Jim Harrison, boxeur. Артур Конан Дойл

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Название Jim Harrison, boxeur
Автор произведения Артур Конан Дойл
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
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rien que sur Friar's Oak et sur les gens que j'ai connus dans mon enfance.

      Certains d'entre eux étaient rudes et balourds, je n'en doute pas: et pourtant, vus à travers le brouillard du temps, ils apparaissent tendres et aimables.

      C'était notre bon curé Mr Jefferson qui aimait l'univers entier à l'exception de Mr Slack, le ministre baptiste de Clayton, et c'était l'excellent Mr Slack qui était un père pour tout le monde, à l'exception de Mr Jefferson, le curé de Friar's Oak.

      C'était Mr Rudin, le réfugié royaliste français qui demeurait plus haut, sur la route de Pangdean, et qui en apprenant la nouvelle d'une victoire, avait des convulsions de joie parce que nous avions battu Bonaparte et des crises de rage parce que nous avions battu les Français, de sorte qu'après la bataille du Nil, il passa tout un jour dehors, pour donner libre cours à son plaisir, et tout un autre jour dedans, pour exhaler tout à son aise sa furie, tantôt battant des mains, tantôt trépignant.

      Je me rappelle très bien sa personne grêle et droite, la façon délibérée dont il faisait tournoyer sa petite canne.

      Ni le froid ni la faim n'étaient de force à l'abattre, et pourtant nous savions qu'il avait lié connaissance avec l'une et l'autre. Mais il était si fier, si grandiloquent dans ses discours, que personne n'eut osé lui offrir ni un repas, ni un manteau.

      Je revois encore sa figure se couvrir d'une tache de rougeur sur chacune de ses pommettes osseuses, quand le boucher lui faisait présent de quelques côtes de boeuf.

      Il ne pouvait faire autrement que d'accepter.

      Et pourtant, tout en se dandinant et jetant par-dessus l'épaule un coup d'oeil au boucher, il disait:

      – Monsieur, j'ai un chien.

      Ce qui n'empêchait pas que pendant la semaine suivante, c'était Mr

      Rudin et non son chien qui paraissait s'être arrondi.

      Je me rappelle ensuite Mr Paterson, le fermier.

      N'était-ce ce que vous appelleriez aujourd'hui un radical? mais en ce temps-là, certains le traitaient de Priestleyiste, d'autres de Foxiste et presque tout le monde de traître.

      Assurément, je trouvais à ce moment-là fort condamnable de prendre un air bougon, à chaque nouvelle d'une victoire anglaise, et quand on le brûla en effigie sous la forme d'un mannequin de paille devant la porte de sa ferme, le petit Jim et moi nous fûmes de la fête.

      Mais nous dûmes reconnaître qu'il fit bonne figure quand il marcha à nous en habit brun, en souliers à boucles, la colère empourprant son austère figure de maître d'école.

      Ma parole, comme il nous arrangea et comme nous fûmes empressés à nous esquiver sans bruit!

      – Vous qui menez une vie de mensonge, dit-il, vous et vos pareils qui avez prêché la paix pendant près de deux mille ans et avez passé tout ce temps à massacrer les gens! Si tout l'argent qu'on dépense à faire périr des Français était employé à sauver des existences anglaises, vous auriez alors le droit de brûler des chandelles à vos fenêtres. Qui êtes-vous pour venir ici insulter un homme qui observe la loi?

      – Nous sommes le peuple d'Angleterre, cria le jeune Mr Ovington, fils du squire tory.

      – Vous, fainéant, qui n'êtes bon qu'à jouer aux courses, à faire battre des coqs? Avez-vous la prétention de parler au nom du peuple d'Angleterre? C'est un fleuve profond, puissant, silencieux, vous n'en êtes que l'écume, la pauvre et sotte mousse qui flotte à sa surface.

      Nous le trouvâmes alors fort blâmable, mais en reportant nos regards en arrière, je me demande si nous n'avions pas nous-mêmes grand tort.

      Et puis c'étaient les contrebandiers.

      Ils fourmillaient dans les dunes, car depuis que le commerce régulier était devenu impossible entre la France et l'Angleterre, tout le négoce était contrebande.

