Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke. Артур Конан Дойл

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Название Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke
Автор произведения Артур Конан Дойл
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
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ses yeux brillants, d'un gris d'acier, l'animation qui se remarquait dans les traits de sa figure pleine de vivacité, prouvaient à quelle hauteur l'enthousiasme religieux pouvait s'élever au-dessus de la faiblesse corporelle.

      Une barbe pointue, en désordre, tombait à mi-chemin de sa ceinture.

      Ses longs cheveux, blancs comme la neige, s'échappaient en voltigeant de dessous une calotte de velours.

      Cette calotte était fortement tendue sur le crâne de façon à faire saillir les oreilles dans une position forcée, de chaque côté, coutume qui a valu à son parti l'épithète de «dresse-l'oreille» qui lui fut si souvent appliquée par ses adversaires.

      Son costume était d'une simplicité étudiée, de couleur sombre.

      Il se composait de son manteau noir, de culottes en velours foncé, de bas de soie, avec des nœuds de velours aux souliers à la place des boucles alors en usage.

      Une grosse chaîne d'or, qu'il portait au cou, était la marque de son office.

      En avant de lui marchait à pas comptés le gros secrétaire de la ville, au gilet rouge, une main sur la hanche, l'autre étendue pour brandir la verge qui lui servait d'insigne.

      Il jetait des regards solennels à droite et à gauche, s'inclinait de temps en temps comme s'il s'attribuait les applaudissements.

      Ce petit homme avait attaché à sa ceinture un énorme sabre qui résonnait sur ses pas avec un bruit de ferraille sur le pavé formé de galets, et qui de temps en temps se mettait entre ses jambes.

      Alors l'homme l'enjambait d'un air brave et reprenait sa marche sans rien perdre de sa dignité.

      Trouvant à la fin ces interruptions trop fréquentes, il abaissa la poignée de son sabre de manière à en élever la pointe, et il continua à marcher avec l'air d'un coq bantam dont la queue aurait été réduite à une seule plume.

      Lorsque le Maire eut passé en avant et en arrière des différents corps et les eut inspectés avec une minutie et une attention bien propres à prouver que l'âge n'avait point émoussé ses qualités militaires, il fit demi-tour dans l'intention évidente de nous parler.

      Aussitôt son secrétaire s'élança devant lui, agitant les bras, et criant à tue-tête:

      – Silence, bonnes gens! Silence pour le très honorable Maire de Taunton! Silence pour le digne Maître Stephen Timewell.

      Et au milieu de ses gestes et de ses cris, il s'empêtra encore une fois dans son arme démesurée, et alla s'étaler à quatre pattes dans le ruisseau.

      – Silence, vous même, Maître Tetheridge, dit d'un ton sévère le magistrat suprême, si l'on vous rognait votre épée et votre langue, ce serait aussi avantageux pour vous que pour nous. Ne saurais-je dire quelques mots opportuns à ces braves gens sans que vous veniez m'interrompre par vos aboiements discordants?

      L'encombrant personnage se ramassa et s'esquiva derrière le groupe des conseillers, pendant que le Maire gravissait avec lenteur les degrés de la croix du marché.

      De là, il nous parla d'une voix haute, perçante, qui prenait plus d'ampleur à chaque mot, si bien qu'elle s'entendait jusque dans les coins les plus éloignés de la place.

      – Amis dans la foi, dit-il, je rends grâce au Seigneur d'avoir été épargné dans ma vieillesse pour être présent à cette pieuse réunion. Car nous, gens de Taunton, nous avons toujours entretenu vivante parmi nous la flamme du Covenant, parfois peut-être obscurcie par les courtisans des circonstances, mais restée toujours allumée dans les cœurs de notre peuple. Toutefois il régnait autour de nous des ténèbres pires que celles de l'Égypte, alors que Papisme et Prélatisme, Arminianisme et Érastianisme faisaient rage et se donnaient libre cours sans rencontrer d'obstacle ni de répression. Mais que vois-je maintenant? Vois-je les fidèles se retirer tremblants en leurs cachettes, et dressant l'oreille pour percevoir le bruit des fers des chevaux de leurs oppresseurs? Vois-je une génération docile aux maîtres du jour, avec le mensonge aux lèvres, et la vérité ensevelie au fond de son cœur? Non, je vois devant moi des hommes pieux, qui viennent non seulement de cette belle cité, mais encore de tout le pays à la ronde, et des comtés de Dorset, et de Wilts, certains même, à ce qu'on me dit, du Hampshire, tous disposés, empressés à besogner vigoureusement pour la cause du Seigneur. Et quand je vois ces hommes fidèles, et quand je pense que chacune des grosses pièces de monnaie qu'ils ont dans leurs caisses est prête à les soutenir, et quand je sais que ceux qui, dans le pays, ont survécu aux persécutions, rivalisent de prières pour nous, j'entends une voix intérieure qui me dit que nous abattrons les idoles de Dagon et que nous bâtirons dans cette Angleterre, notre pays, un temple de la vraie religion tel que ni Papisme, ni Prélatisme, ni idolâtrie, ni aucune autre invention du Mauvais ne prévaudra jamais contre lui.

