Quentin Durward. Вальтер Скотт

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Название Quentin Durward
Автор произведения Вальтер Скотт
Жанр Историческая фантастика
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Издательство Историческая фантастика
Год выпуска 0
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sa langue, occupée à faire l'éloge de la tempérance, commença à devenir plus épaisse que de coutume. Ce fut alors que l'ardeur militaire de la compagnie croissant en proportion que chaque flacon se vidait, Cunningham proposa de boire au prompt déploiement de l'Oriflamme (la bannière royale de la France).

      – Et à un bon vent venant de Bourgogne pour l'agiter, ajouta Lindesay.

      – Je porte cette santé avec toute l'âme qui reste dans ce corps usé, mes enfans! s'écria lord Crawford; et tout vieux que je suis, j'espère voir encore flotter cet étendard. écoutez-moi, camarades, continua-t-il, car le vin l'avait rendu un peu communicatif, vous êtes tous de fidèles serviteurs du royaume de France, pourquoi donc vous cacherais-je qu'il y a ici un envoyé de Charles, duc de Bourgogne, chargé d'un message qui ne parait pas d'une nature très-amicale.

      – J'ai vu l'équipage, les chevaux et la suite du comte de Crèvecœur, à l'auberge voisine du bosquet des mûriers, dit un des convives. On assure que le roi ne lui permettra pas l'entrée du château.

      – Puisse le ciel inspirer au roi de répondre vertement à ce message! s'écria Guthrie. Mais de quoi donc se plaint le duc de Bourgogne?

      – D'une foule de griefs relativement aux frontières, répondit lord Crawford; mais surtout de ce que le roi a reçu sous sa protection une dame de son pays, une jeune comtesse qui s'est enfuie de Dijon parce que le duc, dont elle est la pupille, voulait la marier à son favori Campo Basso.

      – Et est-elle venue seule ici, milord? demanda Lindesay.

      – Non, pas tout-à-fait. Elle est accompagnée de la vieille comtesse, sa parente, qui a cédé aux désirs de sa cousine à cet égard.

      – Et le roi, dit Cunningham, comme souverain féodal du duc, interviendra-t-il entre lui et sa pupille, sur laquelle Charles a les mêmes droits que, s'il était mort lui-même, Louis aurait sur l'héritière de Bourgogne?

      – Le roi se déterminera, suivant sa coutume, d'après les règles de la politique; et vous savez qu'il n'a pas reçu ces dames ouvertement; il ne les a placées ni sous la protection de sa fille, la dame de Beaujeu, ni sous celle de la princesse Jeanne; de sorte que sans aucun doute, il se décidera d'après les circonstances. Il est notre maître; mais on peut dire, sans se rendre coupable de trahison, qu'il est en état de suivre les chiens de tous les princes de la chrétienté, et de courir le lièvre avec eux.

      – Mais le duc de Bourgogne n'est pas homme à se laisser mettre en défaut, reprit Guthrie.

      – Non sans doute; et c'est ce qui rend vraisemblable qu'il y aura maille à partir entre eux.

      – Eh bien! milord, fasse saint André que cela arrive! s'écria le Balafré. On m'a prédit il y a dix ans, – il y en a vingt, je crois, – que je devais faire la fortune de ma maison par un mariage. Qui sait ce qui peut arriver, si nous venons une fois à nous battre pour l'honneur, l'amour et les dames, comme dans les vieux romans.

      – Tu oses parler de l'amour et des dames, avec une telle tranchée sur ta figure! dit Guthrie.

      – Autant vaut ne rien aimer que d'aimer une païenne, une Bohémienne, répliqua le Balafré.

      – Halte-là! camarades, s'écria lord Crawford; vous ne devez jouter ensemble qu'avec des armes courtoises: un sarcasme n'est pas une plaisanterie. Soyez tous amis. Quant à la comtesse, elle est trop riche pour tomber en partage à un pauvre lord Écossais, sans quoi je mettrais moi-même en avant mes prétentions, avec mes quatre-vingts ans ou à peu près. Quoi qu'il en soit, voici pour porter sa santé; car on dit que c'est un astre de beauté.

      – Je crois l'avoir vue ce matin, dit un autre archer, tandis que j'étais de garde à la dernière barrière; mais elle ressemblait à une lanterne sourde plutôt qu'à un astre, car elle et une autre dame furent amenées au château dans des litières bien fermées.

      – Fi! Arnot; fi! dit lord Crawford: un soldat ne doit jamais parler de ce qu'il voit quand il est en faction. D'ailleurs, ajouta-t-il après une pause d'un instant, sa curiosité l'emportant sur la leçon de discipline qu'il avait cru à propos de donner, sur quoi jugez-vous que la comtesse Isabelle de Croye était dans une de ces litières?

