Название | Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke |
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Автор произведения | Артур Конан Дойл |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
Maître Timewell, le Maire, était debout au milieu de ces allées et venues, mettant de l'ordre dans toutes choses, en chef habile et prévoyant.
Je compris aisément la confiance et l'affection qu'éprouvaient pour lui ses concitoyens, quand je le vis à l'œuvre, et faisant preuve de toute la sagesse de l'âge et de tout l'entrain de la jeunesse.
Il était tout entier à sa besogne.
Au moment de notre arrivée, il essayait le fonctionnement d'un falconnette, mais en nous apercevant, il s'avança et nous salua avec beaucoup de bienveillance.
– J'ai entendu parler beaucoup de vous, dit-il, et raconter comment vous avez maintenu ensemble les fidèles, et battu ainsi les cavaliers de l'usurpateur. Ce ne sera pas la dernière fois, je l'espère, que vous aurez vu leur dos. On m'a appris, Colonel Saxon, que vous avez beaucoup servi à l'étranger.
– J'ai été l'humble instrument de la Providence dans plus d'une bonne besogne, dit Saxon en s'inclinant. J'ai combattu avec les Suédois contre les Brandebourgeois, puis avec les Brandebourgeois contre les Suédois, mon temps étant expiré et mes conditions satisfaites avec ces derniers. Ensuite j'ai combattu avec les Bavarois contre les Suédois et les Brandebourgeois réunis, sans parler de la part que j'ai prise aux grandes guerres sur le Danube contre le Turc, et de deux campagnes dans le Palatinat avec les Messieurs, ce qui toutefois peut passer pour une distraction plutôt que pour de la guerre.
– De vrais états de service pour un soldat! s'écria le Maire, en caressant sa barbe blanche. J'ai entendu dire aussi que vous êtes puissant dans la prière et le chant. Vous êtes, ce que je vois, colonel, de la vieille race de mil six cent quarante, où les hommes passaient toute la journée en selle, et la moitié de la nuit à genoux. Quand reverrons-nous leurs pareils? Il ne reste plus que des débris tels que moi, le feu de notre jeunesse entièrement éteint, et n'offrant plus que des cendres léthargiques de la tiédeur.
– Non, non, dit Saxon, la position et l'occupation où vous voilà maintenant ne sont guère d'accord avec la modestie de votre langage. Mais voici des jeunes gens qui trouveront l'ardeur, si leurs anciens apportent le concours de leurs cerveaux. Voici le Capitaine Micah Clarke, le Capitaine Lockarby, et le Capitaine Honorable Sir Gervas Jérôme, qui sont venus de loin tirer leurs épées en faveur de la foi foulée aux pieds.
– Taunton vous souhaite la bienvenue jeunes messieurs, dit le Maire, en regardant un peu de travers, du moins je me le figurais, le baronnet qui avait tiré son miroir de poche et était occupé à se brosser les sourcils J'espère que durant votre séjour en cette ville, vous voudrez bien vous installer chez moi. C'est une maison sans façon, où la chère est simple, mais un soldat a peu de besoins. Et maintenant, colonel, je serais heureux de vous consulter au sujet de ces drags, et de savoir si après avoir été recerclés, ils peuvent encore servir, ainsi qu'au sujet de ces trois demi-canons, qui furent employés au temps ancien du Parlement et diront peut-être leur mot dans la cause du peuple.
Le vieux soldat et le Puritain s'enfoncèrent aussitôt dans une profonde et savante discussion sur les mérites des pièces de rempart, des petits canons, demi-couleuvrines, sacres, mignons, mortiers, faucons, pierriers, autant de types d'artillerie sur chacun desquels Saxon avait à exprimer des opinions bien tranchées, étayées de bien des aventures, de bien des expériences personnelles.
Il s'étendit ensuite sur les avantages des flèches à feu, des lances à feu, dans l'attaque ou la défense des places fortes.
Il termina par une longue dissertation sur les fortins, directis lareribus, sur les ouvrages en demi-lune, en ligne droite, horizontaux, obsculaires, avec tant de mentions des lignes de la Majesté Impériale, à Gran, qu'il semblait que ce discours ne dût jamais finir.
