Souverain, Rivale, Exilée . Морган Райс

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Название Souverain, Rivale, Exilée
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640291904



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de Felldust sèment la dissension dans ses rangs.

      Il claqua les doigts pour attirer l'attention d'un serviteur. “Je veux que tous les tunnels qui courent sous ce château soient bouchés. Peu m'importe le nombre d'esclaves qui meurt pendant les travaux. Ensuite, attaquez-vous aux tunnels de la ville. Là où des gens pourraient se faufiler sans que je le sache, aucune créature ne doit passer.”

      “Oui, Première Pierre.”

      Il poursuivit sa route et entra dans le château. A l'intérieur, des serviteurs installaient déjà les bannières de Felldust. Pourtant, d'autres gens semblaient ne pas avoir compris les ordres. Trois de ses hommes arrachaient les tapisseries, détachaient les pierres précieuses des yeux des statues et fourraient le butin ainsi obtenu dans les sacoches qu'ils portaient à la ceinture.

      Irrien avança fièrement et il les vit se retourner avec la révérence qu'il aimait susciter chez ses hommes.

      “Que faites-vous ici ?” demanda-t-il.

      “Nous continuons à piller la ville, Première Pierre”, répondit l'un d'eux. Il était plus jeune que les deux autres. Irrien devina qu'il ne s'était joint à l'armée d'invasion que pour l'aventure. C'était le cas de beaucoup de gens.

      “Et est-ce que vos commandants vous ont dit de poursuivre le pillage au sein du château ?” demanda Irrien. “Est-ce là l'endroit où l'on vous a ordonné d'être ?”

      Leur expression lui révéla tout ce qu'il avait besoin de savoir. Il avait ordonné à ses hommes de piller systématiquement la ville mais ce pillage-là n'était pas systématique. Irrien exigeait que ses guerriers soient disciplinés et le comportement de ceux-là n'était pas discipliné.

      “Vous avez cru que vous alliez juste prendre ce que vous vouliez”, dit Irrien.

      “C'est comme ça que ça se passe à Felldust !” protesta un des hommes.

      “Oui”, convint Irrien. “Les forts prennent aux faibles. C'est la raison pour laquelle j'ai pris ce château. Maintenant, vous essayez de me le reprendre. Pensez-vous que je sois faible, moi ?”

      Comme il n'avait plus sa grande épée et n'aurait pu s'en servir même s'il l'avait eue parce que sa blessure à l'épaule lui faisait encore trop mal, il préféra sortir un long couteau. Son premier coup frappa le plus jeune des trois à la base de la mâchoire et lui transperça le crâne en remontant.

      Irrien virevolta et plaqua le second des trois hommes contre un mur alors qu'il cherchait maladroitement à récupérer ses propres armes. Irrien para le coup d'épée de l'autre et lui trancha la gorge sans effort avec son élan arrière, le repoussant pendant qu'il tombait.

      Celui qu'il avait repoussé faisait alors marche arrière, les mains en l'air.

      “Je vous en prie, Pierre Irrien. C'était une erreur. Nous n'avons pas réfléchi.”

      Irrien s'approcha et le poignarda à plusieurs reprises sans dire un mot. Il retint le faiblard pour qu'il ne tombe pas trop vite, malgré la douleur que lui infligeait l'effort à cause de sa blessure. Le but n'était pas seulement de tuer. C'était aussi une démonstration.

      Quand il finit par laisser retomber l'homme, Irrien se tourna vers les autres et écarta les mains, désirant les défier de manière ostensible.

      “Est-ce que l'un d'entre vous s'imagine que je sois faible au point que vous puissiez simplement exiger des choses de moi ? Est-ce que l'un d'entre vous s'imagine qu'il peut me dévaliser ?”

      Les autres restèrent muets, bien sûr. Irrien les laissa se traîner à sa suite en marchant à pas raides vers la salle du trône.

      Sa salle du trône.

      L'endroit où, à l'instant même, son butin l'attendait.

