Childéric, Roi des Francs, (tome premier). Comtesse de Beaufort d’Hautpoul Anne Marie

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Название Childéric, Roi des Francs, (tome premier)
Автор произведения Comtesse de Beaufort d’Hautpoul Anne Marie
Жанр Историческая литература
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Издательство Историческая литература
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/34991



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annonce, dès son enfance, les vertus qu'il doit développer un jour. Les Huns attaquent les Francs; ce qu'étoient ces peuples. Portrait d'Attila. Childéric, âgé de douze ans, s'arme secrètement du javelot de Pharamond, et se cache parmi les guerriers. Il ne se découvre à son père que loin de Tournay; il en obtient la permission d'assister au combat. Mérovée le confie aux soins de son ami Viomade. Le roi, attaqué par un gros d'ennemis, est secouru par Viomade qui reçoit le coup destiné à son maître, et tombe baigné dans son sang. Mérovée poursuit la victoire. Il chasse les Huns, et revient dans sa tente, où l'on a transporté le brave. Son inquiétude sur son fils, qui ne paroît point. Recherches inutiles. Mérovée reprend avec tristesse la route de Tournay. La reine vole à sa rencontre, et n'apercevant pas son fils, tombe évanouie; rendue à la vie, elle se livre à toute sa douleur.

      LIVRE PREMIER

      Aboflède étoit l'heureuse et sensible épouse que le ciel avoit accordée à Mérovée; belle et vertueuse, elle adoucissoit pour lui les fatigues de la guerre, les soins du gouvernement; partageoit ses triomphes, le consoloit dans ses revers, portoit à ses pieds la plainte de la timide infortune et l'hommage de sa reconnoissance. De cette union heureuse étoit né un fils, l'espoir et l'amour des auteurs de sa naissance. Childéric, à peine âgé de douze ans, flatte déjà l'orgueil d'un père. A sa chevelure blonde, à ses yeux d'azur, on reconnoît le descendant d'un Germain; à son cœur avide de gloire, on reconnoît un Français: tandis que la justesse de son esprit charme les Druides qui l'instruisent, sa beauté ravit sa mère, et ses nobles vertus remplissent d'une orgueilleuse joie l'ame superbe de Mérovée.

      Aboflède en est plus chère à son époux et à son peuple, elle-même s'applaudit d'un si bel ouvrage. O mon fils! se disoit-elle quelquefois; ô vous! objet de crainte et d'espoir! que d'attachement vous auriez pour moi, si vous pouviez sentir ce trouble sans cesse renaissant que l'amour plaça dans le cœur de votre mère prévoyante; si vous pouviez connoître ces soins toujours actifs et jamais lassés, cette tendresse constante et nouvelle, qui naquit avec vous et ne finira qu'avec moi. Childéric répondoit à une si vive amitié par un égal attachement, adoroit sa mère, admiroit les exploits et le grand cœur de Mérovée, se promettoit de le prendre pour modèle, révéroit les dieux et se sentoit impatient de courage. Un bonheur si constant et si pur ne devoit pas durer toujours, et la sensible Aboflède alloit voir se changer en une douleur mortelle les douces jouissances d'une mère.

