Souverain, Rivale, Exilée . Морган Райс

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Название Souverain, Rivale, Exilée
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640291904



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regarda la foule. Il y avait plus qu'assez de belles femmes dans cette foule, notamment les ex-servantes de Stephania, agenouillées et enchaînées. Certaines d'entre elles pleuraient en voyant à ce qu'il arrivait à leur ex-reine. Il ne tarderait pas à se distraire avec elles. Pour l'instant, il fallait qu'il se débarrasse de la menace que représentait Stephania par sa capacité à lui faire ressentir quelque chose.

      Le patriarche avança, les fils d'or et d'argent qu'il avait dans la barbe bougeant en même temps que lui.

      “Tout est prêt, mon seigneur”, dit-il. “Nous allons arracher le bébé au ventre de sa mère puis le sacrifier sur l'autel comme le veut la coutume.”

      “Et vos dieux vont trouver ça agréable ?” demanda Irrien. Si le prêtre remarqua la légère touche de dérision dans les paroles d'Irrien, il n'osa pas le montrer.

      “Très agréable, Première Pierre. Vraiment très agréable.”

      Irrien hocha la tête.

      “Dans ce cas, ce sera fait comme vous le proposez. Mais c'est moi qui tuerai l'enfant.”

      “Vous, Première Pierre ?” demanda le prêtre d'un air étonné. “Mais pourquoi ?”

      Parce que c'était sa victoire, pas celle du prêtre. Parce que c'était Irrien qui avait traversé la ville l'arme à la main pendant que ces prêtres étaient probablement restés en sécurité sur les navires qui les transportaient. Parce que c'était lui qui avait été blessé pour en arriver là. Parce qu'Irrien prenait les morts qui lui appartenaient au lieu de les laisser à des inférieurs. Cela dit, il n'expliqua rien de tout cela. Il ne devait aucune explication à ce genre de personne.

      “Parce que je choisis de le faire”, dit-il. “Avez-vous une objection ?”

      “Non, Première Pierre, aucune objection.”

      Irrien aima entendre la peur dans la voix du prêtre, pas pour le simple plaisir de lui avoir fait peur mais parce qu'elle rappelait son pouvoir aux autres. Tout cela le lui rappelait. Cela lui servait autant à affirmer sa victoire qu'à témoigner de la gratitude aux dieux qui regardaient la scène, quels qu'ils soient. C'était en même temps une façon de s'accaparer ce lieu et de se débarrasser d'un enfant qui aurait pu essayer de réclamer son trône quand il aurait eu l'âge de le faire.

      Parce que cette scène rappelait son pouvoir aux autres, il se dressa et regarda la foule pendant que les prêtres commençaient leur boucherie. Les spectateurs se tenaient, certains debout et d'autres agenouillés, en formant des rangées bien droites, les guerriers, les esclaves, les marchands et ceux qui affirmaient avoir une ascendance noble. Il regarda leur peur, leurs larmes, leur dégoût.

      Derrière lui, les prêtres psalmodiaient, parlaient dans des langues anciennes que les dieux étaient censés leur avoir apprises eux-mêmes. Irrien jeta un coup d’œil en arrière et vit le patriarche tenir une lame au-dessus du ventre exposé de Stephania, prêt à trancher les chairs pendant qu'elle se débattait pour s'enfuir.

      Irrien se concentra à nouveau sur les spectateurs. C'était eux qui comptaient, pas Stephania. Il regarda leur horreur quand les supplications de Stephania se transformèrent en hurlements derrière lui. Il regarda leurs réactions, vit qui était sidéré, qui avait peur, qui le regardait avec une haine muette et qui semblait se réjouir du spectacle. Il vit une des servantes attachées à côté s'évanouir à la vue de ce qui se passait derrière lui et il décida de la faire punir. Une autre servante pleurait si fort qu'une troisième était obligée de la tenir dans ses bras.

      Irrien avait découvert que regarder ceux qui le servaient le renseignait plus sur eux que ne le pouvait une quelconque déclaration de loyauté. Sans mot dire, il repéra les esclaves qu'il fallait encore dompter complètement et les nobles qui le regardaient avec une jalousie excessive. L'homme avisé ne baissait jamais la garde, même quand il avait gagné.

