Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin. Морис Леблан

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Название Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin
Автор произведения Морис Леблан
Жанр
Серия Легко читаем по-французски
Издательство
Год выпуска 1907
isbn 978-5-17-154140-8



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n’ai rien à cacher[92], fit-elle en relevant la tête. Alors, je me suis souvenue… Avant mon mariage, un homme m’avait aimée. Il est mort maintenant. J’ai fait graver le nom de cet homme, et j’ai porté cet anneau comme on porte un talisman. Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre.[93] Mais dans le secret de mon cœur, il y eut un souvenir, quelque chose de doux qui me protégeait…»

      Velmont lui prit la main, et prononça, tout en examinant l’anneau d’or:

      «L’énigme est là. Votre mari, je ne sais comment, connaît la substitution. À midi, sa mère viendra. Devant témoins, il vous obligera d’ôter votre bague, et de la sorte[94], il pourra obtenir le divorce, puisqu’il aura la preuve qu’il cherchait. Donnez-moi cette bague…»

      Il s’interrompit brusquement. Tandis qu’il parlait, la main d’Yvonne s’était glacée dans la sienne, et, ayant levé les yeux, il vit que la jeune femme était pâle, affreusement pâle.

      «Qu’y a-t-il?… Je vous en prie…»

      «Il y a… il y a que je suis perdue!.. Il y a que je ne peux l’ôter, cet anneau! Il est devenu trop petit!.. Comprenez-vous?… Il fait partie de mon doigt[95]… et je ne peux pas… je ne peux pas. Ah! Je me souviens, l’autre nuit… un cauchemar que j’ai eu… Il me semblait que quelqu’un entrait dans ma chambre et s’emparait de ma main. Et je ne pouvais pas me réveiller… C’était lui! c’était lui! Il m’avait endormie, j’en suis sûre… et il regardait la bague… Ah! je comprends tout… je suis perdue…»

      Elle courut vers la porte… Il lui barra le passage:

      «Vous ne partirez pas.

      – Mon fils… Je veux le voir, le reprendre…

      – Savez-vous seulement où il est?

      – Je veux partir!

      – Vous ne partirez pas!.. Ce serait de la folie.»

      Il la saisit aux poignets et réussit à la ramener vers le divan, puis à l’étendre, et il reprit les bandes de toile et lui attacha les bras et les chevilles.

      «Oui, disait-il, ce serait de la folie. Qui vous aurait délivrée? Vous enfuir, c’est accepter le divorce… Il faut rester ici.»

      Elle sanglotait.

      «J’ai peur… J’ai peur… Cet anneau me brûle… Emportez-le…

      – Et si l’on ne le retrouve pas à votre doigt? Non, il faut affronter la lutte… Croyez en moi… je réponds de tout…»

      Quand il se releva, elle était liée comme auparavant. Puis il murmura:

      «Pensez à votre fils, et, quoi qu’il arrive, ne craignez rien… je veille sur vous.[96]«

      Et il partit.

      À trois heures et demie, Yvonne aperçut son mari qui entrait rapidement, l’air furieux[97]. Il courut vers elle, s’assura qu’elle était toujours attachée, et, s’emparant de sa main, examina la bague. Yvonne s’évanouit…

      Elle ne sut pas au juste, en se réveillant, combien de temps elle avait dormi. Elle constata, au premier mouvement qu’elle fit, que les bandes étaient coupées. Elle tourna la tête et vit auprès d’elle son mari qui la regardait.

      «Mon fils… mon fils… gémit-elle, je veux mon fils…»

      Il répliqua:

      «Notre fils est en lieu sûr. Et, pour l’instant, il ne s’agit pas de lui, mais de vous. Nous sommes l’un en face de l’autre sans doute pour la dernière fois, et l’explication que nous allons avoir est très grave. Je dois vous avertir qu’elle aura lieu devant ma mère. Vous n’y voyez pas d’inconvénient?[98]«

      Yvonne s’efforça de cacher son trouble et répondit:

      «Aucun.

