Histoire du Chevalier d'Iberville (1663-1706). Adam Charles Gustave Desmazures

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Название Histoire du Chevalier d'Iberville (1663-1706)
Автор произведения Adam Charles Gustave Desmazures
Жанр Документальная литература
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Издательство Документальная литература
Год выпуска 0
isbn 4064066075767



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noms sont portés actuellement par un grand nombre du familles, en qui on remarque encore toutes les qualités des races militaires.

       Table des matières

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      Maintenant, nous allons relever des faits qui nous paraissent tout à fait intéressants: c'est que la ville ett le pays ont conservé le souvenir de tous ces noms comme au premier jour. Ces noms subsistent depuis deux siècles, malgré les changements inévitables des années, et malgré l'influence de la conquête.

      En 1672, M. Dollier de Casson, voyant l'accroissement des constructions de la ville, avisa à établir des rues suivant la direction la plus convenable.

      Dans le sens de la largeur de la ville, il traça trois rues parallèles au fleuve. Celle du milieu reçut le nom de Notre-Dame, en l'honneur de la protectrice de la ville; près de la rivière, la rue Saint-Paul, en l'honneur du premier gouverneur, Paul de Maisonneuve; de l'autre coté, la rue Saint-Jacques, en l'honneur de M. Jacques Olier, fondateur de la ville. Ces trois rues parallèles au fleuve étaient coupées par six autres à angle droit. La première, à l'ouest, appelée Saint-Pierre, patron de M. de Fancamp; la seconde, Saint-François, en l'honneur de M. François Dollier de Casson, curé de Montréal; la troisième, Saint-Joseph, parce qu'elle longeait l'Hôtel-Dieu, placé sous ce patronage; la quatrième, Saint-Lambert, patron de M. Lambert Closse, qui avait été tué par les Iroquois a cet endroit; la cinquième, Saint-Gabriel, patron de M. de Queylus; la sixième, Saint-Charles, patron de M. Le Moyne. Tous ces noms ont été conservés, et ces rues sont les plus peuplées et les plus riches de Montréal.

      Venons maintenant aux fiefs concédés aux environs de Montréal.

      M. de Clarion et M. de Morel furent placés au nord-est. En face de la ville, M. Le Moyne reçut l'île Sainte-Hélène et la rive de Longueuil; M. Le Ber, l'île Saint-Paul; M. Dupuy, l'île au Héron; M. de La Salle, la côte de Lachine. En descendant le fleuve, on trouvait M. Boucher à Boucherville, puis M. de Varennes, M. de Verchères, M. de Boisbriant, M. de Repentigny, M. de La Valterie, M. de La Chesnaye, M. de Contrecoeur. Sur une zone plus éloignée se trouvaient M. de Berthier, M, du Pads, M. de Sorel, M. de Saint-Ours et M. de Chambly.

      Ces officiers étaient établis avec des titres seigneuriaux et avec leurs soldats. Toutes ces agglomérations ont formé des paroisses qui existent encore, et qui ont conservé les noms des concessionnaires.

      Telle a été l'origine des cantons environnant Montréal: Longueuil, Boucherville, Varennes, Verchères, Contrecoeur, Lavaltrie, Repentigny, Chambly, Saint-Ours, Sorel, l'île Dupas, Berthier, etc., etc.

      Ces dispositions ont subsisté, et on ne peut faire un pas dans le pays sans trouver des vestiges de ces premiers temps si remarquables. Il n'y a peut-être pas de contrée où l'on ait conservé aussi religieusement les touchants souvenirs des commencements.

      La ville avec ses environs est un mémorial vivant de tout ce qui s'est passé aux premiers temps.

      Nous avons dit tout ce qui se rapporte à Montréal et a ses environs; maintenant, nous allons voir apparaître de graves événements.

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      ILE DE MONTREAL.