      Les cris de Stephania se firent plus aigus un moment, atteignant un crescendo qui semblait être parfaitement en phase avec les psalmodies des prêtres. Alors, ces cris s'affaiblirent pour se transformer en gémissements. Irrien se dit qu'elle n'avait guère de chances d'y survivre. A ce moment-là, il n'en avait que faire. Elle remplissait sa fonction en montrant au monde qu'il régnait en ce lieu. Inutile d'en faire plus : cela aurait été inutile, sinon inélégant.

      A un moment de la torture, de nouveaux cris se joignirent à ceux de la plus belle noble de Delos : c'étaient les cris de son bébé, qui se mêlaient à ceux de sa mère. Irrien recula vers l'autel et ouvrit les bras pour attirer l'attention de ceux qui regardaient la scène.

      “Nous sommes venus ici et, comme l'Empire était faible, nous l'avons pris. C'est moi qui l'ai pris. La place des faibles est de servir ou de mourir et c'est moi qui décide si ce sera l'un ou l'autre.”

      Il se tourna vers l'autel où Stephania était allongée, la robe découpée et écartée, maintenant tout autant vêtue d'un amas de sang et de coiffe que de soie ou de velours. Elle respirait encore mais de façon irrégulière et sa blessure n'était pas du type auquel une faible créature comme elle pourrait survivre.

      Irrien attira l'attention des prêtres puis, d'un mouvement brusque de la tête, il indiqua la forme prostrée de Stephania.

      “Emportez-moi ça.”

      Ils se hâtèrent d'obéir et l'emportèrent pendant qu'un des prêtres lui tendait l'enfant comme s'il lui présentait le plus somptueux des cadeaux. Irrien le regarda fixement. Il était étrange qu'une créature aussi petite et fragile puisse être une menace potentielle pour un homme comme lui, mais Irrien n'était pas homme à prendre des risques inconsidérés. Un jour, ce garçon deviendrait un homme et Irrien avait vu ce qui se passait quand un homme avait l'impression d'être privé de ce qui lui revenait de droit. Il avait fallu qu'il en tue plus d'un, en son temps.

      Il plaça l'enfant sur l'autel et se retourna vers le public tout en tirant un couteau.

      “Regardez tous”, ordonna-t-il. “Regardez et souvenez-vous de ce qui se passe ici. Les autres Pierres ne sont pas ici pour prendre possession de cette victoire. Moi, si.”

      Il se retourna vers l'autel et comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas.

      A côté de l'autel, il y avait une personne, un homme apparemment jeune à la peau blanche comme l'os, aux cheveux pâles et aux yeux d'un ambre foncé qui rappelait ceux d'un chat à Irrien. Il portait des robes mais elles étaient pâles alors que celles des prêtres étaient sombres. Il passa un doigt dans le sang qui couvrait l'autel sans avoir l'air dégoûté, seulement comme si cela l'intéressait.

      “Ah, Lady Stephania”, dit-il d'une voix dont le côté uniforme et plaisant était presque certainement un mensonge. “Je lui avais offert une chance d'être mon élève. Elle aurait dû accepter ma proposition.”

      “Qui êtes-vous ?” demanda Irrien. Il changea de prise sur le couteau qu'il tenait, passant d'une prise conçue pour plonger vers le bas à une autre qui convenait mieux pour se battre. “Pourquoi osez-vous interrompre ma victoire ?”

      L'autre homme écarta les mains. “Je ne voulais pas vous interrompre, Première Pierre, mais vous alliez détruire quelque chose qui m'appartient.”

      “Quelque chose …” Irrien ressentit une surprise soudaine quand il se rendit compte de ce que voulait dire cet inconnu. “Non, vous n'êtes pas le père de l'enfant. Le père est un prince local.”

      “Je n'ai jamais prétendu l'être”, dit l'autre homme, “mais on m'a promis l'enfant comme paiement et je suis venu récupérer ce paiement.”

      Irrien sentait monter sa colère et il serrait de plus en plus fort le couteau qu'il tenait. Il se tourna pour ordonner que l'on se saisisse de cet imbécile et ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rendit compte que les autres personnes présentes ne bougeaient plus. Elles se tenaient comme si elles étaient sous l'emprise d'un charme.

      “Je suppose que je devrais vous féliciter, Première Pierre”, dit