      *

      Stephania se recroquevilla quand Irrien entra dans la salle du trône et ce réflexe la remplit de dégoût pour elle-même. Elle était agenouillée à côté du trône même qu'elle avait occupé peu de temps auparavant, immobilisée par des chaînes en or. Quand on l'avait laissée seule, elle avait tiré sur ses chaînes mais elles n'avaient pas bougé d'un centimètre.

      Irrien avança vers elle d'un pas raide et Stephania se força à réprimer sa peur. Il l'avait battue, il l'avait enchaînée mais elle avait le choix. Elle pouvait lui permettre de la briser ou elle pouvait tourner la situation à son avantage. Même avec ces chaînes, il y aurait forcément un moyen de le faire.

      Après tout, être enchaînée à côté du trône d'Irrien avait ses avantages. Cela signifiait qu'il comptait la garder. Cela signifiait que ses hommes l'avaient laissée seule, alors qu'ils avaient emmené les servantes et les serviteurs de Stephania pour leur plaisir personnel. Cela signifiait qu'elle était encore au cœur des choses, même si elle ne les contrôlait pas.

      Pas encore.

      Stephania regarda Irrien s'asseoir, scruta le moindre détail de son comportement, l'évalua comme un chasseur est susceptible d'évaluer le terrain sur lequel vit son gibier. Il avait envie d'elle, c'était évident, ou alors, pourquoi la garderait-il ici au lieu de l'envoyer dans une fosse à esclaves ? Stephania pouvait en profiter. Il s'imaginait peut-être qu'elle lui appartenait, mais il ne tarderait pas à faire tout ce qu'elle suggérerait.

      Elle jouerait le rôle de l'humble jouet puis reprendrait ce qu'elle avait travaillé pour obtenir.

      Elle attendit et écouta Irrien commencer à s'occuper des affaires de la ville. Ces affaires étaient pour la plupart sans intérêt : combien ils avaient pris, combien il restait à prendre, combien de gardes il fallait pour sécuriser les murailles et comment ils allaient contrôler le flux de nourriture.

      “Nous avons un marchand qui propose de fournir à manger à nos forces”, dit un des courtiers. “Un homme du nom de Grathir.”

      Quand elle entendit le nom du marchand, Stephania poussa un grognement et se rendit alors compte qu'Irrien avait baissé les yeux vers elle.

      “As-tu quelque chose à dire, esclave ?”

      Elle se retint tout juste de lui répondre sèchement. “Je voulais seulement préciser que Grathir est connu pour vendre des marchandises de qualité médiocre. Cela dit, son ex-partenaire est en position de se saisir de son entreprise. Si vous le soutenez, lui, vous obtiendrez peut-être les provisions qu'il vous faut.”

      Irrien la regarda fixement et posément. “Et pourquoi me dis-tu cela ?”

      Stephania savait que c'était sa chance mais qu'il allait falloir qu'elle avance à pas feutrés. “Je veux vous montrer que je peux vous être utile.”

      Il ne répondit pas mais se retourna vers les hommes qui se trouvaient dans la salle. “J'y réfléchirai. Quoi d'autre ?”

      La suite semblait être une série de demandes émanant des représentants des autres souverains de Felldust.

      “La Deuxième Pierre aimerait savoir quand vous allez revenir à Felldust”, dit un représentant. “Là-bas, il y a des questions qui nécessitent la présence simultanée des Cinq Pierres.”

      “Vexa, la Quatrième Pierre, demande plus d'espace pour son contingent de navires.”

      “Kas, la Troisième Pierre, envoie ses félicitations pour notre victoire commune.”

      Stephania fit la liste des noms des autres Pierres de Felldust. Ulren le Rusé, Kas la Barbe en Pointe, Vexa, la seule Pierre de sexe féminin, Borion le dandy. Par rapport à Irrien, ces noms étaient de moindre importance mais, en théorie, ils étaient tous ses égaux. Seule leur absence en ce lieu donnait tant de pouvoir à Irrien.

      A chaque nom, la mémoire de Stephania attribuait des intérêts, des faiblesses, des désirs. Ulren vieillissait dans l'ombre d'Irrien et il aurait eu le siège de la Première Pierre si le seigneur de guerre ne l'avait pas pris. Kas était prudent. C'était le seigneur des marchands et il comptait