Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11. George Gordon Byron

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Название Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11
Автор произведения George Gordon Byron
Жанр Зарубежная классика
Серия
Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/32509



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celui qui l'écrivit, fait paraître cette affaire sous un jour encore plus triste et plus étrange.

      LETTRE CCXXXIV

A M. MOORE

      8 mars 1816.

«Je me réjouis de votre nomination de président et intendant d'une institution de charité: ce sont là des dignités qui n'appartiennent qu'aux gens vertueux. Mais aussi, rappelez-vous que vous avez trente-six ans; j'en parle avec envie, non de votre âge, mais de l'honneur, de l'affection, de la déférence et des nombreux amis qui vous entourent. – Et moi, il me reste encore huit bonnes années à courir pour arriver à cette perfection grisonnante, à laquelle époque, si j'existe encore 16, je serai probablement dans un état de grâce et de mérite croissant.

Note 16: (retour) Ce triste doute, si j'existe encore, nous paraît aussi mélancolique qu'étrange, quand nous nous rappelons que ce fut effectivement à trente-six ans qu'il cessa d'exister, et à une époque où, comme ses ennemis eux-mêmes sont forcés d'en convenir, il était dans cet état de mérite croissant qu'il prévoit ici en plaisantant.(Note de Moore.)

      »Je dois cependant vous redresser sur un point. La faute ni même le malheur ne vient pas de mon choix (à moins que mon tort n'ait été d'en faire un quelconque); car je dois déclarer, au milieu de toute l'amertume dont me remplit cette funeste affaire, que je ne crois pas qu'un être meilleur et plus doux, et doué de qualités plus aimables et plus brillantes que lady B., ait jamais existé. Je n'eus jamais aucun reproche à lui adresser tout le tems qu'elle vécut avec moi; s'il y a des torts, ils ne peuvent être que de mon côté, et si je ne puis les effacer, je dois savoir les supporter du moins.

      »Ses plus proches parens sont ***. Mes affaires ont été et sont encore dans le plus grand désordre; ma santé aussi a été fort dérangée, et mon esprit inquiet et troublé pendant très-long-tems. Telles sont les causes (dont je ne cherche pas ici à me faire une excuse) qui m'ont souvent jeté dans des excès, et m'ont rendu peu susceptible des douceurs de la vie domestique. Resté mon maître de très-bonne heure, et ayant déjà passablement couru le monde, les habitudes indépendantes et volages que j'en ai contractées ont pu aussi y contribuer pour quelque chose. Je persiste cependant à penser que si les circonstances m'eussent été plus propices, ou que ma position eût été du moins supportable, j'aurais pu m'en tirer honorablement; mais cette dernière me paraît désespérée, et il est inutile d'en parler davantage. À présent, à l'exception de ma santé qui est meilleure (car il est étrange à quel point l'agitation et les contradictions d'un genre quelconque redonnent d'élasticité à mon esprit et me remontent momentanément), à présent, dis-je, j'ai à lutter contre toute espèce de désagrémens, contre toutes sortes de tourmens domestiques et pécuniaires.

      »Je crois vous avoir déjà dit cela, mais je me hasarde à le répéter. Les privations de l'adversité, ou plutôt de la mauvaise fortune, ne sont rien pour moi, mais ce sont ses outrages qui révoltent mon orgueil. Cependant je n'ai pas à me plaindre de ce même orgueil qui, je pense, me servira d'égide contre tous les assauts. Si mon cœur avait pu se briser, il l'aurait été il y a quelques années, et par des événemens plus affligeans que ceux-ci.

      Je conviens avec vous (afin de changer ce sujet pour en revenir à notre boutique), je conviens, dis-je, que j'ai trop écrit. Mes derniers ouvrages cependant n'ont été publiés qu'avec beaucoup de répugnance de ma part, et par des motifs que je vous expliquerai quand nous nous verrons. Je ne sais pas pourquoi je me suis autant appesanti sur les mêmes scènes, à moins que, m'apercevant qu'elles s'affaiblissaient ou devenaient confuses dans ma mémoire, au milieu de tant de sensations tumultueuses, je n'aie désiré en fixer l'empreinte avant que la planche n'en fût usée. – Maintenant je la brise: c'est au milieu de ces pays-là et des événemens qui s'y rattachent que mes sensations vraiment poétiques ont commencé et fini. Je m'essaierais en vain sur tout autre sujet, et j'ai presque épuisé celui-là. «Malheur, dit Voltaire, à celui qui a dit tout ce qu'il a pu dire sur un sujet.» Il en est sur lesquels j'aurais pu m'étendre davantage; mais je renonce à tout cela maintenant, et ce n'est pas trop tôt.