      Les Huns, peuple hideux et féroce, sans civilisation comme sans industrie, habitoient au Nord de la Chine, plus de deux mille ans avant notre ère. Sans cesse en guerre avec les Chinois, ils avoient été chassés par eux loin des frontières de leur empire, vers le quatrième siècle, et repoussés jusques sur les bords du Jaïk, d'où les Alains étoient partis avant eux; de là ils descendirent vers l'Orient du Palus-Méotides. Sortant tout-à-coup du Palus, ils précipitèrent les Alains sur les Ostrogoths; bientôt ils repassèrent le Tanaïs, tournèrent le Pont-Euxin, ravagèrent l'Asie, et s'établirent tumultueusement de l'autre côté du Danube et du Rhin, non loin du Volga; là, divisés en familles ou hordes, ils se bâtissoient des huttes grossières, dans lesquelles ils se tenoient renfermés pendant la mauvaise saison; ils les quittoient impétueusement au printems, ravageant tout ce qui s'offroit sur leur passage, et chargés du fruit de leurs rapines, ils retournoient avec la même rapidité dans les forêts qui leur servoient d'asile; ce peuple sauvage et guerrier méprisoit la foiblesse, et abandonnoit aux monstres des bois les vieillards qui ne pouvoient plus combattre; les femmes marchoient à la tête des armées, conduisant leurs enfans, et chargées de ceux qui ne les suivoient pas encore: dès leur naissance, elles les plongeoient dans l'onde glacée des fleuves, les exposoient aux ardeurs du soleil, les exerçoient à la chasse, à la course et à la lutte, et quand l'âge, anéantissant leurs forces, les menaçoit du mépris et des maux attachés à la décrépitude, elles recevoient la mort de la main de leurs propres enfans; le fils qu'une tendre mère avoit nourri croyoit, en la délivrant d'une vie qui alloit lui devenir douloureuse et importune, acquitter la dette de la reconnoissance; ils massacroient également leurs blessés après la bataille. En 450, Attila, roi de ces sauvages, après avoir assassiné son frère Bleda, auquel il ravit le trône, voulut saccager l'Occident, et ayant traversé la Franconie et la Germanie, à la tête de cinq cent mille combattans, il entra dans les Gaules sous le prétexte d'aller attaquer les Visigoths dans l'Aquitaine; mais après avoir ravagé et brûlé Metz, Trèves, Tongres, Bar, Arras, il continua sa marche, passa près de Paris, et vint assiéger Orléans. La ville avoit déjà capitulé, quand Aëtius, général des Romains, ayant appelé à son secours Théodoric, roi des Visigoths, Mérovée et sa redoutable armée, attaqua ce terrible ennemi, qu'il défit complètement, et le força à une prompte fuite, laissant deux cent mille morts sur le champ de bataille. Ce fut en Sologne, près d'Orléans, que cette grande victoire fut remportée; elle coûta la vie à Théodoric. Son fils Trasimond fut élu après sa mort. Attila, de retour dans ses forêts, contemploit avec plus d'espoir que de douleur les débris encore menaçans de son immense armée: on pouvoit le repousser, non l'abattre; il se promettoit de le prouver. Ce Hun trop célèbre par ses crimes et son indomptable courage, se faisoit appeler le fléau de Dieu; il étoit d'une stature au-dessous de la médiocre, avoit une tête d'une grosseur démesurée, le nez extrêmement large et écrasé, le front applati, la barbe claire et entrecoupée de cicatrices, dont ses joues étoient couvertes; ses yeux petits, et qu'il ne fixoit jamais, étoient toujours en mouvement comme son corps. Cette figure hideuse sembloit dire au monde qu'il étoit destiné à en troubler le repos; son palais étoit une cabane, son trône une chaise de bois placée sous un arbre, et son drapeau flottant lui servoit de tente. Tel étoit l'ennemi qui devoit porter au cœur d'Aboflède une blessure si profonde.

      A peine les glaces qu'avoit durcies le sombre hiver se détachoient-elles des monts, les vents toujours irrités troubloient le calme des forêts, la douce approche du printems ne ranimoit point encore la nature mourante, et cependant l'impatient Attila devançant la saison guerrière, assemble déjà son armée. Clodebaud, qu'irrite la gloire d'un frère, presse lui-même l'ardeur du Hun, et s'il pouvoit triompher des obstacles que lui opposent les terribles avantages d'un long hiver, il seroit déjà vengé de sa dernière et sanglante défaite; enfin les vents sont enchaînés; la terre raffermie offre à la marche des troupes un terrain solide. Attila, à la tête des siens, s'avance sur les bords du Rhin, ils construisent à la hâte une quantité innombrable de petites barques, et s'élançant du milieu de l'onde, ils marchent jusqu'à Cologne. Mérovée apprend les victoires de son ennemi en apprenant son attaque: alarmé d'un si rapide avantage, il assemble promptement ses troupes, et entouré de ses braves, il alloit quitter encore la tremblante reine, dont il recevoit les tendres adieux. Childéric, témoin des craintes de sa mère, ne put voir ses pleurs sans désirer suivre et défendre l'objet chéri qui les faisoit couler; le chant des Bardes, l'aspect des armes, le noble courage qui s'imprimoit en traits augustes sur le front du roi, l'ardeur guerrière qui animoit l'armée, le secret sentiment de sa valeur, tout inspire et entraîne l'enfant aimable et sensible; saisissant d'une main téméraire le javelot révéré, sceptre et arme du grand Pharamond, il l'agite avec audace, le baise avec respect, jure sur cette arme sacrée de s'en servir pour défendre le roi, et de ne l'abandonner qu'avec la vie. Cependant il craint les refus d'un père, les défenses d'une mère timide: à l'idée des alarmes qu'il va lui causer, des pleurs s'échappent de ses yeux et coulent sur ses joues vermeilles; mais tandis que Mérovée reçoit son casque et son épée des mains d'Aboflède baignée de ses larmes, tandis qu'il lui jette un dernier regard et s'élance au milieu d'une armée sûre de vaincre, et qu'Aboflède évanouie ne peut s'apercevoir de sa fuite, Childéric se mêle parmi les soldats, se dérobe aux yeux d'un père dont il redoute la prudence, et ne s'offre à ses regards qu'aux portes de Cologne, quand il ne craint plus d'être rendu à Aboflède. Le roi, surpris et charmé, l'admire avec un orgueil mêlé de crainte. O mon fils! lui dit-il en l'embrassant, et votre mère? Cependant Childéric a l'air si fier et si heureux, sa physionomie douce a dans le moment tant de noblesse et d'audace, ses yeux brillans de courage, sont si expressifs, son geste si animé, que Mérovée cédant à son tour, lui permet d'assister au combat, et recommande l'objet de son amour à Viomade, le plus cher de ses braves; rassuré par la confiance que lui inspirent et l'air majestueux