Un Chant Funèbre pour des Princes . Морган Райс

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Название Un Chant Funèbre pour des Princes
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия Un Trône pour des Sœurs
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640293526



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terre”, dit-il en montrant l'endroit du doigt.

      Les hommes qui étaient avec lui se mirent au travail avec la vitesse qu'ils avaient apprise à force de s'entraîner. Alors qu'il approchait de la côte, le Maître des Corbeaux regardait la progression de la bataille en entendant les cris des mourants et en voyant ses forces écraser groupe après groupe de ceux qui se prenaient pour des défenseurs. Il était évident que la Douairière avait ordonné que l'on défende son royaume mais, visiblement, elle n'en avait pas fait assez.

      Ils atteignirent la côte et le Maître des Corbeaux traversa la bataille à grands pas comme s'il se promenait. Les hommes qui l'entouraient avançaient baissés et le mousquet levé pendant qu'ils cherchaient des menaces mais leur chef marchait droit et fier. Il savait où se trouvaient ses ennemis.

      Tous ses ennemis. Il sentait déjà le pouvoir de ce pays et le mouvement des créatures locales les plus dangereuses qui réagissaient à son arrivée. Qu'elles le sentent venir. Qu'elles craignent ce qui allait leur arriver.

      Un petit groupe de soldats ennemis bondit de sa cachette, derrière un bateau renversé, et il n'eut plus le temps de réfléchir, seulement d'agir. En un geste agile, il tira une longue épée de duel et un pistolet. Il tira dans le visage d'un des défenseurs puis en transperça un autre de son épée. Il s'écarta d'un attaquant, répliqua avec une force mortelle et continua d'avancer.

      Les dunes étaient devant eux et le village se trouvait au-delà d'elles. Maintenant, le Maître des Corbeaux entendait la violence sans avoir besoin de ses créatures. Il entendait les épées s'entrechoquer avec ses propres oreilles, l'écho du grondement des mousquets et des pistolets alors qu'il approchait. Il voyait des hommes se battre les uns contre les autres et ses corbeaux lui permettaient de choisir les endroits où les défenseurs étaient agenouillés ou allongés, leurs armes pointées sur tout ce qui approchait.

      Il se tenait au milieu de la mêlée et les défiait de lui tirer dessus.

      “Vous avez une chance de vivre”, dit-il. “Il me faut cette plage et je suis prêt à vous l'acheter en vous laissant la vie sauve, à vous et à vos familles. Déposez les armes et partez. Ou alors, mieux encore, rejoignez mon armée. Faites l'un ou l'autre et vous survivrez. Continuez à vous battre et je ferai raser vos maisons.”

      Il restait où il était en attendant une réponse. Il la reçut quand un coup de feu retentit. La douleur et la force de l'impact le frappèrent si fort qu'il chancela et tomba sur un genou. Cependant, à ce moment-là, il y avait trop de mort autour de lui pour qu'on puisse l'arrêter aussi facilement. Les corbeaux étaient bien nourris aujourd'hui et leur pouvoir était en mesure de guérir toute blessure qui ne le tuait pas directement. Il mit du pouvoir dans la blessure et la referma en se relevant.

      “Qu'il en soit ainsi”, dit-il avant de charger.

      D’habitude, il ne faisait pas cela. C'était une façon stupide de se battre, une vieille façon qui n'avait rien à voir avec les armées bien organisées ou les tactiques efficaces. Il courut avec toute la vitesse que son pouvoir lui donnait, esquivant les coups et diminuant la distance qui le séparait de son objectif.

      Il tua le premier homme sans s'arrêter, plongeant profondément son épée puis la retirant d'un coup sec. Il fit tomber le suivant par terre d'un coup de pied puis l'acheva avec un coup large de son épée. Il arracha le mousquet de la main de l'homme qui le tenait puis tira avec en se fiant à la vue de ses corbeaux, qui lui indiquait où il fallait qu'il tire.

      Il plongea dans un groupe d'hommes qui se cachaient derrière une barricade de sable. Contre l'avance lente de ses forces, ce groupe aurait pu être assez pour les retarder et pour permettre à plus de défenseurs d'arriver. Contre sa charge folle, cela ne fit aucune différence. Le Maître des Corbeaux bondit par-dessus les murs de sable, arriva au milieu de ses ennemis et taillada dans toutes les directions.

