille fois mieux que certaines gens; que dis-je? vingt millions de milliards de fois.

      – J'eusse aimé à le connaître, repartit le nain. Il se peut qu'il fût une heureuse créature déjà à cette époque; mais ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il l'est maintenant. Doux repos pour un homme qui a, je crois, souffert longtemps.»

      La vieille dame fit un effort pour parler, mais elle resta sans voix. Quilp reprit, avec la même malice de regard et la même affectation de politesse moqueuse:

      «Vous ne paraissez pas à votre aise, mistress Jiniwin; vous vous êtes trop surexcitée peut-être à parler, car c'est là votre faible. Allez vous coucher, allez vous coucher.

      – J'irai me coucher quand il me plaira, Quilp, et pas avant.

      – Si cela pouvait vous plaire en ce moment! Allez donc vous coucher, s'il vous plaît.»

      Mistress Jiniwin le regarda avec colère; mais elle recula en le voyant s'avancer, et, lui tournant le dos pour s'en aller, elle l'entendit fermer la porte sur elle, l'envoyant ainsi rejoindre les invitées qui se pressaient sur l'escalier.

      Resté seul avec sa femme qui s'était assise dans un coin, toute tremblante et les yeux fixés à terre, le petit homme vint se planter à quelque distance devant elle, les bras croisés, et la contempla fixement durant quelque temps sans parler.

      «Ah! bonne pièce! dit-il en rompant le silence, faisant claquer ses lèvres, comme si ce n'était pas une simple figure de rhétorique, et qu'il vînt en effet de déguster un bon morceau. Ah! mon cher petit coeur! ah! charmante enchanteresse!»

      Mme Quilp sanglota, et, comme elle connaissait le caractère de son aimable seigneur et maître, elle ne se montra guère moins alarmée de ces compliments que s'il s'était porté à des actes de la plus extrême violence.

      «Quel bijou! continua le nain avec une grimace de possédé; quel diamant, quelle perle, quel rubis, quel écrin du plus pur métal, enchâssé des plus riches joyaux! quel trésor! aussi comme je l'aime!»

      La pauvre petite femme tremblait des pieds à la tête: elle jetait vers lui des yeux suppliants qu'elle baissait ensuite vers la terre avec de nouveaux sanglots.

      «Mais ce qu'elle a de mieux, ajouta-t-il en s'avançant avec une espèce de bond que ses jambes crochues, sa face hideuse, son air moqueur rendaient tout à fait diabolique, ce qu'elle a de mieux, c'est sa douceur, sa soumission, qui ne lui permet pas d'avoir une volonté à elle, et surtout c'est l'avantage qu'elle a de posséder une mère si persuasive!»

      Il prononça ces dernières paroles d'un ton de malice mielleuse dont rien n'approche; après quoi il planta ses deux mains sur ses genoux, et écartant ses jambes toutes grandes, il se baissa, baissa, baissa tout doucement jusqu'à ce qu'il n'eût plus besoin que de donner un tour de vis à sa tête d'un côté pour se trouver juste entre le parquet et les yeux de sa femme.

      «Madame Quilp!

      – Oui, Quilp.

      – N'est-ce pas que je suis gentil? N'est-ce pas que je serai, la plus jolie créature du monde, si j'avais seulement des moustaches? mais bah! ça ne m'empêche pas d'être un beau petit homme pour une femme, n'est-ce pas, madame Quilp?»

      Mme Quilp répliqua en femme bien apprise: «Oui, Quilp» et, fascinée par son regard, continua à fixer sur lui ses yeux timides, pendant qu'il la régalait d'une foule de grimaces dont il n'y avait que lui ou le cauchemar qui pussent posséder le secret. Et durant toute cette pantomime qui ne finit pas de sitôt, il garda un silence absolu; excepté chaque fois qu'il faisait trembler et reculer sa femme en renouvelant un de ses bonds inattendus, car alors elle ne pouvait s'empêcher de pousser un cri d'effroi, ce qui le faisait rire aux éclats.

      «Mistress Quilp! dit-il enfin.

      – Oui, Quilp,» répondit-elle avec soumission.

      Au lieu de poursuivre son idée, Quilp se leva, croisa de nouveau ses bras et fixa sur sa femme des yeux encore plus sévères, tandis qu'elle détournait les siens et les tenait attachés sur le parquet.

      «Mistress Quilp!

      – Oui, Quilp.

      – S'il vous arrive encore d'écouter ces sorcières, je vous pincerai.»

      Après cette menace laconique, accompagnée d'un grognement qui la fit paraître très-sérieuse, M. Quilp ordonna à Betzy d'enlever le plateau