Un Chant Funèbre pour des Princes . Морган Райс

Читать онлайн.
Название Un Chant Funèbre pour des Princes
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия Un Trône pour des Sœurs
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640293526



Скачать книгу

n'y a que toi pour exiger que ce genre de chose ait du sens”, dit Angelica en sortant à nouveau de la brume. “Impossible que tu aies un simple rêve : il faut qu'il soit rempli de présages et de signes.”

      Elle s'avança et Sophia leva une main pour essayer de l'arrêter mais le seul résultat qu'elle obtint fut que le couteau la frappa sous l'aisselle, pas à la poitrine.

      Elle se tenait dans la brume, et les cris d'un enfant se faisaient entendre autour d'elle …

      “Non”, dit Sophia en secouant la tête. “Hors de question que je continue à tourner en rond comme ça. Ce n'est pas réel.”

      “C'est assez réel pour que tu y sois”, dit Angelica dont la voix résonnait dans la brume. “Qu'est-ce que ça t'inspire d'être morte ?”

      “Je ne suis pas morte”, insista Sophia. “Je ne peux pas l'être.”

      Le rire d'Angelica résonna comme les cris de l'enfant de Sophia. “Tu ne peux pas être morte ? Parce que tu es si spéciale que ça, Sophia ? Parce que le monde a tellement besoin de toi ? Je vais te rafraîchir la mémoire.”

      Angelica sortit de la brume et le décor changea. Elles étaient dans la cabine du bateau. Angelica s'avança. La haine se voyait plus que tout sur son visage. Une fois de plus, elle poignarda Sophia. Sophia en eut le souffle coupé puis tomba et entra dans les ténèbres en entendant Sienne attaquer Angelica.

      Alors, elle se retrouva dans la brume qui scintillait autour d'elle.

      “Donc, c'est ça, la mort ?” demanda-t-elle en sachant qu'Angelica était forcément en train de l'écouter. “Dans ce cas, que fais-tu ici ?”

      “J'ai peut-être péri moi aussi”, dit Angelica. Elle réapparut. “Ou alors, je te hais tant que je t'ai suivie. Ou alors, je suis peut-être tout ce que tu hais au monde.”

      “Je ne te hais pas”, insista Sophia.

      Alors, elle entendit Angelica rire. “Ah bon ? Tu ne détestes pas que j'aie pu grandir en sécurité pendant que tu étais dans la Maison des Oubliés ? Que tout le monde m'accepte à la cour alors que tu as dû fuir ? Que j'aie pu épouser Sebastian sans problème alors que tu as dû fuir ?”

      Elle s'avança à nouveau mais, cette fois, elle ne poignarda pas Sophia. Elle passa à côté d'elle et repartit dans la brume, qui sembla changer de forme sur le passage d'Angelica. Alors, Sophia comprit que ce ne pouvait être la vraie Angelica parce que cette dernière ne se serait pas lassée aussi rapidement de l'assassiner.

      Sophia la suivit en essayant de comprendre ce mystère.

      “Je vais te montrer quelques autres possibilités”, dit Angelica. “Je crois que tu vas apprécier.”

      Rien qu'au ton qu'avait employé Angelica, Sophia comprit qu'elle n'allait pas l'apprécier du tout. Malgré cela, elle la suivit dans la brume parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre. Angelica disparut rapidement mais Sophia continua à marcher.

      Maintenant, elle se tenait au milieu d'une pièce où Sebastian était assis et essayait visiblement de retenir les larmes qui lui tombaient des yeux. Angelica était là avec lui et elle tendait la main vers lui.

      “Tu n'es pas obligé de retenir tes émotions”, dit Angelica sur un ton entièrement compréhensif. Elle passa les bras autour de Sebastian et le tint contre elle. “C'est normal de pleurer les morts mais souviens-toi que les vivants sont là pour toi.”

      Elle regardait Sophia dans les yeux pendant qu'elle tenait Sebastian et Sophia voyait son triomphe. Sophia commença à avancer, en colère. Elle voulait arracher Angelica à Sebastian mais n'arrivait même pas à les toucher. Sa main les traversa comme de l'air et elle les regarda fixement, simple fantôme.

      “Non”, dit Sophia. “Non, ce n'est pas réel.”