      Il n'avait pas le temps de surveiller ses hommes par les yeux de ses corbeaux mais il savait qu'ils le suivraient. Il était trop occupé à parer les coups d'épée et les coups de hache, à répliquer avec une efficacité cruelle.

      Maintenant, ses hommes étaient là et ils se déversaient sur les barricades de sable comme la marée montante. Ils mouraient en le faisant mais cela ne comptait pas pour eux tant qu'ils étaient là avec leur chef. C'était sur cela que le Maître des Corbeaux avait compté. Ces hommes qui, pour lui, n'étaient guère que de la chair à corbeaux faisaient preuve d'une loyauté surprenante.

      Suivi par leur masse, le Maître des Corbeaux eut vite fait de tuer les défenseurs. Il laissa ses hommes avancer vers le village.

      “Allez-y”, dit-il. “Massacrez-les, car ils nous ont défiés.”

      Il regarda le reste des débarquements pendant quelques minutes de plus mais il ne semblait plus rester de grands goulets d'étranglement. Il avait bien choisi son lieu de débarquement.

      Quand le Maître des Corbeaux atteignit le village, plusieurs parties étaient déjà en flammes. Ses hommes parcouraient les rues et tuaient tous les villageois qu'ils trouvaient. Ou du moins, la plupart de ses hommes le faisaient. Le Maître des Corbeaux en vit un traîner une jeune femme hors du village. La peur de la femme n'avait d'égal que le joie évidente du soldat.

      “Que fais-tu ?” demanda-t-il en s'approchant.

      L'homme le regarda fixement, choqué. “Je … j'ai vu cette femme, mon seigneur, et je me suis dit —”

      “Tu t'es dit qu'il fallait que tu la gardes”, dit le Maître des Corbeaux, finissant sa phrase pour lui.

      “Eh bien, elle aurait rapporté un bon prix vendue au bon endroit.” Le soldat osa un sourire qui semblait avoir pour but de les rendre tous deux complices d'une grande conspiration.

      “Je vois”, dit-il. “Cela dit, je ne l'ai pas ordonné, n'est-ce pas ?”

      “Mon seigneur —” commença le soldat mais le Maître des Corbeaux levait déjà un pistolet. Il tira de si près que l'autre homme perdit presque tout son visage lors de la détonation. Quand son assaillant tomba, la jeune femme qui se trouvait à côté de lui sembla trop choquée même pour crier.

      “Il est important que mes hommes apprennent à suivre mes ordres”, dit le Maître des Corbeaux à la femme. “Il y a des endroits où je permets que l'on prenne des prisonniers et d'autres où je ne laisse survivre que ceux qui ont un talent. Il est important de maintenir la discipline.”

      Alors, la femme eut l'air d'espérer, comme si elle se disait que tout cela était une erreur malgré les déprédations que subissaient les autres habitants du village. Elle ne changea d'expression que lorsque le Maître des Corbeaux lui planta son épée dans le cœur d'un coup assuré et net, peut-être même indolore.

      “Dans ce cas, j'ai donné un choix à tes hommes et ils ont pris leur décision”, lui dit-il quand elle s'accrocha à l'arme. Il la sortit et elle tomba. “C'est un choix que je compte donner à la plus grande partie des autres habitants de ce royaume. Peut-être prendront-ils une décision plus sage.”

      Il regarda autour de lui pendant que le massacre continuait, ne ressentant ni plaisir ni déplaisir, juste une sorte de satisfaction égale en voyant une tâche accomplie, ou du moins une étape parce que, après tout, il n'allait pas se contenter de prendre un village.

      Il restait beaucoup à faire.

      CHAPITRE CINQ

      La Reine Douairière Mary de la Maison de Flamberg trônait dans les grands appartements de l'Assemblée des Nobles, au cœur de la situation, en essayant de ne pas avoir l'air de trop s'ennuyer sur son trône pendant que les supposés représentants de son peuple parlaient sans cesse.

      En une autre occasion, elle n'en aurait pas tenu compte. La Douairière avait depuis longtemps maîtrisé l'art d'avoir l'air impassible et royale pendant que les grandes factions présentes débattaient. En général, elle laissait les populistes et les traditionalistes