Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin. Морис Леблан

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Название Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin
Автор произведения Морис Леблан
Жанр
Серия Легко читаем по-французски
Издательство
Год выпуска 1907
isbn 978-5-17-154140-8



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toutes tes précautions prises, tu rejoignais ta maîtresse[64], celle pour qui tu as tué: Nelly Darbel. Un seul obstacle, soudain, imprévu, la police, les douze agents que les révélations de Lavernoux ont postés sous tes fenêtres. Tu es fichu![65] Eh bien, je te sauve. Un coup de téléphone et, vers trois ou quatre heures du matin, vingt de mes amis suppriment l’obstacle. Comme condition, presque rien, une bêtise pour toi, le partage des millions et des bijoux. Ça colle?[66]«

      Le baron chuchota:

      «Je commence à comprendre, c’est du chantage…

      – Chantage ou non, appelle ça comme tu veux, mon bonhomme.»

      Un geste brusque. Le baron empoigna son revolver et tira deux fois. Lupin se jeta de côté[67] d’abord, puis s’abattit aux genoux du baron qu’il saisit par les jambes et fit basculer.

      Tout à coup, Lupin sentit une douleur à la poitrine.

      «Ah! canaille, – hurla-t-il. – C’est comme avec Lavernoux. L’épingle!..»

      Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge[68].

      «Alors, soyez sage[69]… Bien, une toute petite ficelle autour des poignets… Vous permettez? Et maintenant, petit frère, attention! Et mille excuses!..»

      Et Lupin lui assena au creux de l’estomac[70] un coup de poing effroyable. Puis il se mit à fouiller les poches[71] du baron, prit un trousseau de clefs et se dirigea vers le coffre-fort.

      Mais à ce moment, il s’arrêta court; il entendait du bruit quelque part. Il écouta. Le bruit provenait d’en bas: les agents frappaient à la grande porte sans attendre le lever du jour.

      «Crebleu! dit-il, – Voilà ces Messieurs maintenant… Voyons, voyons, Lupin, du sang-froid[72]! De quoi s’agit-il? D’ouvrir en vingt secondes un coffre dont tu ignores le secret. Combien qu’il y a de lettres dans le mot? Quatre?»

      Il continuait à réfléchir tout en parlant et tout en écoutant les allées et venues de l’extérieur. Il ferma à double tour la porte de l’antichambre, puis il revint au coffre.

      «Quatre chiffres… Quatre lettres… Quatre lettres… Qui diable pourrait me donner un petit coup de main…[73] Qui? Mais Lavernoux, parbleu![74] Dieu! que je suis bête. Mais oui, mais oui, nous y sommes! Crénom![75] Lupin, tu vas compter jusqu’à dix et comprimer les battements trop rapides de ton cœur. Sinon, c’est de la mauvaise ouvrage.»

      Ayant compté jusqu’à dix, tout à fait calme, il s’agenouilla devant le coffre-fort. Après quelques tentatives la serrure fonctionna.

      «À nous les millions, dit-il.»

      Mais, d’un bond[76], il sauta en arrière. Dans le coffre-fort il vit un corps de femme à moitié vêtu.

      «La baronne! bégaya-t-il, la baronne!.. Oh! le monstre!..»

      Cependant, aux étages supérieurs, des cris répondaient à l’appel des agents. Il était temps de songer à la retraite.[77]

      Lupin passa dans la chambre voisine. Elle donnait sur un jardin. À la minute même où les agents étaient introduits, il enjambait le balcon et se laissait glisser le long d’une gouttière.

      «Eh bien, qu’en dites-vous, du baron Repstein?» s’écria Lupin, après m’avoir raconté tous les détails de cette nuit tragique.

      Je lui demandai:

      «Mais… les millions? les bijoux de la princesse?

      – Ils étaient dans le coffre. Je me rappelle très bien avoir aperçu le paquet.

      – Alors?

      – Ils y sont toujours.

      – Pas possible…

      – Ma foi, oui. Je pourrais vous dire que j’ai eu peur des agents, ou bien alléguer une délicatesse subite.[78] La vérité est plus simple… et plus prosaïque… Ça sentait trop mauvais!.. Est-ce assez idiot? Tenez, voilà tout ce que j’ai rapporté de mon expédition, l’épingle de cravate…

      – Encore une question, repris-je. Le mot du coffre-fort? Comment l’avez-vous deviné?

