Le magasin d'antiquités. Tome I. Чарльз Диккенс

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Название Le magasin d'antiquités. Tome I
Автор произведения Чарльз Диккенс
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
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ce personnage et de passer sur lui sa colère: miss Sophie n'avait qu'à voir combien l'amour et la fureur brillaient dans les yeux dudit Alick; et en effet ces passions, nous devons le dire, débordaient de ses yeux jusque sur son nez auquel elles donnaient un éclat rubicond.

      «Il faut que vous dansiez maintenant avec miss Cheggs,» dit Sophie à Dick Swiveller après avoir dansé elle-même deux fois avec M. Cheggs, en ayant l'air d'encourager fortement ses galanteries. Elle ajouta: «C'est une aimable personne, et son frère est un homme charmant.

      – Charmant! murmura Dick. Vous pourriez dire aussi charmé, à en juger par la manière dont il regarde de ce côté.»

      Ici miss Jane, à qui l'on avait fait sa leçon, intervint avec ses longues boucles de cheveux et glissa quelques mots à l'oreille de sa soeur pour lui faire remarquer l'air de jalousie de M. Cheggs.

      «Lui, jaloux!.. s'écria Swiveller. J'admire son impudence.

      – Son impudence?.. répéta miss Jane en secouant la tête. Prenez garde qu'il ne vous entende; car vous pourriez en avoir du regret.

      – Oh! Jane, je vous en prie… dit miss Sophie.

      – Allons donc! reprit la soeur; pourquoi M. Cheggs ne serait-il pas jaloux, si cela lui plaît? J'aime bien cela vraiment! M. Cheggs a autant le droit d'être jaloux que qui que ce soit ici, et peut-être bientôt en aura-t-il plus le droit encore qu'il ne l'a en ce moment. Vous, Sophie, vous en savez quelque chose!»

      Quoique ce plan, concerté entre Sophie et sa soeur, s'appuyât sur les meilleures intentions et eût pour objet de décider enfin M. Swiveller à se déclarer, il échoua complètement. Car miss Jane étant une de ces jeunes filles qui sont prématurément aigres et acariâtres, donna à son intervention une importance si déplacée que Richard se retira de mauvaise humeur, abandonnant sa maîtresse à M. Cheggs, et lançant à celui-ci un regard de défi auquel le jardinier répondit avec indignation.

      «Est-ce que vous avez à me parler, monsieur? lui demanda M. Cheggs le suivant dans un coin. Ayez la complaisance de sourire, monsieur, afin qu'on ne soupçonne rien… Est-ce que vous voulez me parler, monsieur?»

      Swiveller regarda avec un sourire dédaigneux les pieds de M. Cheggs; puis ses chevilles, puis son tibia, puis son genou, et ainsi graduellement le long de la jambe droite, jusqu'à ce qu'il arrivât au gilet; là il alla de bouton en bouton jusqu'à ce qu'il atteignît le menton; puis, passant juste au milieu du nez, il s'arrêta aux yeux, et alors il dit brusquement:

      «Non, monsieur.

      – Hum! fit M. Cheggs jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule; ayez la bonté de sourire encore un peu, monsieur… Peut-être désirez-vous me parler, monsieur?

      – Non, monsieur; du tout.

      – Peut-être, monsieur, n'avez-vous rien à me dire en ce moment,» ajouta M. Cheggs en appuyant sur ces derniers mots.

      Ici Richard Swiveller détacha ses yeux du visage de M. Cheggs et fit descendre son regard du nez, du gilet et de la jambe droite de son rival jusqu'à ses pieds, qu'il parut considérer avec soin; après quoi il releva ses yeux, suivit en remontant la ligne de la jambe gauche, celle du gilet, et, revenu en plein visage de Cheggs, il répondit:

      «Non, monsieur; rien du tout.

      – Vraiment, monsieur? Je suis charmé d'apprendre cela. Je suppose, monsieur, que vous savez où me trouver dans le cas où vous auriez quelque chose à me dire?

      – Il ne me sera pas difficile de le demander quand j'aurai besoin de le savoir.

      – C'est bien; nous n'avons rien de plus à nous dire, je pense, monsieur.

      – Rien de plus, monsieur.»

      Ainsi se termina ce terrible dialogue d'où les deux interlocuteurs se retirèrent fronçant également le sourcil. M. Cheggs s'empressa d'offrir la main à miss Sophie, tandis que M. Swiveller s'asseyait tout morose dans un coin.