      Une nuit, j'allai sur le pré de Saint-John et, m'étant caché dans l'herbe, je comptai, dans les ténèbres, au moins soixante-dix mulets, conduits chacun par un homme, tandis qu'ils défilaient devant moi, sans plus de bruit qu'une truite dans un ruisseau.

      Pas un de ces animaux qui ne portât ses deux quartauts d'authentique cognac français, ou son ballot de soie de Lyon ou de dentelle de Valenciennes.

      Je connaissais leur chef, Dan Scales.

      Je connaissais aussi Tom Kislop, l'officier monté, et je me rappelle leur rencontre de nuit.

      – Vous battez-vous, Dan, demanda Tom.

      – Oui, Tom. Il va falloir se battre.

      Sur quoi, Tom tira son pistolet et brûla la cervelle de Dan.

      – C'est malheureux d'avoir agi ainsi, dit-il plus tard, mais je savais Dan trop fort pour moi, car nous nous étions déjà mesurés avant.

      Ce fut Tom qui paya un poète de Brighton pour composer l'épitaphe en vers qu'on plaça sur la pierre tombale, épitaphe que nous trouvâmes tous fort vraie et fort bonne et qui commençait ainsi:

       Hélas! avec quelle vitesse vola le plomb fatal Qui traversa la tête du jeune homme. Il tomba aussitôt, il rendit l'âme. Et la mort ferma ses yeux languissants! Il y en avait d'autres et je crois pouvoir affirmer qu'on peut encore les lire dans le cimetière de Patcham.

      Un jour, un peu après l'époque de notre aventure à la Falaise royale, j'étais assis dans le cottage, occupé à examiner les curiosités que mon père avait fixées aux murs, et je souhaitais en paresseux que j'étais que Mr Lilly fût mort avant d'écrire sa grammaire latine, quand ma mère, qui était assise à la fenêtre, son tricot à la main, jeta un petit cri de surprise.

      – Grands Dieux! fit-elle, comme cette femme a l'air commun!

      Il était si rare d'entendre ma mère exprimer une opinion défavorable sur qui que ce fût (à moins que ce ne fût sur Bonaparte) qu'en un bond je traversai la pièce et fus à la fenêtre.

      Une chaise, attelée d'un poney, descendait lentement la rue du village et, dans la chaise, était assise la personne la plus singulièrement faite que j'eusse jamais vue.

      Elle était de forte corpulence et avait la figure d'un rouge si foncé que son nez et ses joues prenaient une vraie teinte de pourpre.

      Elle était coiffée d'un vaste chapeau avec une plume blanche qui se balançait.

      De dessous les bords, deux yeux noirs effrontés regardaient au dehors avec une expression de colère et de défi, comme pour dire aux gens qu'elle faisait moins de cas d'eux qu'ils ne se souciaient d'elle.

      Son costume consistait en une sorte de pelisse écarlate, garnie au cou de duvet de cygne. Sa main laissait aller les rênes, pendant que le poney errait d'un bord à l'autre de la route au gré de son caprice.

      À chaque oscillation de la chaise correspondait une oscillation du grand chapeau, si bien que nous en apercevions tantôt la coiffe et tantôt le bord.

      – Quel terrible spectacle! s'écria ma mère.

      – Qu'est-ce qui vous choque chez elle?

      – Que le ciel me pardonne si je la juge témérairement, Rodney, mais je crois que cette femme est ivre.

      – Tiens! fis-je. Elle a arrêté sa chaise là-haut, à la forge. Je vais vous chercher des nouvelles.

      Et saisissant ma casquette, je m'esquivai.

      Le champion Harrison venait de ferrer un cheval à la porte de la forge, et quand j'arrivai dans la rue, je pus le voir le sabot de lanimal sous le bras, sa râpe à la main, et agenouillé parmi les rognures blanches.

      De la chaise, la femme faisait des signes et il la regardait d'un air d'étonnement comique.

      Bientôt il jeta sa râpe et vint à elle, se tint debout près de la roue et hocha la tête en lui parlant.

      De mon côté, je me faufilai dans la forge où le petit Jim achevait le fer, je regardai avec admiration son adresse au travail et