Quentin Durward. Вальтер Скотт

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Название Quentin Durward
Автор произведения Вальтер Скотт
Жанр Историческая фантастика
Серия
Издательство Историческая фантастика
Год выпуска 0
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bel oncle. Puisqu'il faut que je serve en pays étranger, je voudrais servir quelque part où une action d'éclat, si j'avais le bonheur d'en faire une, pût me faire distinguer.

      – Je vous comprends, beau neveu, je vous comprends assez bien; mais vous n'êtes pas mûr pour cette sorte d'affaire. Le duc de Bourgogne est une tête chaude, un homme impétueux, un cœur doublé de fer: il charge à la tête de ses nobles et de ses chevaliers de l'Artois et du Hainault; pensez-vous que, si vous étiez là ou que j'y fusse moi-même, nous irions plus en avant que le duc et toute la brave noblesse de son pays? Si nous ne les suivions pas d'assez près, nous aurions la chance d'être livrés entre les mains du grand prévôt de l'armée comme traîneurs; si nous étions sur le même rang, on dirait que nous ne faisons que notre devoir et gagner notre paie; mais si le hasard voulait que je me trouvasse de la longueur d'une pique en avant des autres, ce qui est difficile et dangereux dans une telle mêlée où chacun fait de son mieux, eh bien! le duc crierait dans son jargon flamand, comme quand il voit porter un bon coup: Ah! gut getroffen! une bonne lance; un bon Écossais, qu'on lui donne un florin pour boire à notre santé: mais ni rang, ni terres, ni argent n'arrivent à l'étranger dans un tel service; tout est pour les enfans du sol.

      – Et, au nom du ciel! qui peut y avoir plus de droits, bel oncle?

      – Celui qui protège les enfans du sol, répondit le Balafré en se redressant de toute sa hauteur. Voici comme parle le roi Louis:

      – «Mon bon paysan, songez à votre charrue, à votre houe, à votre herse, à votre serpette, à tous vos instrumens de culture; voici un brave Écossais qui se battra pour vous, et vous n'aurez que la peine de le payer. Et vous, sérénissime duc, illustre comte, très-puissant marquis, enchaînez votre courage bouillant jusqu'à ce qu'on en ait besoin, car il est sujet à se tromper de chemin et à vous nuire à vous-même; voici mes compagnies franches, mes gardes françaises, voici par-dessus tous mes archers Écossais et mon brave Ludovic-le-Balafré; ils se battront aussi-bien et mieux que vous dont la valeur indisciplinée fit perdre à vos pères les batailles de Crécy et d'Azincourt.»

      – Or, ne voyez-vous pas, beau neveu, dans lequel de ces deux états un cavalier de fortune doit tenir le plus haut rang et parvenir au plus haut degré d'honneur?

      – Je crois que je vous entends, bel oncle; mais, à mon avis, il ne peut y avoir d'honneur à gagner où il n'y a pas de risque à courir. Je vous demande pardon: mais il me semble que c'est une vie d'indolent et de paresseux, que de monter la garde autour d'un vieillard à qui personne ne songe à nuire, et de passer les jours d'été et les nuits d'hiver sur le haut des murailles, enfermé dans une cage de fer, de peur que vous ne désertiez de votre poste. Mon oncle! mon oncle! c'est rester sur le perchoir comme le faucon qu'on ne mène jamais en chasse.

      – Par saint Martin de Tours! le jeune homme a du feu; on reconnaît en lui le sang des Leslys. C'est moi trait pour trait, avec un grain de folie de plus. écoutez-moi, mon neveu: vive le roi de France! à peine se passe-t-il un jour sans qu'il ait à donner à quelqu'un de nous quelque commission qui peut lui rapporter honneur et profit. Ne croyez pas que toutes les actions les plus braves et les plus dangereuses se fassent à la lumière du jour. Je pourrais vous citer quelques faits d'armes, tels que des châteaux pris d'assaut, des prisonniers enlevés, et d'autres semblables, pour lesquels quelqu'un dont je tairai le nom a couru plus de dangers et gagné plus de faveurs qu'aucun des enragés qui suivent l'enragé duc de Bourgogne. Et pendant qu'on est ainsi occupé, s'il plaît à Sa Majesté de se tenir à l'écart et dans le lointain, qu'importe? Il n'en a que plus de liberté d'esprit pour apprécier les aventuriers qu'il emploie, et les récompenser dignement. Il juge mieux leurs dangers et leurs faits d'armes que s'il y avait pris part personnellement. Oh! c'est un monarque politique et plein de sagacité!

      Quentin garda le silence quelques instans, et lui dit ensuite en baissant la voix, mais d'un ton expressif: – Le bon père Pierre avait coutume de dire qu'il pouvait y avoir beaucoup de danger dans les actions par lesquelles on n'acquiert que peu de gloire. Je n'ai pas besoin de vous dire, bel oncle, que je suppose toutes ces commissions honorables.