      Ils ne réagirent pas. Elle aurait aussi bien pu être ailleurs. L'image trembla et, maintenant, Sophia se tenait au milieu de la sorte de mariage qu'elle n'aurait jamais osé imaginer pour elle-même. C'était dans une salle immense dont le plafond avait l'air aussi haut que le ciel mais les nobles qui y étaient réunis étaient si nombreux que même la salle en paraissait petite.

      Sebastian attendait à côté d'un autel avec une prêtresse de la Déesse Masquée dont les robes indiquaient qu'elle était d'un rang supérieur à celui des autres de son ordre. La Douairière était là et, assise sur un trône d'or, elle regardait son fils. La mariée avança, voilée et habillée en blanc uni. Quand la prêtresse releva le voile et révéla ainsi le visage d'Angelica, Sophia hurla …

      Elle se retrouva dans une pièce dont elle se souvenait. Elle reconnaissait la disposition des affaires de Sebastian car c'était la chambre où elle avait passé des nuits avec lui. Elle reconnaissait aussi l'angle du clair de lune sur les draps, qui lui rappelait le temps qu'ils y avaient passé ensemble. Deux corps étaient serrés l'un contre l'autre dans ces couvertures. Sophia entendait leur rire et leur joie.

      Elle vit le clair de lune tomber sur le visage de Sebastian, qui évoquait un besoin irrépressible, et sur celui d'Angelica, qui n'exprimait que le triomphe.

      Sophia se retourna et courut. Elle courut à l'aveuglette dans la brume car elle ne voulait pas en voir plus. Elle ne voulait pas rester à cet endroit. Il fallait qu'elle s'en échappe mais elle n'arrivait pas à trouver la sortie. Pire encore, il lui semblait que toutes les directions qu'elle prenait la ramenaient vers d'autres images. Or, même les images de sa fille la faisaient souffrir parce qu'elle n'avait aucun moyen de savoir lesquelles étaient réelles et lesquelles étaient juste là pour lui faire mal.

      Il fallait qu'elle trouve une sortie mais n'y voyait pas assez bien pour ça. Sophia s'arrêta et sentit la panique monter en elle. D'une façon ou d'une autre, elle savait qu'Angelica la suivrait encore, la traquerait dans la brume, prête à la poignarder avec son couteau une nouvelle fois.

      Alors, Sophia vit la lumière qui luisait dans le brouillard.

      Elle se renforça lentement. Au début, elle perçait tout juste les ténèbres puis, lentement, elle devint quelque chose de plus grand, quelque chose qui consumait le brouillard de la même façon que le soleil matinal pouvait faire s'évaporer la rosée matinale. La lumière apportait de la chaleur et réveillait la vie dans ses membres, qu'elle avait sentis pesants auparavant.

      La lumière engloutit Sophia et elle laissa son pouvoir la pénétrer en lui apportant des images de champs et de rivières, de montagnes et de forêts, tout un royaume contenu dans ce rayon de lumière. Même la douleur de sa blessure au flanc, qu'elle n'avait pas oubliée, semblait s'amenuiser devant ce pouvoir. Instinctivement, Sophia se mit la main au flanc et sentit qu'elle se tachait de sang. Elle voyait la blessure mais, maintenant, elle se refermait et la chair se recousait au contact de l'énergie.

      Quand la brume se leva, Sophia vit quelque chose au loin. Il fallut quelques secondes de plus pour que la brume se consume suffisamment et révèle un escalier en spirale qui montait vers un carré de lumière situé si loin au-dessus qu'il semblait impossible à atteindre. D'une façon ou d'une autre, Sophia savait que le seul moyen de quitter ce cauchemar apparemment infini était d'atteindre cette lumière. Elle partit dans la direction de l'escalier.

      “Tu t'imagines que tu peux partir ?” demanda Angelica de derrière Sophia, qui virevolta et réussit à baisser les mains juste à temps quand Angelica tenta de la frapper avec le couteau. Sophia la repoussa instinctivement puis se retourna et courut vers l'escalier.

      “Tu ne partiras jamais d'ici !” cria Angelica et Sophia entendit le bruit de ses pas derrière elle.

      Sophia accéléra. Elle ne voulait pas se refaire poignarder et ce n'était pas seulement pour éviter la douleur. Elle ne savait pas ce qui se passerait si cet endroit changeait à nouveau, ni combien de temps la sortie située au-dessus d'elle resterait ouverte. Dans un cas comme dans l'autre, elle ne pouvait pas se permettre de prendre de risque. Donc, elle courut vers l'escalier et, quand elle l'atteignit, elle virevolta pour donner un coup de pied