      »Vous rappelez-vous les vers que je vous ai envoyés au commencement de l'année dernière, et que vous avez encore? Je ne prétends pas, comme M. Fitzgerald dans le Morning-Post, m'attribuer le caractère de Vates; mais n'étaient-ils pas, en quelque sorte, prophétiques? Je veux parler de ceux qui commencent ainsi: Il n'est pas de plaisir que le monde puisse donner, etc., etc. Je mets quelque gloire à ces vers, comme ce que j'ai écrit de plus vrai et de plus mélancolique dans ma vie.

      »Quel griffonnage je vous envoie! Vous ne me dites rien de vous, à l'exception que vous êtes marguillier lancastrien, et le protecteur de la mendicité. Quand publiez-vous, et comment se porte votre famille? Mon enfant va bien, et son état est florissant, à ce qu'on me dit, mais il faut aussi que je le voie. Je ne suis pas très-porté à l'abandonner à la contagion de la société de sa belle-mère, quoiqu'il me répugne de l'enlever à sa mère. – Elle est sevrée, cependant, et il faut se décider à quelque chose.

      »Toujours tout à vous, etc.»

      Ayant déjà exposé à mes lecteurs une partie des opinions que je m'étais formées sur le mariage de Lord Byron, à une époque où, loin de prévoir que je deviendrais un jour son historien, je ne pouvais être aucunement influencé par la partialité qu'on suppose toujours attachée à ce caractère, il me sera peut-être encore permis d'extraire de ma réponse à la lettre précédente quelques phrases d'explication que son contenu m'avait semblé demander.

      «Je n'avais certainement aucun droit de rien dire sur le malheur de votre choix, quoique je m'applaudisse maintenant de l'avoir fait, puisque cette réflexion a amené de votre part un tribut qui, tout en rendant cette affaire plus mystérieuse et plus inexplicable que jamais, est également honorable aux deux parties. En vous exprimant mes doutes sur l'objet de votre choix, j'étais bien loin de vouloir attaquer le moins du monde un caractère que le monde s'accorde unanimement à trouver parfaitement aimable et estimable. Je craignais seulement qu'elle n'eût été trop parfaite, trop scrupuleusement parfaite, en un mot, un modèle de vertu trop sévère pour que vous pussiez vivre à votre aise avec elle; et qu'une personne d'une perfection moins rigoureuse, et dont les vertus auraient été tempérées par quelques-uns de ces charmans défauts qui savent si bien inspirer l'amour, plus dépendante de votre protection, aurait eu plus de chance de bonheur avec vous, en raison de votre bonté naturelle. Quoi qu'il en soit, j'ai été amené à faire toutes ces suppositions par le désir ardent que j'éprouve de vous justifier de tout ce qui pourrait ressembler à un abandon capricieux d'une telle femme; et, dans l'ignorance où je suis de toutes les circonstances relatives à votre séparation, vous ne pouvez concevoir la sollicitude, l'inquiète sollicitude avec laquelle je me prépare à entendre de votre propre bouche, quand nous nous verrons, le récit de toute cette affaire, récit où je suis sûr de voir briller au moins une vertu: – votre noble candeur.»

      Il me semble assez inutile, ayant, comme nous l'avons, sous les yeux le caractère des deux époux, d'aller chercher bien loin les causes secrètes qui amenèrent leur séparation. J'ai déjà, en me livrant à quelques observations sur le caractère des hommes de génie en général, essayé d'indiquer les singularités appartenantes à leur naturel et à leurs habitudes qui les rendaient la plupart du tems incapables de bonheur domestique. Il était impossible que, comme la classe fatalement privilégiée à laquelle il appartenait, Lord Byron n'eût pas hérité de quelques-uns de ces défauts, qui servent d'ombres au génie, et existent en proportion de son étendue. On verra, par l'anecdote suivante qu'il raconte lui-même, jusqu'à quel point une des propensions de son caractère, et la plus capable de flétrir le bonheur, avait été comprise par la personne la plus intéressée à l'observer.

      «Quelques personnes se sont étonnées de la mélancolie qui règne dans mes écrits. D'autres ont été surprises de ma gaîté personnelle. Mais je me rappelle une réponse que me fit ma femme un jour que j'avais été extrêmement gai et de très-bonne foi, et même assez brillant dans la conversation. Je lui disais, sur la remarque qu'elle avait faite de ma gaîté: – Et cependant, Bell,