Название | Jane Austen: Oeuvres Majeures |
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Автор произведения | Джейн ОÑтин |
Жанр | Языкознание |
Серия | |
Издательство | Языкознание |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9788027302383 |
Madame Charlotte Palmer était de quelques années plus jeune que lady Middleton, et totalement différente et pour la figure et pour les manières, quoiqu’elle fût dans le fond tout aussi insipide, mais dans un autre genre ; ce qui prouve que l’insipidité même peut varier. Elle était petite et grasse, son teint était beau, tous ses traits jolis et gracieux, et une expression de gaîté et de consentement ne l’abandonnait jamais. Sa figure n’avait ni la noblesse, ni la beauté de celle de sa sœur, mais elle était beaucoup plus prévenante. Elle entra en souriant, elle sourit tout le temps de sa visite, excepté quand elle riait, et sourit encore en s’en allant.
Son mari formait avec elle un parfait contraste. C’était un homme de vingt-cinq à vingt-six ans, d’une assez belle figure ; aussi grand et mince qu’elle était courte et ronde, aussi brun qu’elle était blanche, aussi grave et sérieux qu’elle était gaie et riante, aussi important qu’elle était affable : enfin au physique et au moral c’étaient deux êtres d’une nature différente. Il entra dans la chambre d’un air assez dédaigneux, salua légèrement les dames, sans dire un seul mot s’assit auprès d’une table, jeta un regard rapide sur elles et sur l’appartement, prit un papier nouvelle qui était sur la table, et le parcourut tout le temps de la visite.
Madame Palmer au contraire fut à peine assise, que son admiration pour tout ce qu’elle voyait éclata. Ah ! mesdames, quelle délicieuse habitation ! que ce salon est commode et bien arrangé ! Voyez, maman, combien tout ceci est embelli depuis que je ne l’ai vu. J’ai toujours trouvé le site délicieux ; mais vous en avez fait tout ce qu’il y a de plus charmant. Vous ne m’aviez pas dit, ma sœur, avec quel goût tout ceci est arrangé. Ah ! combien j’aimerais avoir une maison comme celle-ci ! Cela n’est-il pas possible, mon cher amour ?
M. Palmer ne répondit rien, et ne leva pas les yeux de dessus le papier qu’il tenait.
— C’est à vous que je parle, mon amour. (Même silence) M. Palmer ne veut pas m’entendre, dit-elle en riant ; cela lui arrive souvent. Il est si drôle quelquefois, M. Palmer ; c’est qu’il a beaucoup, beaucoup d’esprit, et il est absorbé dans ses pensées : elle rit encore. Madame Dashwood les regarda tous deux d’un air étonné.
Madame Jennings de son côté achevait l’histoire de sa surprise de la veille et ne la finit que lorsqu’il n’y eut plus rien à dire. Madame Palmer rit aux éclats de l’étonnement qu’on avait eu au Parc, en les voyant arriver ; et lady Middleton prit sur elle de dire bien froidement, que c’était une agréable surprise.
— Vous pouvez penser combien j’étais charmée de les voir, reprit madame Jennings, mais, ajouta-t-elle en se penchant vers Elinor, j’étais fâchée qu’ils eussent fait un si long voyage, car ils sont venus de Londres tout d’une traite, et… une jeune mariée… Vous comprenez… il y avait du danger dans sa situation. Je voulais au moins qu’elle se reposât tout le jour ; mais retenez ces jeunes femmes ! Elle a absolument voulu venir avec nous, elle languissait de vous voir.
Madame Palmer rit, baissa les yeux, dit que ce qui faisait plaisir n’était jamais dangereux.
— Elle n’entend rien encore à cela, reprit sa mère ; une première grossesse… Vous comprenez. Elle doit je pense accoucher en février.
Lady Middleton excédée d’une conversation aussi triviale, l’interrompit pour demander à M. Palmer, s’il y avait quelque chose de nouveau dans les papiers.
— Rien du tout, madame, ennuyeux à périr ; et il continua de les lire.
