Quentin Durward. Вальтер Скотт

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Название Quentin Durward
Автор произведения Вальтер Скотт
Жанр Историческая фантастика
Серия
Издательство Историческая фантастика
Год выпуска 0
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placés.

      Il eut bientôt découvert qu'une profusion de longues tresses de beaux cheveux noirs, qu'elle portait de même que les jeunes écossaises, sans autre ornement qu'une guirlande de feuilles de lierre, formaient un voile naturel autour de son visage, dont les traits réguliers, les yeux noirs et l'air pensif auraient pu rappeler la mélancolique Melpomène; mais il y avait sur ses joues une nuance de carmin, et un sourire sur ses lèvres et dans son regard, qui portaient à croire que la gaieté n'était pas étrangère à une physionomie si séduisante, quoique ce ne fût pas son expression la plus habituelle. Quentin crut même pouvoir distinguer que des circonstances affligeantes étaient la cause qui prêtait à la figure d'une si jeune et si jolie personne l'apparence d'une gravité qui n'accompagne pas ordinairement la beauté dans sa première jeunesse; et comme l'imagination d'un jeune homme est prompte à tirer des conclusions des données les plus légères, il lui plus d'inférer de ce qui va suivre, que la destinée de cette charmante inconnue était enveloppée de mystère et de silence.

      – Que veut dire ceci, Jacqueline? dit maître Pierre dès qu'elle entra. N'avais-je pas demandé que dame Perrette m'apportât ce dont j'avais besoin? Pâques-Dieu! est-elle ou se croit-elle trop grande dame pour me servir?

      – Ma mère est mal à l'aise, répondit Jacqueline à la hâte et du ton le plus humble; elle ne se porte pas bien, et garde la chambre.

      – Elle la garde seule, j'espère! s'écria maître Pierre avec une sorte d'emphase; je suis un vieux routier, et ce n'est pas à moi qu'on en fait accroire par une maladie prétendue.

      À ces paroles Jacqueline pâlit, et chancela même; car il faut avouer que le ton et le regard de maître Pierre, toujours durs, caustiques et désagréables, devenaient sinistres et alarmans quand ils exprimaient la colère ou le soupçon.

      La galanterie de notre jeune montagnard prit l'éveil sur-le-champ, et il s'approcha de Jacqueline pour la soulager du fardeau qu'elle portait, et qu'elle lui remit d'un air pensif, en jetant sur le bourgeois en courroux un regard timide et inquiet. Il eût été contre nature de résister à l'expression de ces yeux tendres qui semblaient implorer la compassion; et maître Pierre lui dit, non plus d'un air de mécontentement, mais avec autant de douceur que sa physionomie pouvait en exprimer: – Je ne te blâme pas, Jacqueline; car tu es trop jeune pour être déjà ce qu'il est dur de penser que tu dois être un jour… fausse et perfide comme, tout le reste de ton sexe frivole. Personne n'est parvenu à l'âge d'homme sans avoir été à portée de vous connaître toutes, et voici un cavalier Écossais qui te dira la même chose.

      Jacqueline jeta les yeux un instant sur le jeune étranger, comme pour obéir à maître Pierre; mais ce regard, quelque rapide qu'il fût, parut à Durward un appel touchant à sa générosité. Avec l'empressement d'un jeune homme, et le respect romanesque pour le beau sexe que lui avait inspiré son éducation, il répondit à l'instant qu'il jetterait le gant du combat à tout antagoniste de son rang et de son âge qui oserait dire que des traits semblables à ceux qu'il voyait pouvaient ne pas être animés par l'âme la plus pure.

      Les joues de la jeune fille se couvrirent d'une pâleur mortelle, et elle jeta un regard craintif sur maître Pierre, à qui la bravade du jeune Écossais parut n'inspirer qu'un sourire de mépris plutôt que d'approbation. Quentin, dont la seconde pensée corrigeait ordinairement la première, rougit d'avoir prononcé quelques mots qui pouvaient passer pour une fanfaronnade devant un vieillard pacifique par état; et se condamnant à une sorte de réparation aussi juste que proportionnée à sa faute, il résolut de supporter patiemment le ridicule qu'il avait mérité. Il présenta à maître Pierre le plateau dont il s'était chargé, en rougissant et avec un air d'embarras qu'il cherchait vainement à cacher.

      – Vous êtes un jeune fou, lui dit maître Pierre; et vous ne connaissez pas mieux les femmes que les princes, dont Dieu, ajouta-t-il en faisant le signe de la croix dévotement, tient les cœurs dans sa main droite.