Nous nous esquivâmes pendant qu'il était en train de discuter sur les efforts que produisirent les grenades autrichiennes sur une brigade de piquiers bavarois à la bataille d'Obergranstock.
– Que je sois maudit, si je suis disposé à accepter l'offre de ce personnage, dit Sir Gervas à demi-voix. J'ai entendu parler des ménages puritains. Beaucoup de prières, peu de vin du Rhin, et de tous côtés des vols de textes aussi durs, aussi tranchants que des cailloux. On se couche avec le soleil, et un sermon est là qui vous guette pour peu qu'on regarde avec bienveillance la domestique, ou qu'on chantonne un refrain de chanson à boire.
– La maison peut être plus importante que celle de mon père, fis-je remarquer, mais elle ne peut pas être plus rigoureuse.
– Pour cela, je le garantis, s'écria Ruben. Quand nous allions à une danse moresque, quand nous organisions un jeu des samedis soir, comme la ronde aux baisers ou «le curé qui a perdu son habit», j'ai vu Joe Côte de Fer nous jeter au passage un regard capable de geler le sourire sur nos lèvres. Je vous réponds qu'il aurait aidé le Colonel Pride à tuer les ours ou à abattre les maïs.
– Un tel homme eût commis un fratricide en tuant des ours, dit Sir Gervas, avec tout le respect que je professe pour votre honorable père, ami Clarke.
– Tout comme vous si vous aviez abattu un papegai, répondis-je en souriant. Quant à l'offre du Maire, nous ne pouvons maintenant nous dispenser d'aller à son repas, et si on le trouve ennuyeux, il vous sera aisé de trouver une excuse, et de vous tirer honorablement de là. Mais rappelez-vous ceci, Sir Gervas, ces intérieurs-là sont très différents de tous ceux que vous connaissez. Aussi donc réfrénez votre langue: sans quoi il pourrait y avoir quelqu'un de fâché. Si je fais hem! ou si je tousse, cela signifiera que vous ferez bien de vous tenir sur vos gardes.
– Convenu, jeune Salomon, s'écria-t-il. Il fait réellement bon avoir un pilote qui connaît comme vous ces eaux sacrées. Quant à moi, je ne me doutais pas combien j'étais près des récifs. Mais nos amis ont fini la bataille d'Ober… je ne sais pas quoi, et ils s'avancent vers nous. J'espère, Monsieur le Maire, que toutes les difficultés sont résolues?
– Elles le sont, répondit le Puritain. J'ai été extrêmement édifié par les propos de votre colonel, et je suis certain qu'en servant sous ses ordres vous ferez grand profit de sa mûre expérience.
– Très probable, monsieur, très probable! dit Sir Gervas d'un ton insouciant.
– Mais, reprit le Maire, il est près d'une heure, et notre faible chair demande à grands cris à manger et à boire. Je vous en prie, faites-moi la faveur de m'accompagner en mon humble demeure, où nous trouverons le repas de famille déjà servi.
En disant ces mots, il nous précéda pour sortir de la salle, et descendit lentement Fore Street, les gens s'écartant à droite et à gauche sur son passage et se découvrant respectueusement devant lui.
De place en place, ainsi qu'il nous le fit remarquer, des mesures avaient été prises pour barrer la route avec de fortes chaînes, destinées à rompre l'élan de la cavalerie.
Dans certains endroits, à l'angle d'une maison un trou avait été pratiqué dans la maçonnerie, et par là pointait la gueule noire d'une caronade ou d'une pièce de rempart.
Ces précautions étaient d'autant plus nécessaires, que plusieurs corps de cavalerie, sans compter celui que nous avions repoussé, étaient répandus dans les environs, on le savait, et que la ville, n'ayant plus ses remparts, était exposée à une incursion d'un chef audacieux.
La demeure du principal magistrat était une maison trapue, à façade carrée en pierre, située dans une cour qui s'ouvrait sur la rue de l'Est.
La porte de chêne, à imposte pointue, parsemée de gros clous de fer, avait un air sombre et maussade, mais le vestibule sur lequel elle s'ouvrait était clair et aéré.
Il avait un parquet de cèdre très poli et était lambrissé jusqu'à une grande hauteur, d'un bois de nuance foncée qui répandait une odeur agréable, analogue à celle de la violette.
Un large escalier partait de l'autre bout du vestibule.
Ce