      – Tout ce que j'en sais, milord, répondit Arnot, c'est que mon coutelier, faisant prendre l'air à mes chevaux sur la route qui conduit au village, rencontra Doguin, le muletier, qui reconduisait les litières à l'auberge, car elles appartenaient au maître de l'hôtellerie du bosquet des mûriers, à l'enseigne des Fleurs-de-Lis, je veux dire. De sorte que Doguin demanda à Saunders Steed s'il voulait boire un verre de vin avec lui, car ils sont gens de connaissance, et bien certainement Saunders y était tout disposé.

      – Sans doute, sans doute, s'écria le vieux lord en l'interrompant; et c'est ce que je voudrais voir changer parmi vous, messieurs. Vos écuyers, vos couteliers, vos jackmen, comme nous les appellerions en écosse, ne sont que trop disposés à boire un verre de vin avec le premier venu. – C'est une chose dangereuse en temps de guerre, et qui exige une réforme. Mais votre histoire est bien longue, André Arnot, et il faut la couper par un verre de vin: comme dit le montagnard, skeoch doch nan skial; et c'est d'excellent gallique. Allons! à la santé de la comtesse Isabelle de Croye, et puisse-t-elle trouver un meilleur mari que ce Campo Basso, qui est un vil coquin d'Italien. Et maintenant, André Arnot, que disait le muletier à ton coutelier?

      – Il lui a dit, milord, sous le secret, que les dames qu'il venait de conduire au château, dans les litières fermées, étaient de grandes dames qui étaient depuis quelques jours chez son maître, et qui ne voyaient personne; que le roi les avait visitées plusieurs fois mystérieusement, et leur avait rendu de grands honneurs. Il croyait qu'elles s'étaient réfugiées au château, de crainte du comte de Crèvecœur, ambassadeur du duc de Bourgogne, dont l'arrivée venait d'être annoncée par un courrier qui le précédait.

      – Oui-dà, André; en sommes-nous là? dit Guthrie. En ce cas, je jurerais que c'est la comtesse que j'ai entendue chanter en s'accompagnant sur son luth, tandis que je traversais la cour intérieure pour venir ici. Le son partait des grandes fenêtres de la tour du Dauphin, et je crois que personne n'avait encore entendu une semblable mélodie dans le château du Plessis-du-Parc. Je pensais, sur ma foi, que cette musique était de la façon de la fée Mélusine. Je restais là, quoique je susse que le dîner était servi et que vous vous impatientiez tous. Je restais là comme…

      – Comme un âne, John Guthrie, lui dit son commandant; ton long nez flairant le souper, tes longues oreilles entendant la musique, et ton jugement étroit ne te mettant pas en état de décider à quoi tu devais donner la préférence. écoutez! la cloche de la cathédrale ne sonne-t-elle pas vêpres? À coup sûr, l'heure n'en est pas encore arrivée. Le vieux fou de sacristain a sonné la prière du soir une heure trop tôt.

      – Sur ma foi, dit Cunningham, la cloche n'est que trop fidèle à l'heure; car voilà le soleil qui disparaît à l'occident de cette belle plaine.

      – Vraiment! dit lord Crawford: en sommes-nous déjà là? Eh bien, mes amis, il ne faut pas outre-passer les bornes. – En marchant à petits pas, on n'en va que plus loin. – Les mets cuits à petit feu n'en sont que meilleurs. – Être joyeux et sage est un excellent proverbe. – Ainsi, encore une rasade à la prospérité de la vieille écosse, et ensuite que chacun pense à son devoir.

      La coupe d'adieu fut vidée, et les convives congédiés. Le vieux baron prit, d'un air de dignité, le bras du Balafré, sous prétexte de lui donner quelques instructions relativement à son neveu, mais peut-être, à vrai dire, de peur que son pas majestueux ne parût, aux yeux de ses soldats, moins assuré qu'il ne convenait à son grade. Il traversa ainsi d'un air grave les deux cours qui séparaient son appartement de la salle où s'était donné le festin, et ce fut avec le ton solennel d'un homme qui avait vidé quelques flacons, qu'il recommanda à Ludovic, en le quittant, de surveiller avec soin la conduite de son neveu, surtout en ce qui concernait les jolies filles et le bon vin.

      Cependant pas un mot de ce qu'on avait dit relativement à la belle comtesse Isabelle n'avait échappé au jeune Durward, qui, ayant été conduit dans un