      – Et qui tient donc les cœurs des femmes? demanda Quentin, déterminé à ne pas s'en laisser imposer par l'air de supériorité de cet homme extraordinaire, dont les manières hautaines et insouciantes exerçaient sur lui une influence dont il était un peu humilié.

      – Je crois qu'il faut faire cette question à quelque autre, répondit maître Pierre avec beaucoup de sang-froid.

      Cette nouvelle rebuffade ne déconcerta pourtant pas entièrement Quentin Durward. – À coup sûr, pensa-t-il, ce n'est pas pour la misérable obligation d'un déjeuner, quelque substantiel et excellent qu'il fût, que j'aurais tant de déférence envers ce bourgeois de Tours! On s'attache les chiens et les faucons en les nourrissant; c'est par les liens de l'amitié et des services qu'on peut enchaîner le cœur de l'homme. Mais ce bourgeois est vraiment extraordinaire; et cette apparition enchanteresse – qui va déjà disparaître, – un être si parfait, ne peut appartenir à si bas lieu, il ne peut même dépendre de ce riche marchand, quoique celui-ci semble exercer à son égard une sorte d'autorité comme il le fait sans doute sur tout ce que le hasard jette dans son petit cercle. Il est étonnant quelles idées d'importance ces Flamands et ces Français attachent à la richesse, infiniment plus qu'elle n'en mérite; car je suppose que ce vieux marchand s'imagine devoir à son argent, la considération que j'accorde à son âge. Moi, gentilhomme Écossais d'une ancienne race, d'une naissance distinguée, et lui un marchand de Tours!

      Telles étaient les idées qui se succédaient rapidement dans l'esprit du jeune Durward, tandis que maître Pierre disait à Jacqueline, en souriant, et en passant la main sur ses longs cheveux: – Ce jeune homme me servira, Jacqueline; tu peux te retirer. Je dirai à ta négligente mère qu'elle a tort de t'exposer aux yeux sans nécessité.

      – C'était seulement pour vous servir, répondit la jeune fille: j'espère que vous ne serez pas mécontent de votre parente, puisque…

      – Pâques-Dieu! s'écria maître Pierre en l'interrompant d'un ton vif, mais sans dureté, avez-vous envie de discuter avec moi, ou restez-vous ici pour regarder ce jeune homme? Retirez-vous. Il est noble; il suffira pour me servir.

      Jacqueline sortit; et Durward était si occupé de sa disparition subite, qu'elle rompit le fil de ses réflexions; et il obéit machinalement quand maître Pierre, se jetant nonchalamment sur son grand fauteuil, lui dit du ton d'un homme habitué à commander: – Placez ce plateau près de moi.

      Le marchand, fronçant les sourcils, les fit retomber sur ses yeux pleins de vivacité, de manière qu'à peine étaient-ils visibles, quoiqu'ils lançassent quelquefois un rayon rapide et brillant comme ceux du soleil qui se couche derrière un sombre nuage, à travers lequel il brille par intervalles.

      – N'est-ce pas une charmante créature? dit maître Pierre en levant la tête et fixant un regard ferme sur Quentin en lui faisant cette question; une fille fort aimable pour une servante d'auberge? Elle figurerait bien à la table d'un honnête bourgeois, mais cela a reçu une mauvaise éducation; cela a une origine basse.

      Il arrive quelquefois qu'un mot jeté au hasard démolit un splendide château qu'on vient de construire dans les airs; et, en pareille occasion, l'architecte ne sait pas beaucoup de gré à celui qui a laissé tomber le mot fatal, alors même qu'il a parlé sans intention de nuire. Quentin se sentit déconcerté, et il était disposé à se mettre en courroux, sans trop savoir pourquoi, contre ce vieillard pour l'avoir informé que cette créature enchanteresse n'était ni plus ni moins que ce que ses occupations annonçaient, – une servante d'auberge, une servante d'un ordre supérieur, à la vérité (une nièce peut-être ou une parente de l'aubergiste), mais une servante enfin, obligée de se conformer à l'humeur de tous les hôtes, et particulièrement à celle de ce maître Pierre, qui paraissait être assez fantasque et assez riche pour vouloir que ses caprices devinssent autant de lois.

      Une pensée se présentait encore à son esprit: c'était qu'il devait faire comprendre au vieillard la différence qui existait entre leurs conditions, et lui faire sentir que quelque riche qu'il pût être, sa richesse ne pouvait le faire marcher l'égal d'un Durward de Glen-Houlakin. Cependant, quand il levait les yeux sur maître Pierre, dans l'intention de lui dire quelques mots à ce sujet, il trouvait dans sa physionomie, malgré ses