— Ah, je vois venir la belle Maria, dit sir Georges ; je vous conseille de cesser votre lecture, Palmer, si vous voulez voir une des plus belles personnes que vous ayez jamais vues. Il alla au-devant d’elle dans l’entrée, la prit par la main et la fit entrer. À peine eût-elle paru que madame Jennings lui demanda si elle venait d’Altenham. Madame Palmer éclata de rire à cette question, et prouva par-là qu’elle la comprenait. M. Palmer se leva, la regarda pendant quelques minutes, puis se rassit et reprit son papier nouvelle. Madame Palmer ne se rassit pas, elle alla examiner les dessins qui garnissaient les murs et son déluge d’admiration recommença. Ah ! que c’est beau ! que c’est délicieux ! Regardez donc, maman, je n’ai jamais rien vu de si charmant ; je serais toute une journée à les regarder. Après en avoir vu un ou deux, elle se rassit, sans penser qu’il y en avait encore une douzaine.
Bientôt après lady Middleton donna le signal du départ. Alors M. Palmer se leva d’un air important, posa le papier, étendit les bras en bâillant, et regarda avec distraction autour de lui.
— Avez-vous dormi, mon amour, lui dit sa femme en riant ? On dirait que vous vous réveillez.
Il ne fit aucune réponse et après avoir examiné la chambre ; il observa judicieusement qu’elle était trop basse et que le plafond était voûté : ce sont les seuls mots qu’il prononça ; il salua comme en entrant, et sortit avec les autres.
Sir Georges avait été très pressant pour que les habitantes de la Chaumière vinssent passer toute la journée le lendemain au Parc. Madame Dashwood avait là-dessus sa petite fierté, et ne se souciait pas de dîner au Parc plus souvent qu’on ne dinait à la Chaumière ; elle refusa donc absolument pour elle, et laissa ses filles maîtresses de faire ce qui leur ferait plaisir. Mais elles n’avaient plus de curiosité de voir rire madame Palmer, bâiller son mari, et d’entendre les éternelles histoires de madame Jennings ; elles essayèrent aussi de s’en dispenser. Le temps était incertain ; elles ne voulaient pas quitter leur mère. Sir Georges avait réponse à tout, et ne voulut entendre aucune excuse. Miss Emma resterait ; il enverrait son carosse. Mesdames Jennings et Palmer se joignirent à ses supplications ; lady Middleton même les pressa de venir. Ils avaient tous l’air de craindre également de rester en famille. Elles furent obligées de céder.
— Ils sont persécutans, dit Maria, lorsqu’ils furent partis. Le loyer de la Chaumière est bas, mais en vérité, nous payons trop cher encore s’il faut aller amuser tous ceux qui viennent chez eux, ou leur mener tous ceux qui viennent chez nous. Ils pourraient avoir telles visites que vous seriez bien aise de voir, dit Elinor, et nous ne pouvons reconnaître leurs bontés pour nous que par notre complaisance.
CHAPITRE XX.
Le lendemain il pleuvait des torrens ; Elinor et Maria espéraient que ce temps les dispenserait du dîner du Parc ; mais de très bonne heure arriva l’équipage de sir Georges ; il fallut bien aller. Toutes les deux auraient mieux aimé rester à leurs occupations et à leurs pensées habituelles.
À peine furent-elles entrées au salon, que la petite madame Palmer, aussi joyeuse que la veille, vint à elles les bras ouverts comme si elles eussent été amies intimes, et riant aux éclats : elle leur exprima de sa manière affable et triviale, sa joie de les revoir. Elle s’assit entr’elles deux, et leur prenant à chacune une main : Que je suis enchantée que vous soyez venues, leur dit-elle ; j’en désespérais quand j’ai vu ce temps, et puis j’ai pensé que c’était une raison de plus pour ne pas rester seules chez soi à regarder tomber la pluie. À votre âge le temps ne fait rien quand il s’agit de s’amuser, et nous nous amuserons beaucoup. Il aurait été bien cruel que vous ne fussiez pas venues, car nous repartons demain à ce que M. Palmer vient de me dire ; je croyais rester au moins quatre jours, et j’en étais charmée. Je ne me doutais pas de ce voyage ci ; M. Palmer me dit tout-à-coup l’autre matin : Charlotte, je vais à Barton, voulez vous y venir ? Il est si drôle M. Palmer, jamais il ne me dit rien qu’au moment même. Ce matin il m’a dit en se levant : Charlotte, nous repartons demain. Vous ne sauriez croire combien il est enchanté d’avoir fait votre connaissance ; moi, je suis désolée de vous quitter déjà, mais nous nous retrouverons cet hiver