Œuvres complètes de François Villon. François Villon

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Название Œuvres complètes de François Villon
Автор произведения François Villon
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066089603



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les murs, comme on souloit,

      Envers les fossez, sur le tard;

      Et à chascun un grand tabart

      De cordelier, jusques aux pieds,

      Busche, charbon et poys au lart,

      Et mes housaulx sans avantpiedz.

      XXV.

      Derechief, je laisse en pitié,

      A troys petitz enfans tous nudz,

      Nommez en ce présent traictié,

      Paouvres orphelins impourveuz,

      Tous deschaussez, tous despourveus,

      Et desnuez comme le ver;

      J'ordonne qu'ils seront pourveuz,

      Au moins pour passer cest yver.

      XXVI.

      Premièrement, Colin Laurens,

      Girard Gossoyn et Jehan Marceau,

      Desprins de biens et de parens,

      

      Qui n'ont vaillant l'anse d'ung ceau,

      Chascun de mes biens ung faisseau,

      Ou quatre blancs, s'ilz l'ayment mieulx;

      Ils mangeront maint bon morceau,

      Ces enfans, quand je seray vieulx!

      XXVII.

      Item, ma nomination,

      Que j'ay de l'Université,

      Laisse par résignation,

      Pour forclorre d'adversité

      Paouvres clercs de ceste cité,

      Soubz cest intendit contenuz:

      Charité m'y a incité,

      Et Nature, les voyant nudz.

      XXVIII.

      C'est maistre Guillaume Cotin

      Et maistre Thibault de Vitry,

      Deux paouvres clercs, parlans latin,

      Paisibles enfans, sans estry,

      Humbles, bien chantans au lectry.

      Je leur laisse cens recevoir

      Sur la maison Guillot Gueuldry,

      En attendant de mieulx avoir.

      XXIX.

      Item plus, je adjoinctz à la Crosse

      Celle de la rue Sainct-Anthoine,

      Et ung billart de quoy on crosse,

      Et tous les jours plain pot de Seine,

      Aux pigons qui sont en l'essoine,

      Enserrez soubz trappe volière,

      Et mon mirouer bel et ydoyne,

      

      Et la grace de la geollière.

      XXX.

      Item, je laisse aux hospitaux

      Mes chassis tissus d'araignée;

      Et aux gisans soubz les estaux,

      Chascun sur l'oeil une grongnée,

      Trembler à chière renffrongnée,

      Maigres, velluz et morfonduz;

      Chausses courtes, robbe rongnée,

      Gelez, meurdriz et enfonduz.

      XXXI.

      Item, je laisse à mon barbier

      Les rongneures de mes cheveulx,

      Plainement et sans destourbier;

      Au savetier, mes souliers vieulx,

      Et au fripier, mes habitz tieulx

      Que, quant du tout je les délaisse,

      Pour moins qu'ilz ne coustèrent neufz

      Charitablement je leur laisse.

      XXXII.

      Item, aux Quatre Mendians,

      Aux Filles Dieu et aux Beguynes,

      Savoureulx morceaulx et frians,

      Chappons, pigons, grasses gelines,

      Et puis prescher les Quinze Signes,

      Et abatre pain à deux mains.

      Carmes chevaulchent nos voisines,

      Mais cela ne m'est que du meins.

      XXXIII.

      Item, laisse le Mortier d'or

      A Jehan l'Espicier, de la Garde,

      Et une potence à Sainct-Mor,

      Pour faire ung broyer à moustarde,

      Et celluy qui feit l'avant-garde,

      Pour faire sur moy griefz exploitz,

      De par moy sainct Anthoine l'arde!

      Je ne lui lairray autre laiz.

      XXXIV.

      Item, je laisse à Mairebeuf

      Et à Nicolas de Louvieulx,

      A chascun l'escaille d'un oeuf,

      Plaine de frans et d'escus vieulx,

      Quant au concierge de Gouvieulx,

      Pierre Ronseville, je ordonne,

      Pour luy donner encore mieulx,

      Escus telz que prince les donne.

      XXXV.

      Finalement, en escrivant,

      Ce soir, seullet, estant en bonne,

      Dictant ces laiz et descripvant,

      Je ouyz la cloche de Sorbonne,

      Qui tousjours à neuf heures sonne

      Le Salut que l'Ange prédit;

      Cy suspendy et cy mis bonne,

      Pour pryer comme le cueur dit.

      XXXVI.

      Cela fait, je me entre-oubliai,

      Non pas par force de vin boire,

      Mon esperit comme lié;

      

      Lors je senty dame Mémoire

      Rescondre et mectre en son aulmoire

      Ses espèces collaterales,

      Oppinative faulce et voire,

      Et autres intellectualles.

      XXXVII.

      Et mesmement l'extimative,

      Par quoy prospérité nous vient;

      Similative, formative,

      Desquelz souvent il advient

      Que, par l'art trouvé, hom devient

      Fol et lunaticque par moys:

      Je l'ay leu, et bien m'en souvient,

      En Aristote aucunes fois.

      XXXVIII.

      Doncques le sensif s'esveilla

      Et esvertua fantasie,

      Qui tous argeutis resveilla,

      Et tint souveraine partie,

      En souppirant,