Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11. George Gordon Byron

Читать онлайн.
Название Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11
Автор произведения George Gordon Byron
Жанр Зарубежная классика
Серия
Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/32509



Скачать книгу

avait quitté Londres à la fin de janvier pour aller voir son père dans le Leicestershire, et Lord Byron devait la suivre peu de tems après. Ils s'étaient séparés pleins de tendresse: – elle lui écrivit en route une lettre pleine d'enjouement et d'affection; et aussitôt qu'elle fut arrivée à Kirkby Mallory, son père écrivit à Lord Byron pour lui apprendre qu'elle ne retournerait plus vivre avec lui. Au moment où il reçut ce coup inattendu, ses embarras pécuniaires, qui s'étaient rapidement augmentés pendant le cours de la dernière année (puisqu'il n'y avait pas eu moins de huit à neuf saisies dans sa maison durant cette époque), étaient parvenus à leur comble; et au moment où, pour me servir de ses énergiques expressions, il était «seul dans ses foyers avec ses dieux pénates brisés et dispersés autour de lui,» il dut aussi recevoir la nouvelle foudroyante que la femme qui venait de le quitter en parfaite harmonie se séparait de lui-pour jamais.

      Ce fut à peu près vers cette époque que le billet suivant fut écrit.

A M. ROGERS

      8 février 1816.

      «Ne vous y méprenez pas; – je vous ai réellement rendu votre livre, par la raison que je vous ai dite, et pas autre chose: il a trop de valeur pour un individu aussi insouciant. – Je me suis défait de tous mes livres, et très-positivement je ne veux pas vous priver de la moindre «particule de cet homme immortel.»

      »Je serai bien aise de vous voir, si vous voulez venir, quoique je lutte maintenant contre les traits et les flèches de la fortune cruelle, dont quelques-uns m'ont atteint d'un côté d'où assurément je ne les attendais pas. Mais n'importe, «il y a un monde ailleurs,» et je ferai de mon mieux pour m'ouvrir un chemin dans celui-là.

      »Si vous écrivez à Moore, dites-lui que je répondrai à sa lettre quand je pourrai en trouver le tems et la force.

      »Toujours tout à vous.»Bn.

      Ce ne fut que plus d'une semaine après que le bruit de la séparation arriva jusqu'à moi, et je me hâtai de lui écrire en ces termes: «Je suis extrêmement anxieux d'avoir de vos nouvelles, quoique je ne sache pas trop si je dois parler du sujet qui cause toutes mes inquiétudes. Si cependant ce que j'ai appris hier par une lettre de Londres est vrai, vous comprendrez immédiatement ce que je veux dire, et vous m'en communiquerez autant ou aussi peu que vous croirez convenable; seulement je voudrais en savoir quelque chose de vous-même, aussitôt que possible, afin de pouvoir me fixer sur la vérité ou l'imposture du rapport qui m'a été fait.» Voici la réponse qu'il me fit.

      LETTRE CCXXXIII

A M. MOORE

      29 février 1816.

      «J'ai été quelque tems sans répondre à votre lettre; et maintenant la réponse que j'aurais à faire à une partie de son contenu serait d'une telle étendue que je la retarderai jusqu'à ce que je puisse vous la donner en personne, et alors je l'abrégerai autant que possible.

      »En attendant, je suis en guerre avec tout le monde et ma femme, ou, pour mieux dire, tout le monde et ma femme sont en guerre avec moi, et ne m'ont pas encore écrasé, quoi qu'ils puissent faire. Je ne sache pas que, dans le cours d'une vie pleine de vicissitudes, je me sois jamais trouvé, chez moi au dehors, dans une position plus complètement dénuée de plaisirs actuels et d'espérances futures. Je parle ainsi parce que c'est ainsi que je pense et que je sens; mais je n'en résisterai pas moins à cet état, malgré cette manière de l'envisager: – j'ai pris mon parti.

      »Puisque nous en sommes là-dessus cependant, n'allez pas croire tout ce qu'on dit à ce sujet, et n'essayez pas de me défendre. – Si vous y réussissiez, ce serait me faire une offense mortelle ou, si vous voulez, immortelle. Qui peut supporter une réfutation? Je n'ai que très-peu de chose à répondre à ceux que cela regarde; et toute mon activité, jointe à celle de quelques amis énergiques, n'a pu encore découvrir aucun prétexte plausible de discuter cette affaire d'une manière expéditive avec personne, quoiqu'hier j'aie manqué d'en clouer un à la muraille, ce qu'il a évité par une explication satisfaisante, du moins au dire des individus présens: je parle des colporteurs de nouvelles, auxquels je ne porte pas d'inimitié, quoiqu'il me faille agir d'après le code ordinaire des usages, quand il m'arrive d'en rencontrer qui en valent la peine.