       A 60 lieues de Québec, après avoir traversé le lac Saint-Pierre, on trouve plusieurs agglomérations d'îles, parmi lesquelles est le groupe de Montréal, où l'on compte près de vingt îles; les principales sont l'île de Montréal, avec l'île de Jésus au nord, et l'île Perrot au sud.

       L'île de Montréal a une dizaine de lieues de longueur et trois ou quatre lieues dans sa plus grande largeur.

       C'est dans cette île que se trouve la ville de Montréal, fondée en 1642. En 1815, elle ne comptait que 15,000 habitants, et elle est arrivée maintenant à près de 250,000. Elle était jadis le siège de la compagnie du Nord-Ouest pour la traite des pelleteries. Le fleuve Saint-Laurent, qui longe l'île de Montréal au sud, a, en certains endroits, jusqu'à deux lieues de largeur.

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      Les Iroquois du lac Champlain étant soumis, le gouvernement songea à s'assujettir les tribus iroquoises du lac Ontario, et il voulait aussi tendre la main aux peuplades nombreuses de l'Ouest, qui étaient favorables à la France.

      A partir de ce moment, des voyageurs français remontèrent le Saint-Laurent et allèrent commercer sur les bords des grands lacs, comme Manthet, Louvigny, Duluth, Nicolas Perrot, qui, en 1671, au Sault-Sainte-Marie, réunit quatorze nations, et obtint d'elles qu'elles se mettraient sous la protection du roi de France.

      En même temps, les gouverneurs conduisaient des troupes et fondaient plusieurs établissements sur le parcours du fleuve. Dans ces expéditions, Charles Le Moyne était toujours employé comme intermédiaire avec les peuples sauvages, qui avaient la plus haute considération pour lui. De 1670 à 1680, il accompagna les gouverneurs, M. de Courcelles, M. de Frontenac, et enfin M. de Labarre.

      En 1671, M. de Courcelles voulant imposer aux Iroquois, décida d'aller les rencontrer au lac Ontario, que les Français nommaient alors le lac de Tracy, du nom du commandant des troupes. Il était accompagné de M. de Varennes, gouverneur des Trois-Rivières; de M. Pérot, nouveau gouverneur de Montréal; enfin de M. Le Moyne. Il voulut que le curé de Montréal, M. Dollier de Casson, fît partie de l'expédition; il le choisit à cause de sa connaissance du pays.

      M. Dollier y consentit, et c'est lui qui est l'auteur de la relation qui a été publiée de ce voyage.

      M. Dollier nous dit que plusieurs jeunes gentilshommes accompagnaient l'expédition, d'où quelques-uns ont conclu que ce pouvaient être les enfants de M. Le Moyne, de M. Le Ber et de M. de Montigny, qui étaient de même âge et toujours ensemble.

      On partit le 2 juin 1671, avec une vingtaine de canots.

      Il y avait à bord des tambours et des clairons pour donner les signaux. Ces instruments de fanfare animaient les canotiers, et firent un effet merveilleux sur les sauvages.

      M. Dollier a donne, en commençant, une description du fleuve Saint-Laurent, qui montre que dès lors on avait une connaissance assez exacte du pays: nous en citerons quelques points:

      Le fleuve Saint-Laurent est l'un des plus grands fleuves du monde, puisque à son embouchure, située vers le 50e degré de latitude, après une course de 700 lieues, il a près de 30 lieues de largeur. Il se rétrécit par l'espace de 150 lieues jusqu'à Québec, où il a près d'une lieue, et il conserve cette dimension non seulement jusqu'à Montréal, à 60 lieues plus haut, mais même par l'espace de 500 lieues, s'étendant tantôt en des lacs d'une épouvantable largeur, tantôt se rétrécissant dans le lit d'une rivière, mais au moins de la dimension que nous avons dite.

      Le premier lac, à 33 lieues au-dessus de Québec, est le lac Saint-Pierre, de 11 lieues sur 3; le second, le lac Saint-Louis, de 7 lieues sur 2; le troisième, le