      – Je puis l’appeler?

      – Oui. Laissez-moi, en attendant. Je serai prête quand elle viendra.

      – Ma mère est ici.

      – Votre mère est ici? s’écria Yvonne, éperdue et se rappelant la promesse d’Horace Velmont.

      – Vous ne désirez pas prendre quelque nourriture auparavant?

      – Non… non…

      – Je vais donc chercher ma mère.»

      Il se dirigea vers la chambre d’Yvonne. Celle-ci jeta un coup d’œil sur la pendule. La pendule marquait dix heures trente-cinq!

      Dix heures trente-cinq! Horace Velmont ne la sauverait pas, et personne au monde, et rien au monde ne la sauverait.

      Le comte revint avec la comtesse d’Origny et la pria de s’asseoir. Elle ne salua même pas sa belle-fille.

      «Je crois, dit-elle, qu’il est inutile de parler très longuement. En deux mots, mon fils prétend…

      – Je ne prétends pas, ma mère, dit le comte, j’affirme. J’affirme sous serment[99] que, il y a trois mois, durant les vacances, j’ai trouvé l’anneau de mariage que j’avais donné à ma femme. Cet anneau, le voici. La date du vingt-trois octobre est gravée à l’intérieur.

      – Alors, dit la comtesse, l’anneau que votre femme porte…

      – Cet anneau a été commandé par elle en échange du véritable[100]

      Il se tourna vers sa femme.

      «Voulez-vous, de votre plein gré[101], me donner cet anneau?»

      Elle articula:

      «Vous savez bien, depuis la nuit où vous avez essayé de le prendre à mon insu[102], qu’il est impossible de l’ôter de mon doigt.

      – En ce cas, puis-je donner l’ordre qu’un homme monte? Il a les instruments nécessaires.

      – Oui,» dit-elle d’une voix faible comme un souffle.

      Tout de suite, d’ailleurs, le comte rentrait, suivi de son domestique et d’un homme qui portait une trousse sous le bras.

      Et le comte dit à cet homme:

      «Vous savez de quoi il s’agit?

      – Oui, fit l’ouvrier. Une bague qui est devenue trop petite et qu’il faut trancher… C’est facile…»

      Yvonne observa la pendule. Il était onze heures moins dix. C’était fini. Horace Velmont n’avait pas pu la secourir. Et elle comprit que, pour retrouver son enfant, il lui faudrait agir par ses propres forces[103]. Alors elle tendit sa main fragile et tremblante que l’ouvrier saisit, qu’il retourna, et appuya sur la table.

      L’opération fut rapide. Le comte s’exclama, triomphant:

      «Enfin nous allons savoir… la preuve est là! Et nous sommes tous témoins…»

      Il agrippa l’anneau. Un cri de stupeur lui échappa. L’anneau portait la date de son mariage avec Yvonne: «Vingt-trois octobre».

      Nous étions assis sur la terrasse de Monte-Carlo. Son histoire terminée, Lupin alluma une cigarette.

      Je lui dis:

      «Eh bien?

      – Eh bien, quoi?

      – Comment, quoi? mais



<p>92</p>

Je n’ai rien à cacher – Мне нечего скрывать

<p>93</p>

Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre – Во мне не было любви, так как я была женой другого

<p>94</p>

de la sorte – таким образом

<p>95</p>

Il fait partie de mon doigt – Оно (кольцо) стало частью моего пальца

<p>96</p>

…je veille sur vous – …я присматриваю за вами

<p>97</p>

l’air furieux – с разъяренным видом

<p>98</p>

Vous n’y voyez pas d’inconvénient? – Вы не возражаете?

<p>99</p>

sous serment – под присягой

<p>100</p>

en échange du véritable – вместо подлинного

<p>101</p>

de votre plein gré – по своей воле

<p>102</p>

à mon insu – без моего ведома

<p>103</p>

agir par ses propres forces – действовать самостоятельно