»Maintenant passons à un autre sujet, la poésie, par exemple. Le poème de Leigh Hunt est diablement bon: il est par-ci par-là un peu bizarre; mais avec le cachet d'originalité et la belle poésie qu'on y trouve, cet ouvrage doit rester. Je ne dis pas cela parce qu'il me l'a dédié, ce dont je suis au contraire très-fâché; car autrement, je vous aurais prié d'en faire la revue 15. Il me semble digne de grands éloges; et je pense qu'un article en sa faveur, dans la Revue d'Édimbourg, ne ferait que lui rendre justice, et le faire connaître aux yeux du public de la manière dont il mérite de l'être.

Note 15: (retour) Je retrouve la réponse que je fis à ce passage de sa lettre, relativement au poème de Hunt. «Quoiqu'il soit, je l'avoue, plein de beautés, et que j'en aime sincèrement l'auteur, je ne pourrais réellement entreprendre de le louer sérieusement. Il y a quelque chose qui prête tant au ridicule dans tout ce qu'il écrit, que je ne puis jamais prendre un ton vraiment pathétique en le lisant.»(Note de Moore.)

      »Comment vous portez-vous, et où êtes-vous? Je n'ai pas la moindre idée de ce que je vais devenir moi-même, et ne sais encore où j'irai et ce que je ferai. Il y a quelques semaines, je vous aurais écrit des choses qui vous auraient fait rire; mais on me dit maintenant que le rire ne me convient plus: aussi ai-je été et suis-je encore depuis très-sérieux.

      »J'ai été un peu incommodé de la maladie de foie, mais je me porte mieux depuis quinze jours, quoique encore soumis aux ordonnances des gens de l'art. J'ai vu depuis peu........................ .......................................

      »Il faut que j'aille m'habiller pour dîner. Ma petite fille est à la campagne. On me dit que c'est un très-bel enfant; elle a maintenant près de trois mois: c'est lady Noël, ma belle-mère, qui la surveille à présent. Sa fille (ci-devant miss Milbanke) est, je crois, à Londres avec son père. Une certaine Mrs. C. (maintenant espèce de femme de chambre servant d'espion à lady N., et qui, dans un tems meilleur, a été blanchisseuse) est réputée, par les gens bien instruits, comme étant en grande partie la cause secrète de nos différends domestiques.

      »Dans toute cette affaire, celui que je plains le plus c'est sir Ralph. Lui et moi sommes également punis, quoique magis pares quam similes dans notre affliction. Cependant, il nous est bien dur à tous deux de souffrir par la faute d'une seule personne; mais ainsi soit-il! je serai séparé de ma femme, et il gardera la sienne.

      »Tout à vous.»

      Dans ma réponse à cette lettre, écrite quelques jours après, il se trouve un passage où j'exprime une opinion qu'il eût été peut-être plus prudent de cacher, mais que je crois devoir extraire, parce que ceci amena, de la part de Lord Byron, un aveu singulièrement généreux, et également honorable pour les deux parties intéressées dans cette malheureuse affaire. Voici les termes dans lesquels je m'exprimais. «Je suis à peu près dans le même état que vous, relativement au sujet de votre lettre, ayant l'esprit rempli de beaucoup de choses que je ne sais comment écrire, et dont je remettrai la communication jusqu'à notre entrevue au mois de mai, où je vous appellerai en cause pour tous vos crimes et méfaits. En attendant, vous ne manquerez pas de juges, ni même de bourreaux, si on les en croyait. Le monde, dans son ardeur généreuse à embrasser le parti du plus faible, ne tarde pas à en faire le plus fort et le plus formidable. Je suis sincèrement affligé de ce qui s'est passé. Tous mes vœux et toutes mes théories sur l'influence que le mariage aurait sur votre vie en ont été renversés; car, au lieu de vous ramener, comme je l'espérais, dans un cercle régulier, il vous a rejeté encore une fois dans les espaces infinis, et vous laisse, à ce que je crains, dans un état bien pire que celui où vous étiez. Quant à votre défense, la seule personne avec laquelle je l'aie encore entreprise, c'est moi-même; et considérant le peu que je sais de l'affaire, ou plutôt peut-être par cette même raison, j'y ai passablement réussi. Après tout, votre malheur fut dans le choix que vous fîtes: il ne m'a jamais plu. –