      Un sourd murmure d'approbation que rien ne pouvait contenir, monta des rangs compacts de l'infanterie insurgée, en même temps que les armes ou mousquetons retombaient sur le pavé avec un bruit sonore.

      Saxon tourna à demi sa figure farouche, en levant la main d'un signe d'impatience.

      Le grondement rauque s'éteignit parmi nos hommes, pendant que nos compagnons de droite et de gauche, moins disciplinés, continuaient à agiter leurs branches vertes et à faire sonner leurs armes.

      Les gens de Taunton restaient immobiles, résolus, silencieux, mais leurs traits contractés, leurs sourcils froncés prouvaient que l'éloquence de leur concitoyen avait remué jusqu'en ses profondeurs l'esprit fanatique qui les distinguait.

      – J'ai en main, reprit le Maire, en tirant de sa poitrine un papier roulé, la proclamation dont notre royal chef s'est fait précéder. En sa grande bonté, en son abnégation, il a, dans le premier appel daté de Lyme, fait savoir qu'il laisserait le choix d'un monarque aux Communes d'Angleterre, mais ayant appris que ses ennemis faisaient de cette déclaration l'usage le plus scandaleux, le plus vil, et assuraient qu'il avait trop peu de confiance en sa propre cause pour surprendre publiquement le titre qui lui était dû, il a décidé de mettre fin à ces mauvais propos.

      «Sachez donc que par la présente il est proclamé que James, Duc de Monmouth, est désormais le Roi légitime d'Angleterre, que Jacques Stuart, le papiste et le fratricide, est un scélérat usurpateur, qu'il est promis cinq mille guinées à quiconque le livrera mort ou vif, et que l'assemblée siégeant actuellement à Westminster et se donnant le nom de Communes d'Angleterre est une assemblée illégale, que ses actes sont nuls et non avenus devant la loi. Dieu bénisse le Roi Monmouth et la Religion protestante!»

      Les trompettes sonnèrent une fanfare, et le peuple applaudit, mais le Maire, levant ses mains maigres et blanches pour réclamer le silence, reprit:

      – Il est arrivé ce matin un message du Roi. Il envoie son salut à ses fidèles sujets protestants, et ayant fait halte à Axminster, pour se reposer après sa victoire, il se mettra bientôt en marche, et sera parmi vous dans deux jours au plus tard.

      «Vous serez peinés d'apprendre que le bon Alderman Rider a péri, frappé au plus fort de la mêlée. Il est mort en homme et en chrétien, léguant toute sa fortune en ce monde, ainsi que sa fabrique de draps et ses biens immeubles, pour la continuation de la guerre.

      «Parmi les autres morts, il n'y en a pas plus de dix qui soient de Taunton. Deux vaillants jeunes pères ont été moissonnés, Ohosés et Ephraïm Hollis, dont la pauvre mère…

      – Ne vous désolez pas à mon sujet, bon Maître Timewell, cria une voix de femme dans la foule. J'ai trois autres fils, aussi solides, que j'offre tous pour la même querelle.

      – Vous êtes une digne femme, Mistress Hollis, répondit le Maire, et vos enfants ne seront point perdus pour vous. Le nom suivant sur ma liste est celui de Jessé Tréfail, puis viennent Joseph Millar et Aminadab Holt…

      Un mousquetaire, homme d'un certain âge, se trouvant dans là première ligne de l'infanterie Taunton, enfonça son chapeau sur ses yeux, et cria d'une voix forte et ferme:

      – Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté. Béni soit le nom du Seigneur!

      – C'est