      – Il était contenu dans les révélations télégraphiées par ce pauvre Lavernoux. Voyons, mon cher, les fautes d’ortographe… Serait-il admissible que le secrétaire, que l’intendant du baron, fît des fautes d’orthographe et qu’il écrivît fuire avec un e final, ataque avec un seul t, enemies avec un seul n et prudance avec un a? J’ai réuni les quatre lettres, et j’ai obtenu le mot ETNA, le nom du fameux cheval.

      – Et voilà, m’écriai-je, c’est tout simple!

      – Très simple. Et l’aventure prouve une fois de plus qu’il y a, dans la découverte des crimes, quelque chose de bien supérieur à l’examen des faits, à l’observation, déduction, c’est, je le répète, l’intuition… l’intuition et l’intelligence… Et Arsène Lupin, sans se vanter, ne manque ni de l’une ni de l’autre.»

      L’anneau nuptial

      Yvonne d’Origny embrassa son fils et lui recommanda d’être bien sage[79].

      «Tu sais que ta grand-mère d’Origny n’aime pas beaucoup les enfants. Pour une fois qu’elle te fait venir chez elle, il faut lui montrer que tu es un petit garçon raisonnable.»

      Et s’adressant à la gouvernante:

      «Surtout, fraulein, ramenez-le tout de suite après dîner… Monsieur est encore ici?

      – Oui, Madame, Monsieur le comte est dans son cabinet de travail.»

      Aussitôt seule, Yvonne d’Origny marcha vers la fenêtre afin d’apercevoir son fils dès qu’il serait dehors. Elle vit soudain un homme qui descendait d’une automobile et qui s’approchait de lui. Cet homme – elle reconnut Bernard, le domestique de confiance de son mari – cet homme saisit l’enfant par le bras, le fit monter dans l’automobile ainsi que la gouvernante, et donna l’ordre au chauffeur de s’éloigner.

      Yvonne, bouleversée, courut jusqu’à la chambre, empoigna un vêtement se dirigea vers la porte.

      La porte était fermée à clef, et il n’y avait point de clef sur la serrure. La porte de son boudoir était fermée également.

      Tout de suite, l’image de son mari la heurta.[80]

      «C’est lui!.. c’est lui!.. se dit-elle… il a pris l’enfant… Ah! c’est horrible!»

      Elle frappa la porte. Un bruit de serrure… La porte s’ouvrit violemment. Le comte apparut au seuil du boudoir. Et l’expression de son visage était si terrible qu’Yvonne se mit à trembler.

      Le comte se précipita et la saisit à la gorge.

      «Tais-toi… disait-il d’une voix sourde»

      Voyant qu’elle n’essayait pas de se défendre, il desserra son étreinte[81] et sortit de sa poche des bandes de toile toutes prêtes et de longueurs différentes. En quelques



<p>64</p>

Cette nuit, bien déguisé, méconnaissable, toutes tes précautions prises, tu rejoignais ta maîtresse… – Этой ночью ты, тщательно переодетый, неузнаваемый, со всеми возможными предосторожностями, должен присоединиться к своей любовнице…

<p>65</p>

Tu es fichu! – Тебе конец!

<p>66</p>

Ça colle? – Подходит?

<p>67</p>

Lupin se jeta de côté… – Люпен кинулся в сторону…

<p>68</p>

Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge – Он отчаянно напрягся, скрутил барона и схватил его за глотку

<p>69</p>

soyez sage – ведите себя хорошо

<p>70</p>

au creux de l’estomac – под диафрагму

<p>71</p>

Puis il se mit à fouiller les poches… – Потом он принялся обшаривать карманы…

<p>72</p>

du sang-froid – сохраняй хладнокровие

<p>73</p>

donner un petit coup de main… – помочь…

<p>74</p>

…parbleu! – …черт возьми!

<p>75</p>

Crénom! – Черт возьми!

<p>76</p>

d’un bond – сразу, вдруг

<p>77</p>

Il était temps de songer à la retraite – Настало время думать об отступлении

<p>78</p>

Je pourrais vous dire que j’ai eu peur des agents, ou bien alléguer une délicatesse subite – Я мог бы сказать, что я испугался полиции, или сослаться на внезапную деликатность

<p>79</p>

être bien sage – быть послушным

<p>80</p>

Tout de suite, l’image de son mari la heurta – Тут же ей в голову пришел образ ее мужа

<p>81</p>

il desserra son étreinte – он ослабил хватку