L'amour au pays bleu. Hector France

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Название L'amour au pays bleu
Автор произведения Hector France
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066075613



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LV, LVI, LVII, LVIII, LIX ÉPILOGUE image

       Table des matières

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       our nos débuts, nous avons la bonne fortune d'offrir au public un livre d'Hector France; ce n'est, il est vrai, qu'une réédition, mais nous sommes fermement convaincus qu'en rééditant l'œuvre saisissante et très originale qu'on va lire, œuvre pour les délicats, comme l'écrivait M. Octave Uzanne, nous ne pouvions entrer dans l'arène sous de meilleurs auspices.

       Hector France—et il nous permettra de le lui dire—n'écrit pas d'habitude pour les délicats. Ayant porté pendant dix ans le sabre et le burnous de spahis à travers les smalas d'Afrique, il a introduit dans beaucoup de ses livres la brutale franchise des gens de guerre et les gaillardises des camps. Aussi, considérons-nous comme une curiosité littéraire et comme une haute œuvre artistique l'Amour au Pays Bleu.

      Notre plume n'a point autorité pour faire ici la biographie de l'auteur qui s'est taillé une large place dans la littérature française; nous rappellerons seulement Le Roman du Curé et l'Homme qui tue, ces deux ouvrages qui, du premier coup, comme l'a dit Léon Cladel dans une remarquable préface, placèrent Hector France au rang des écrivains de race.

      Et, sans insister davantage, nous nous contenterons de donner quelques extraits pris au hasard parmi les critiques littéraires de toutes nuances qui signalèrent à l'attention l'Amour au Pays Bleu.

      Le Pays Bleu, écrivait M. Masseras dans la Nouvelle Revue (15 novembre 1880), c'est l'Afrique, où l'on reconnaît sans peine que l'auteur a vécu longtemps et qu'il l'a étudiée dans sa langue, dans ses mœurs, dans sa vie intime. La couleur particulière, sincèrement locale, qui résulte de cette connaissance, est le caractère distinctif du livre; elle lui fait une place à part au milieu des banalités qui se multiplient en librairie, avec une profusion monotone, sous prétexte de romans. L'action porte un cachet qui n'est plus celui de notre vie européenne; les détails font pénétrer dans cette existence algérienne, dont nous avons eu tant d'esquisses superficielles et si peu de vrais tableaux. Il y a là de curieuses scènes et des descriptions d'après nature comme nous en avons rarement rencontrées et que l'auteur a su ne pas gâter par une touche trop française. Nous l'en félicitons, quoiqu'il soit....

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      Journal du Dimanche (supplément de l'Europe).

      (Bruxelles, 16 janvier 1881).

      J'ai eu, plus d'une fois déjà, l'occasion de dire tout le bien que je pense du talent d'Hector France. Il est un des rares écrivains d'une réelle valeur qui ne s'embarrassent d'aucune école et suivent droit leur chemin, s'en rapportant uniquement à leurs impressions.

      Il possède, en un mot, sa manière, qui se reconnaît parmi les autres, et cette manière est faite de grâce et de force. On se souvient de l'âpreté de son premier roman, de celui qui le révéla conteur et poète, ce terrible Homme qui tue, et combien pourtant l'effroyable récit était tempéré par des qualités d'émotion pénétrante et délicate. C'est qu'avec une entente très particulière des conditions du roman, il avait su peindre l'homicide dans un beau cadre de nature, et les immolations s'y enveloppaient de splendeurs.

      Une pente naturelle l'emporte, en effet, vers le drame; dès qu'il touche à l'humanité, il devient effrayant; mais il semble redouter par moments d'y descendre trop avant, et brusquement la grande paix des choses succède aux passions furieuses. Si l'on pouvait étudier un peu longuement ses livres, on y reconnaîtrait la présence d'un esprit à la fois candide et corrompu, demeuré vierge à travers les orages de la pensée, et en qui l'habitude des réalités les plus sombres n'a pas tué le rêve.

      L'Amour au Pays Bleu en est une preuve nouvelle; je ne connais pas de récit qui, mieux que celui-là, porte le double caractère de rouerie froide et de jeune poésie inaltérée. Il en sort comme un parfum dangereux qui grise la cervelle, l'image troublante d'un paradis d'amour qui crève inopinément et vous laisse, désenchanté, devant d'horribles bestialités. Ici encore, sous les pleurs et la lumière, la brute humaine se déchaîne; l'ogre apparaît, immolant tout à ses convoitises: et, à longs jets, le sang coule sur les paysages. C'est le Cantique des Cantiques du rapt et du viol.

      D'ailleurs, de fond et de forme, l'Amour au Pays Bleu est bien tout ce qu'on peut rêver de plus oriental: nulle part, l'homme des froides contrées septentrionales ne se décèle; la langue, fleurie et ciselée, garde, même dans la description, la netteté étincelante des centons; et l'on admire ce tour de force d'un esprit très littéraire, en regrettant un peu qu'une si rare virtuosité ne s'applique à des sujets plus rapprochés de nous. En outre, les caractères sont fortement tracés, par grands plans, sans surcharge inutile; et Mansour, dans son âpre concupiscence sénile, a même une grandeur tragique qui le met à part parmi ses pareils. Œuvre d'art luxuriant et de chaude imagination, toute semée de descriptions exquises, et qui laisse dans l'imagination la nostalgie vague des tendresses mortelles.

      camille lemonnier.

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      Le Soleil(15 novembre 1880).

      L'éditeur Alphonse Lemerre vient d'ajouter à sa collection de romans, peu nombreux, mais choisis, un livre de M. Hector France, l'Amour au Pays Bleu, qui est une sorte de poème en prose d'une intensité de couleurs et de vie remarquable. C'est en même temps, sous une forme très artistique, une histoire amoureuse des plus originales et des plus dramatiques....

      Il ne faut pas oublier que nous sommes ici dans le pays de l'Islam, où les mœurs sont faites pour atténuer beaucoup certaines couleurs qui nous paraîtraient trop crues. N'est-il pas curieux qu'un écrivain de cette valeur, un poète pour tout dire, se montre assez peu soucieux de son grand talent pour oser signer quelques-uns de ces feuilletons qui, au rez-de-chaussée de certains journaux, sont des armes de guerre aussi peu sincères que peu loyales, et qui pervertissent l'imagination populaire par l'exposition de tableaux inventés à plaisir pour être mis au service des passions politiques les plus acharnées? Dans la masse de romans dont je ne signale ici que la quintessence, celui-ci tranche par son originalité et par le charme réel de la forme qui revêt la couleur vive et l'ardeur brûlante du pays bleu, c'est-à-dire de l'Algérie, où l'homme a toutes les intempérances du climat imperturbablement beau et où l'on cueille les femmes comme les fleurs, à peine écloses sur leur tige.

      Ch. Canivet.

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      Courrier du Soir (28 novembre 1880).

      En Algérie, les passions sont violentes; l'amour est fougueux; si nous ne le savions pas, le livre de M. Hector France nous l'apprendrait. Des mœurs âpres, des caractères impétueux, des scènes poignantes, voilà