      – Pour qui me prenez-vous, beau neveu? s'écria le Balafré d'un ton un peu sévère. Il est vrai que je n'ai pas été élevé dans un cloître, et que je ne sais ni lire ni écrire; mais je suis le frère de votre mère, je suis un loyal Lesly. Pensez-vous que je sois homme à vous engager à faire quelque chose indigne de vous? Le meilleur chevalier de toute la France, Duguesclin lui-même, s'il vivait encore, se ferait honneur de compter mes hauts faits parmi les siens.

      – Je ne doute nullement de ce que vous me dites, bel oncle; mon malheureux destin ne m'a laissé que vous dont je puisse recevoir des avis. Mais est-il vrai, comme on le dit, que le roi tient ici, dans son château du Plessis, une cour bien maigre? Point de nobles ni de courtisans à sa suite; point de grands feudataires ni de grands officiers de la couronne près de lui: quelques amusemens presque solitaires, que partagent seulement les officiers de sa maison; des conseils secrets, auxquels n'assistent que des hommes d'une origine basse et obscure; la noblesse et le rang mis à l'écart; des gens sortis de la lie du peuple admis à la faveur royale: tout cela paraît irrégulier, et ne ressemble guère à la conduite de son père, le noble Charles, qui arracha des ongles du lion anglais plus de la moitié du royaume de France.

      – Vous parlez comme un enfant sans cervelle; et comme un enfant, vous ne faites que produire toujours les mêmes sons en frappant sur une nouvelle corde. Faites bien attention. Si le roi emploie Olivier le Dain, son barbier, pour ce qu'Olivier peut faire mieux qu'aucun pair du royaume, le royaume n'y gagne-t-il pas? S'il ordonne à son vigoureux grand-prévôt Tristan d'arrêter tel ou tel bourgeois séditieux, de le débarrasser de tel ou tel noble turbulent, l'affaire est faite, et l'on n'y pense plus; au lieu que, s'il confiait cette commission à un duc ou à un pair de France, celui-ci lui enverrait peut-être en réponse un message pour le braver. De même, s'il plaît au roi de confier à Ludovic-le-Balafré, qui n'a pas d'autre titre, une mission qu'il exécutera, au lieu d'en charger le grand connétable qui le trahirait peut-être, n'est-ce pas une preuve de sagesse? Par-dessus tout, un monarque de ce caractère n'est-il pas le prince qu'il faut à des cavaliers de fortune, qui doivent aller où leurs services sont le plus recherchés et le mieux appréciés? Oui, oui, jeune homme, je vous dis que Louis sait choisir ses confidens, connaître leur capacité, et proportionner la charge aux épaules de chacun, comme on dit. Il ne ressemble pas au roi de Castille, qui mourait de soif parce que le grand échanson n'était pas derrière lui pour lui présenter sa coupe. Mais j'entends la cloche de Saint-Martin; il faut que je retourne au château. Adieu, passez le temps joyeusement, et demain à huit heures présentez-vous au pont-levis, et demandez-moi à la sentinelle. Ayez bien soin de ne pas vous écarter du droit chemin, du sentier battu; car il pourrait vous en coûter un membre, et vous le regretteriez sans doute. Vous verrez le roi, et vous apprendrez à le juger par vous-même. Adieu!

      À ces mots le Balafré partit à la hâte, oubliant, dans sa précipitation, de payer le vin qu'il avait demandé; défaut de mémoire auquel sont sujets les hommes de son caractère, et que l'aubergiste ne crut pas devoir relever, sans doute à cause du respect que lui inspiraient son panache flottant et sa grande lame à double poignée.

      On pourrait supposer que Durward, resté seul, se serait retiré dans sa tourelle, dans l'espoir d'y entendre de nouveau les sons enchanteurs qui lui avaient procuré dans la matinée une rêverie délicieuse: mais cet incident était un chapitre de roman, et la conversation qu'il venait d'avoir avec son oncle lui avait ouvert une page de l'histoire véritable de la vie. Le sujet n'en était pas fort agréable; les réflexions et les souvenirs qu'il faisait naître devaient écarter toute autre idée, et surtout les idées tendres et riantes.

      Il prit le parti d'aller faire une promenade solitaire sur les bords du Cher au cours rapide, après avoir eu soin de demander à l'hôte quel chemin il pouvait suivre sans avoir à craindre que des trappes et des pièges apportassent à sa marche une interruption désagréable. Là il s'efforça de rappeler le calme dans son esprit agité, et de réfléchir au parti qu'il devait prendre, son entretien avec son oncle lui ayant encore laissé quelque incertitude à cet égard.

      CHAPITRE VI.

      Les