      Tout près de là étaient assises mistress Wackles et miss Mélissa occupées à regarder la danse. Miss Cheggs s'avança vers elles pendant que son cavalier était engagé dans un pas, et jeta quelques remarques qui furent du fiel et de l'absinthe pour le coeur de Richard Swiveller. Sur une couple de mauvais tabourets se tenaient tant bien que mal deux des élèves de l'externat, cherchant un encouragement à leur gaieté dans les yeux de mistress et miss Wackles; or, en voyant mistress Wackles sourire et miss Wackles sourire aussi, les deux fillettes crurent devoir, pour se mettre dans leurs bonnes grâces, sourire également: pour reconnaître cette attention, la vieille dame prit un air sévère et leur dit que, si elles osaient se permettre encore pareille impertinence, elles seraient immédiatement reconduites chez elles. L'une des deux élèves, qui était d'une nature timide et d'un tempérament nerveux, ne put réprimer ses larmes devant cette menace rigoureuse; et pour cette offense toutes deux furent aussitôt renvoyées, ce qui porta la terreur dans l'âme de toutes les élèves.

      Cependant miss Cheggs dit en s'approchant davantage: «J'ai de bonnes nouvelles à vous apprendre. Vous savez ce qu'Alick a dit à Sophie? Sur ma parole, la chose est sérieuse, c'est clair.

      – Qu'est-ce qu'il a donc dit, ma chère? demanda mistress Wackles.

      – Toute sorte de choses; vous ne sauriez vous imaginer comme il a parlé franchement.»

      Richard jugea qu'il n'était pas nécessaire pour lui d'en entendre plus long. Il profita d'un temps d'arrêt dans la danse, et du moment où M. Cheggs était venu faire sa cour à la vieille dame, et se dirigea la tête haute vers la porte, en affectant soigneusement la plus extrême insouciance lorsqu'il passa près de miss Jane Wackles, qui, dans toute la gloire de ses boucles de cheveux, faisait des frais de coquetterie, utile manière d'employer le temps faute de mieux, avec un vieux gentleman galant, locataire du parloir du rez-de-chaussée. Miss Sophie était assise près de la porte, encore émue et toute confuse des attentions marquées de M. Cheggs; Richard Swiveller s'arrêta un instant pour échanger quelques mots avec elle avant son départ.

      «Mon navire est sur la côte et ma chaloupe est à la mer… Mais avant de franchir cette porte, il faut que je t'adresse mes adieux.»

      Il accompagna ces paroles d'un regard mélancolique.

      «Est-ce que vous partez? demanda miss Sophie se sentant troublée jusqu'au fond du coeur par le succès de sa ruse, mais affectant les dehors de l'indifférence.

      – Si je pars!.. répéta Richard avec amertume. Oui, je pars. Eh bien! après?..

      – Rien, sinon qu'il n'est pas tard. Mais vous êtes maître après tout de faire ce que vous voulez.

      – Plût à Dieu que j'eusse été aussi ma maîtresse et que je n'eusse jamais pensé à vous! Miss Wackles, je vous ai crue sincère, et j'étais heureux dans ma crédulité; mais maintenant je gémis d'avoir connu une jeune fille si belle, il est vrai, mais si trompeuse!..»

      Miss Sophie se mordit les lèvres et affecta de regarder avec un vif intérêt M. Cheggs qui, à quelque distance, absorbait à longs traits un verre de limonade.

      «Je suis venu ici, dit Richard, oubliant un peu le dessein qui l'avait réellement amené, je suis venu avec le coeur épanoui, dilaté, avec des sentiments conformes à cette disposition. Je sors avec des pensées qui peuvent se concevoir, mais qui ne sauraient s'exprimer; j'emporte la conviction désolante que mes plus chères affections ont reçu ce soir le coup de grâce.

      – Assurément, je ne vous comprends pas, monsieur Swiveller, dit miss Sophie, les yeux baissés; je regrette que…

      – Des regrets, madame! dit Richard; des regrets, quand vous restez en possession d'un M. Cheggs! Mais je vous souhaite une bonne nuit. En me retirant, je me bornerai à vous faire une petite confidence: il existe une toute jeune fille, qu'on élève à la brochette en ce moment pour moi; elle possède non-seulement de grands charmes, mais encore une grande fortune; elle a prié son plus proche parent de solliciter mon alliance; et, par considération pour plusieurs membres de sa famille, j'y ai consenti. Je suis certain que vous apprendrez avec plaisir ce fait consolant, qu'une jeune et aimable personne n'attend